Tunisie : Soutien, ou ingérence dans notre agenda économique !

Publié le Lundi 29 Février 2016 à 17:28
Poignée de main Habib Essid et Gerhard MüllerPour sortir de l’ornière, et redresser son économie, la Tunisie n’a eu de cesse de solliciter, depuis le déclenchement de la révolution, l’aide internationale, sous ses différentes formes. Ses appels ont été entendus et satisfaits en partie, mais les promesses ont été, de loin plus importantes, que les engagements tenus.

Le chef du gouvernement, Habib  Essid, a affirmé ce lundi 29 février à Tunis, que la Tunisie comptait énormément sur le soutien allemand à son plan de développement 2016 – 2020, signalant que ce plan comprend d’importants axes, projets et programmes de développement, destinés spécifiquement aux régions intérieures, au nom du principe de discrimination positive, décrété par la constitution.

Recevant le ministre allemand fédéral de la Coopération économique et du Développement, Gerhard Müller, le locataire de la Kasbah a dit que ce plan repose principalement sur des réformes structurelles profondes, qui engloberont l’ensemble des secteurs économiques et financiers. "Grâce à ces réformes, le gouvernement va pouvoir relancer le développement, augmenter la cadence de la croissance économique, et fournir des postes d’emploi notamment aux diplômés du supérieur", a-t-il assuré, selon un communiqué de la Kasbah.

Les réformes ambigües

Sauf que les choses ne sont pas si simples, et les réformes annoncées s’annoncent compliquées et de longue haleine, a fortiori que sur ce chapitre, on use plutôt, et depuis bien longtemps du terme générique, REFORME à tout bout de champ, sans en expliciter la teneur et les implications.

Et pour cause, le discours officiel se perd en généralités et en conjectures, à chaque fois que le dossier économique est évoqué. Les choses sont dites à demi-mot, enveloppées de langue de bois, et l’ambiguïté reste de mise.

Cette attitude pourrait tenir à deux facteurs : soit le manque de maitrise des dossiers, soit la crainte de la réaction tant de la scène politico-sociale que de l’opinion publique. D’où l’évocation, à chaque fois que le mot réforme est prononcé, de la  nécessaire démarche consensuelle, dans le cadre d’une concertation avec les partis politiques, les organisations nationales, etc.  

Le FMI est là pour aider le gouvernement et non pour le remplacer

Cela n’est pas néanmoins la méthode des bailleurs de fonds, à l’instar du fonds monétaire international (FMI), où l’on va directement au but.

Le FMI, dont une mission est actuellement dans nos murs, pointe par la voix de son nouveau représentant en Tunisie, Robert Blotevogel, "un problème de composition de budget, le lourd fardeau de la fonction publique pour les dépenses de l’Etat, et la hausse de la masse salariale qui s’est faite au détriment du budget".

Le fonds plaide pour une croissance plus inclusive et un nouveau modèle de développement, dit Blotevogel dans une interview accordée à l’AFP.

Depuis le temps qu’on parle de l'impératif de revoir le modèle de développement, étant donné que l’actuel modèle s’essouffle et n’est plus en mesure de répondre aux exigences de l’heure, mais là-aussi, rien n’a été fait, et voilà que notre principal bailleur de fonds le réclame. 

Le FMI est venu nous aider, et non pour faire le travail à notre place et nous dicter ce que l’on doit faire. C’est le gouvernement qui doit tenir les commandes, établir une feuille de route et avoir des objectifs clairs et atteignables selon un échéancier précis, et tout cela en toute indépendance et souveraineté. 

Autant l’aide du FMI, de la Banque mondiale et d’autres institutions financières est nécessaire, autant il faut faire la distinction entre soutien financier, et intrusion dans l’élaboration de l’agenda économique national.

Le ministre allemand, Gerhard Müller, a affirmé ce lundi que la Tunisie est un partenaire privilégié de l’Allemagne, s’engageant à une consolidation de la coopération bilatérale dans le domaine des investissements. La France nous considère aussi comme un partenaire privilégié, tout autant que l’Union européenne et les Etats-Unis. Mais il ne faut pas trop se fier à ces belles paroles, et oublier que les rapports internationaux sont régis par le jeu des intérêts, notamment dans cette conjoncture régionale qui suscite les convoitises de toutes parts.
Gnet




 

Commentaires 

 
+3 #2 RE: Tunisie : Soutien, ou ingérence dans notre agenda économique !
Ecrit par Montygolikely     01-03-2016 16:14
Vu l’inefficacité ambiante, on se demande parfois s'il ne vaut pas mieux qu'ils "s'ingèrent"...
 
 
+2 #1 Victimisation
Ecrit par Med Ali     01-03-2016 15:40
Alors, ils ont l'obligation de nous aider mais ils n'ont pas le droit de donner leur avis. Ne serait-il pas plus simple de les envoyer balader? Cela devient maladif!
 
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