Tunisie : Six ans après la révolution : Un Bilan mitigé |
Publié le Vendredi 13 Janvier 2017 à 17:31 |
La Tunisie célèbre demain samedi le sixième anniversaire de la révolution du 14 janvier, ayant entraîné la chute de l’ancien régime qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 23 ans. Avec cet événement, le plus important de l’histoire contemporaine intervenu 55 ans après l’indépendance, le pays a changé d’époque, un changement fulgurant, s’il en est, marqué d’un passage du monolithisme au pluralisme, de l’autoritarisme à l’ouverture politique, de la pensée unique à la liberté de presse et d’expression. Démocratisation La Tunisie a entamé il y a six ans un processus de transition démocratique, marqué par de nombreux soubresauts. Au lendemain de la révolution, le paysage politique a explosé avec l’avènement d’une multiplicité de partis de différentes obédiences. Au fil des années, les compositions, recompositions et décompositions politiques se sont succédé. Des partis ont résisté mieux que d’autres, certains ont à peine survécu, et d’autres se sont transformés en coquilles vides. D’aucuns se sont affaiblis tout en ne désespérant pas de surmonter les difficultés, et de recoller les morceaux. Trois faits marquants du paysage partisan sont à souligner : le premier a trait à la capacité du mouvement Ennahdha à préserver sa place, en tant que force politique soudée malgré les frictions et les désaccords internes, les résultats des dernières législatives qui l’ont relégué à la seconde place, et un environnement largement hostile. Le deuxième, c’est l’avènement de Nidaa Tounes en 2012, conduit par Béji Caïd Essebsi, mais qui malgré sa double-victoire aux scrutins de 2014 enchaîne les divisions et les crises, au point qu’il s’éloigne chaque jour un peu plus, de son but initial de vouloir rééquilibrer le paysage politique dominé par le mouvement islamiste. Le troisième porte sur la désagrégation d’anciens partis conduits par des militants historiques à l’instar du PDP, d’Ettakatol et du CPR. A ce stade, le paysage politique reste flou, les sondages donnent al-Hirak de l’ancien président, Moncef Marzouki, comme une force en expansion, mais ce sont les prochaines échéances électorales, soit les régionales et municipales, qui le prouveront. Reconquête de la Liberté On ne se lasse pas de le répéter, la reconquête de la liberté est le principal acquis de la révolution. La chape de plomb a été levée, les langues se sont déliées et les Tunisiens ont retrouvé le sens de la parole libre, de l’esprit critique et de la contestation qu’ils étaient obligés de mettre en sourdine pendant des décennies. La liberté s’est avérée être comme une arme à double-tranchants. Autant, elle était un moyen pour les Tunisiens de se réapproprier leur citoyenneté, leur pouvoir d’influer sur la prise de décision, et de donner de la substance à la notion du peuple souverain, autant elle était vecteur de dérapages et d’abus, du moment où elle s’est exercée sans responsabilité. C’est ainsi que l’information s’est confondue avec la déformation, la vérité avec la rumeur et le mensonge, la critique constructive avec la calomnie, la diffamation et le dénigrement. Les choses ont tendance peu à peu à se stabiliser et à retrouver un point d’équilibre, mais un long chemin reste à parcourir. Climat sécuritaire Le pays a été victime après la révolution d’une offensive terroriste sans précédent, ayant atteint son point dramatiquement culminant en 2013 avec deux assassinats politiques, ayant eu l’effet d’un séisme dans un pays connu pour être pacifique, et de trois attentats terroristes sanglants en 2015, celui du Bardo (Mars), de Sousse (Juin) et l’attaque contre un bus de la garde présidentielle à l’avenue Mohamed V de Tunis (Novembre). Les années postrévolutionnaires ont connu plusieurs affrontements entre les forces sécuritaires et militaires et les terroristes dans les villes et les montagnes, ce qui a fait plusieurs martyrs, et a beaucoup traumatisé les Tunisiens. Les menaces terroristes persistent, de l’aveu des autorités, mais notre dispositif sécuritaire et militaire