Tunisie : Rien n’empêche Chahed de se porter candidat à la présidentielle de 2019 !

Publié le Mercredi 02 Août 2017 à 14:25
Youssef Chahed
La mise en garde lancée hier soir, mardi 1er août par le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, à Youssef Chahed contre le fait de se porter candidat à l’élection présidentielle de 2019, a paru quelque peu étrange. Elle traduit des rapports tendus entre le locataire de la Kasbah et les partis formant sa coalition gouvernementale, et augure d’une crise politique, où Chahed risque de trouver le même sort que son prédécesseur, Habib Essid, s’il ne se soumet pas au diktat des partis. 

Youssef Chahed a été propulsé à la primature, l’été 2016, dans le cadre d’un dialogue national ayant rassemblé partis politiques et organisations nationales, consécutif à l’initiative présidentielle de formation d’un gouvernement d’union nationale pour sortir le pays de la crise. Proposée par Béji Caïd Essebsi, sa candidature à la Kasbah été entérinée, moyennant des arrangements politiques rapides, par les participants au dialogue, qui ont, de surcroit, signé une feuille de route, baptisée document de Carthage, laquelle engage l’action du gouvernement, et définit le cadre général de son intervention dans les sphères économique, sécuritaire, sociale…pour régler les problèmes du pays et la mettre sur la voie du redressement. 

En succédant à Habib Essid, Youssef Chahed était devenu le deuxième chef du gouvernement de la présidence de Béji Caïd Essebsi. Sa nomination a marqué un deuxième temps de son quinquennat, et est intervenue deux ans ou presque, après que le pays a voté une constitution, celle de janvier 2014, et une année ou presque après le passage d’une période transitoire à une période durable, consécutive à des élections présidentielles et législatives ayant donné naissance à des institutions élues (présidence, parlement, etc.). 
 
Théoriquement, cette période clôt la transition, et n’a rien à voir avec les circonstances ayant prévalu en 2013, lorsqu’un dialogue national mené sous l’égide du quartette a débouché sur la formation d’un gouvernement de technocrates conduit par Mehdi Jomaâ, qui a alors succédé au gouvernement d’Ali Laâridh. Mehdi Jomaâ et les membres de son équipe avaient pour mission d’organiser les élections, et se sont engagés à ne pas se porter candidats aux échéances électorales. La tentation de Jomaâ de passer outre cet engagement n’a pas marché. 

La période actuelle est totalement différente, a fortiori qu’elle est régie par une constitution qui fixe le régime politique, les conditions de candidature à la présidentielle et aux législatives, etc. A s’en tenir à la loi fondamentale adoptée à une quasi-majorité du paysage politique alors représentée à l’ANC, rien n’empêche Youssef Chahed, n’importe quel acteur politique, et tout citoyen tunisien, jouissant de ses droits civiques de se porter candidat à la magistrature suprême. 
 
Aussi le fait de s’occuper des affaires du pays, et de s’atteler à en régler les problèmes n’exclut en rien d’avoir une ambition politique ou de se porter candidat aux échéances électorales, dans le cadre d’une compétition loyale, comme le prévoit la loi et la constitution. 

Le sens du message de Ghannouchi dans un tel contexte n’est pas adapté au texte, et traduit une gêne envers la popularité de Youssef Chahed, dans la foulée de sa campagne contre la corruption. La coalition gouvernementale commence-t-elle à se lézarder de l’intérieur ? Déjà que les partis la formant ne portent pas un soutien franc au gouvernement ; son chef semble abandonné même par son propre parti, Nidaa Tounes, et sa politique anti-corruption ne plaide pas en sa faveur parmi les siens. 
 
Le voilà, depuis hier, clairement rappelé à l’ordre par le parti de la majorité parlementaire, Ennahdha. Le jeune locataire de la Kasbah est sur le point de trouver le même sort que son prédécesseur, et de se voir retirer la confiance et le soutien partisans, ce qui donnera lieu à une nouvelle crise politique, à l’heure où le pays est confronté à des difficultés majeures.  Reste une question : l’agenda des partis est-il en phase avec les urgences dans le pays ? Sinon jusqu’à quand va-t-on faire perdurer l'instabilité, et s’amuser à évincer des chefs de gouvernement, pour peu qu’ils montrent du volontarisme, et réalise des résultats concrets, sous le seul prétexte de les priver de toute chance de rafler la mise dans les urnes pour ne pas couper l’herbe sous les pieds du système partisan. 
 
Gnet  
 
 

Commentaires 

 
#2 RE: Tunisie : Rien n’empêche Chahed de se porter candidat à la présidentielle de 2019 !
Ecrit par Agatacriztiz     09-08-2017 11:59
Qu'il continue sa campagne de nettoyage des pourris, et il sera élu à plus de 80% !
 
 
#1 Vous méritez
Ecrit par Tunisien     05-08-2017 10:34
Vous méritez, du moment ou votre effort a une direction dans le sens de transmettre le pays vers LE VERT.
Augmenter l'intensité c'est le fait d'agir et d' étouffer toutes les efforts opposées.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.