Tunisie : Réunion dimanche sur la crise libyenne, l’un des freins à l’intégration maghrébine

Publié le Vendredi 17 Février 2017 à 17:29
La crise libyenne est l'une des entraves à l'intégration maghrébine. La réunion tripartite entre les ministres des Affaires étrangères tunisien, algérien et égyptien sur la situation en Libye, initialement prévue le 1er mars à Tunis,  sera avancée à ce dimanche 19 février, a annoncé ce vendredi, le ministre des Affaires étrangères, Khemaïs Jhinaoui.

Dans une déclaration vidéo publiée sur la page officielle du ministère, Jhinaoui a dit que les contacts entre les chefs de diplomatie de Tunisie, d’Algérie et d’Egypte, ont été intensifiés en vue de traduire dans les faits l’initiative présidentielle et de parvenir à une solution pacifique consensuelle à la crise libyenne. "Nous avons intensifié ces derniers jours les concertations avec Sameh Chokri, ministre des Affaires étrangères égyptien et Abdelkader Messahel, ministre algérien des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et la Ligue arabe, et avons décidé l’avancement de la réunion tripartite programmée pour le 1er mars, au dimanche 19 février".  Il a ajouté que les résultats de ces concertations qui se tiendront au siège du ministère des Affaires étrangères, seront soumis le lendemain, le lundi 20 février, au président de la république, Béji Caïd Essebsi, et plus tard aux trois présidents dans le but de parvenir à "une solution politique fédératrice de toutes les parties libyennes".

L’annonce de  l’anticipation de la réunion sur la Libye, intervient le jour de la célébration ce vendredi 17 février du 28ème anniversaire du traité de Marrakech fondateur de l’Union du Maghreb arabe. Lequel est resté, presque trois décennies après, un vœu pieux, avec une entité maghrébine ressemblant à une coquille vide, et des institutions régionales en rade. 

Libye, Terrorisme et Sahara occidental entravent l'UMA

La conjoncture régionale difficile, marquée par la crise en Libye et la montée de l’insécurité et du terrorisme, ne font que freiner le processus d’intégration maghrébine, déjà entravé par le désaccord chronique sur le Sahara occidental entre l’Algérie et le Maroc.

Le Maghreb accuse aujourd’hui des retards politiques, économiques, culturels, éducatifs, etc.  En témoigne la quasi-absence de concertations politiques et stratégiques intermaghrébines sur les affaires d’intérêt commun, à l’instar de l’imbroglio libyen dont les répercussions touchent les différents pays de la région, à des degrés divers. La concertation sur ce dossier engage, à ce jour, seuls les trois pays limitrophes, en l’absence du Maroc et de la Mauritanie, pour ne pas avoir, selon toute vraisemblance, des frontières directes avec la Libye.

Aussi sur le plan économique, le niveau des transactions commerciales entre pays maghrébins est très bas, et le non-Maghreb coûte 2 points de croissance à chaque pays membre. Idem pour ce qui est des échanges culturels, ou en matière d’enseignement et de recherche, qui restent peu signifiants et totalement en deçà des potentialités de la région.

Malgré les achoppements, la Tunisie affirme en cette date anniversaire sa détermination à aller de l’avant dans le processus d’intégration, et à promouvoir l’action des institutions maghrébines. 

"Cet anniversaire est une importante occasion pour se remémorer les actions militantes historiques menées par les précurseurs du mouvement national réformateur dans la région maghrébine, depuis le début du siècle dernier et les batailles qu’ils ont menées en vue de la libération nationale et de l’incarnation du rêve des peuples maghrébins en matière d’unité, de complémentarité et d’intégration", dit ce vendredi le ministère des AE dans un communiqué.

"La Tunisie qui a toujours eu foi dans le caractère inéluctable de l’action maghrébine commune, réitère son attachement à ce projet, en tant qu’acquis historique pour l’ensemble des pays et peuples de la région, et un choix stratégique indispensable pour gagner les paris du développement, du progrès et réaliser la sécurité et la stabilité à travers la région". 

"La préservation de cette entité civilisationnelle est une responsabilité collective requérant la  contribution des différentes parties maghrébines officielles et les composantes de la société civile, en consécration des principes de solidarité et de partenariat, face aux immenses défis posés par l’actuelle étape historique".
Gnet