"Sauver les enfants de la rue est une tâche complexe" N. Chaabane

Publié le Mardi 10 Juin 2014 à 17:18
Vue de la conférenceNeila Chaabane, secrétaire d’Etat de la Femme et de la Famille, a déclaré ce mardi, qu’il existait plusieurs institutions s’occupant de l’enfance et dont le rôle est de venir en aide aux enfants en difficulté ou sans appui familial. « Nous nous occupons des enfants menacés, aux parents absents, ou ceux qui passent par des problèmes. Nous les accueillons dans les centres d’enfance ou dans les centres intégrés pour l’enfance », a-t-elle dit lors d’une conférence de presse.

A l’occasion de la fête nationale de l’Enfance qui se tient en Tunisie, le  16 juin, des festivités sont prévues à l’Avenue Habib Bourguiba à Tunis mais aussi dans les centres de l'enfance à travers le pays, du 12 au 15  juin sous le thème « Les enfants de la Tunisie…Les rêves de la Tunisie ».

La secrétaire d’Etat a insisté lors de cette rencontre médiatique sur la nécessité de dénoncer les violences faites aux enfants. Une démarche importante, d’autant que ces violences s’avèrent parfois pernicieuses et silencieuses, et donc difficilement détectables par les délégués à la protection de l’enfance.

Ce pour quoi, les personnes constatant un abus perpétré contre un enfant de moins de 18 ans, est tenue d’en informer les délégués. «A chaque fois que nous parvient une information à propos d’un enfant en détresse, nous réagissons aussitôt. Mais nous restons discrets à ce sujet, car nous ne voulons pas que l’identité et l’histoire de l’enfant soient médiatisés. Nous savons tous qu’avec internet les informations sont stockées à jamais, et à l’âge adulte l’enfant peut tomber sur des informations le concernant, qu’il aurait oublié au fil des ans », selon Neila Chaabane.

En 2013, ces agents spécialisés de la protection de l’enfance ont reçu près de 5783 dénonciations contre 5992 en 2012. Les dénonciations concernent en moyenne 1.8 enfants sur 1000 enfants. Le gouvernorat de Tunis est celui qui est le plus concerné par ces dénonciations (499 cas), suivi par Ben Arous (456 cas), et le gouvernorat de Bizerte avec 402 cas.

Les personnes qui dénoncent le plus, sont soit la mère soit le père de l’enfant concerné, ensuite  viennent les institutions de l’Etat (santé, judiciaires, sociales, sécuritaires et éducatives).
Les parties signalant un abus commis contre un mineur, le font dans 63.6 % des cas  de manière directe, 12.0%  par téléphone, 23.7% par écrit et 0.7% par courrier électronique.

Près du tiers des victimes signalées, sont des enfants de moins de 5 ans. Dans 1496 cas, les victimes sont des enfants qui ne profitent pas d’une prise en charge suffisante de la part de leurs tuteurs ou parents. Les 956 autres cas sont des enfants délaissés et livrés à eux-mêmes, tandis que 1819 enfants ne possèdent pas de parents capables de les prendre en charge et de leur assurer une éducation. Les enfants pris en charge par l'Etat sont soit remis à une famille d'acceuil, un centre d'acceuil ou une institution sociale ou sanitaire.

En 2013, les enfants abusés sexuellement et qui ont été signalés sont au nombre de 332, tandis que 634 enfants ont été victimes de maltraitances. « Ce ne sont que les cas signalés, nous ne savons pas combien d’autres encore ont besoin d’aide », a affirmé Neila Chaabane.

Son administration avec la coopération du ministère de l’Intérieur assure des campagnes périodiques pour prendre en charge les enfants de la rue « mais ces enfants disparaissent un moment lors de ces campagnes, et réapparaissent par la suite…c’est un travail complexe, mais nous comptons sur la persévérance », a-t-elle dit.

Neila Chaabane a ajouté que sur le plan administratif et légal, elle a fait passer un projet de loi pour améliorer le statut des délégués à la protection de l’enfance, « pour qu’ils aient droit à une promotion méritée au sein du ministère, sans qu’ils n’aient à quitter la profession », a-t-elle éclairé en réponse à la grève observée par les délégués, revendiquant une amélioration de leurs conditions de travail. 

Concernant les jardins d’enfants illégaux, la secrétaire d’Etat a clarifié que tout établissement ne répondant pas au cahier des charges, est considéré comme étant anarchique : « Quand l’établissement exerce sans autorisation, nous demandons au gouverneur concerné  de le fermer. Sinon, les jardins d’enfants légaux qui sont en infraction, sont priés de régulariser leur situation dans un délai de 2 mois, sinon notre administration ordonne sa fermeture », a expliqué Neila Chaabane.

Mais sur le terrain, les choses ne sont pas aussi simples, reconnait-elle, puisque dans certaines régions, les mouvements répétés parmi les gouverneurs rendrait le passage à l’acte lent et compliqué.

D’ailleurs, les jardins d’enfants anarchiques sont au nombre de 702, depuis 2013. Le secrétariat d’Etat à la Femme et la famille n’a réussi à en fermer que 230.

Interrogée sur les jardins d’enfants religieux, Neila Chaabane, a répondu que la « nature avait horreur du vide », et que du fait de la domination des institutions privées pour la petite enfance, il n’existait pas de jardins d’enfants dans près de 600 délégations, là où les familles n’ont pas de quoi paye. « Nous avons décidé qu’à partir de la rentrée scolaire 2014, nous paierons à la place des parents, si des investisseurs privés consentent à investir dans ces régions, s’il y a aussi des associations qui désirent le faire,  nous les aiderons à s’installer et en leur procurant la matériel pédagogique, et s’il n’y ni l’un ni l’autre, l’Etat s’engage à ouvrir des espaces pour la petite enfance », a-t-elle dit.

Pour les régions reculées, dotées d’une faible population, il est prévu la création de jardins d’enfants "nomades", qui prendraient en charge les enfants  2 à 3 fois par semaines.  Ces unités s'installeront dans des locaux des institutions de l'Etat comme les centres de l'ONFP, du ministère de la Santé ou au sein des établissements éducatifs. 
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#1 RE: Tunisie :
Ecrit par Montygolikely     11-06-2014 10:14
Il faut tout faire pour endiguer cette "misère" rampante, les conséquences
(notamment l'embrigadement de la jeunesse par des illuminés ou par des circuits de délinquance ou prostitution)sont catastrophiques à court et moyen terme et des pans entiers de population risquent de devenir incontrôlables.
 
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