a acquis de l’expérience et de la promptitude face aux forces du mal, en optant notamment pour une approche par anticipation, en témoigne la fréquence des cellules terroristes démantelées et le nombre de suspects arrêtés. Crise économique L’économie a beaucoup pâti de cette période transitoire critique et laborieuse. Les tensions sociales, et les dangers sécuritaires ont eu des retombées graves notamment sur le tourisme qui s’est enlisé dans une profonde crise. Le pays est entré dans une période de marasme, aggravée par une conjoncture régionale et internationale difficile. Plusieurs entreprises ont mis la clef sous le paillasson, des investisseurs étrangers ont quitté le pays, les indicateurs d’investissement ont chuté, face à la désaffection du capital étranger et local et sa réticence à entreprendre et à créer des projets. La folie revendicatrice a alourdi les charges de l’Etat, dont une large partie du budget, ressources propres et argent de la dette, est allouée à la consommation et à une masse salariale qui s’est amplifiée. Le taux d’endettement a également atteint un seuil critique, et les finances publiques ont été lourdement affectées, avec un gap qui ne cesse de se creuser entre ressources et dépenses. Les réformes structurelles nécessaires pour amorcer le redressement du pays, ne sont pas encore passées à la phase de concrétisation. Climat social On ne compte pas le nombre de grèves, de sit-in et de mouvements sociaux qui ont eu lieu au cours des six dernières années. Si ces actions contestataires ont été fructueuses pour certaines catégories socioprofessionnelles en leur permettant d’engranger de nouveaux acquis, elles ont été quasiment vaines pour d’autres notamment de nos compatriotes de l’intérieur du pays, qui manifestent à ce jour à Ben Guerdane, Sidi Bouzid et on en passe contre la précarité, les disparités et la marginalisation, et pour l’emploi, et la justice sociale. Six ans après, les revendications pour lesquelles la révolution a été enclenchée, sont insatisfaites, ce qui vaut déception et désespérance pour les populations qui se sentent trahies. Crise morale Le pays vit aujourd’hui une grave crise morale. Les Tunisiens ne cessent de revendiquer des droits, mais rechignent à accomplir leurs devoirs, en tant que bons citoyens, bon contribuables, respectant un certain vivre ensemble. Cela s’illustre par le peu de cas que l’on fait des lois et règles en vigueur, par une certaine agressivité en société, par la dégradation de la valeur travail ; ça parle beaucoup, mais ça travaille peu. Elle se manifeste par un laxisme ambiant que l’on retrouve dans les administrations, les hôpitaux, l’école, etc., par la violation du code de la route, par le fait de s’accaparer des espaces publics pour construire dessus d’une manière anarchique. Cela se traduit aussi par l’ampleur prise par le phénomène de corruption, et par le recul des valeurs d’honnêteté, de probité et de droiture, celles qui forment les grands peuples, et les grandes nations. Le pays s’apparente à une entité en gestation, à un projet inachevé assailli par des menaces endogènes et exogènes de toutes sortes ; on ignore sur quoi tout cela va-t-il déboucher. H.J.
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Commentaires
Ecrit par A4 14-01-2017 12:15
Ecrit par A4 - Tunis, le 14 Janvier 2017
Hier j'ai pleuré
J'ai pleuré de tristesse
Comme un gosse en détresse
Aux ballons crevés
Hier j'ai pleuré
Comme un tout petit môme
Entouré de fantômes
Laids et dépravés
Hier j'ai pleuré
Comme quelqu'un qui a peur
De ces bipèdes sans coeur
Chargés de corvées
Hier j'ai pleuré
Toutes les larmes de mon corps
Dans ce mauvais décor
Fade et délavé
Hier j'ai pleuré
En pensant à ma "rév"
En pensant à mes rêves
Qui m'ont esquivé
Hier j'ai pleuré
Quant au soleil couchant
Je l'ai trouvée à terre
Bien qu'elle a six ans
Ecrit par Léon 14-01-2017 09:31
Avec beaucoup de paroles. Rien que des parolé.
parolé, parolé, parolé........
Belle chanson de Dalida. Très belle chanson.
Parolé Parolé, Parolé...
Mabrouk 3laikom le 14 janvier.
Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.