Tunisie : Reçu à Carthage, Béji Caïd Essebsi marque des points

Publié le Vendredi 12 Octobre 2012 à 17:25
Tête-à-Tête Marzouki/Caïd Essebsi à Carthage. Photo TAP. Le chef de l’Etat, Moncef Marzouki, a reçu ce vendredi, Béji Caïd Essebsi, président du mouvement Nida Tounes. Cette entrevue qui s’inscrit dans le cadre des rencontres de concertations engagées par le locataire de Carthage avec les partis politiques et représentants de la société civile, a une forte symbolique. Elle marque le dégel entre les deux hommes qui ne se portent pas vraiment dans le cœur, au regard des critiques et des railleries tantôt latentes, tantôt patentes qu’ils se sont lancées, à maintes reprises. Elle constitue aussi une forme de reconnaissance, même partielle, de Nida Tounes par la troïka.

La politique a des raisons, que la raison ne connait pas. Ce qui est vrai aujourd’hui, peut ne plus l’être demain. Jeudi soir, Hédi Ben Abbes, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de l’Amérique et de l’Asie, et porte-parole du CPR, a déclaré ouvertement sur la chaîne Hannibal que son parti refuse de dialoguer avec Nida Tounes. "C’est une ligne rouge pour nous", a-t-il affirmé.  Le CPR est aussi l’instigateur de la loi d’exclusion de la vie politique des anciens rcédeistes pour une période de cinq ans. Une loi qui viserait notamment Béji Caïd Essebsi, et les récédéistes que compterait son mouvement, "Appel de la Tunisie".

L’attitude du CPR envers Nida Tounes s’inscrit jusque-là dans le droit fil de la position affichée par la troïka envers le mouvement de l’ancien premier ministre. "Non au dialogue avec ce parti qui est envahi par les récédeistes", argue-t-on du côté des partis au pouvoir. Ettakatol, lui, affiche une position mitigée. Son porte-parole, Mohamed Bennour, a déclaré au lendemain du conseil national du parti réuni le week-end dernier à  Sousse, qu’Ettakatol ne dialoguera pas avec un parti qui atteste de la fin de la légitimité électorale le 23 octobre, en allusion à Nida Tounes. Le même Mohamed Bennour s’est ravisé et a affirmé hier sur Hannibal que son parti est prêt à discuter avec tous les partis et sensibilités.

En revanche, les positions les plus intransigeantes et les plus hostiles envers Nida Tounes sont celles d’Ennahdha. Ses leaders ont enchaîné diatribes et critiques virulentes envers le mouvement de Caïd Essebsi qui serait, à leurs yeux, une incarnation des forces contrerévolutionnaires et une machine visant à faire ressusciter l’ancien système. Le mouvement qui dirige la troïka refuse de s’asseoir à la même table de pourparlers avec Nida Tounes, dans le cadre de la conférence de dialogue national de l’UGTT, qui s’apprête à rassembler le mardi 16 octobre l’ensemble des rivaux politiques pour parvenir à un consensus sur les questions en suspens, et établir à un calendrier des prochaines échéances politiques, soit l’achèvement de la rédaction de la constitution et l’organisation des prochaines élections.

A quatre jours de la recontre de l’UGTT, des incertitudes persistent, sur la présence ou non de Nida Tounes à ce rendez-vous tant attendu, censé apaiser les esprits, et désamorcer la tension en vue d’un passage en douceur de la date anniversaire du 23 octobre. On parle en effet de parvenir à des consensus sur onze points litigieux, et à aboutir à une feuille de route pour une gestion collective de cette période transitoire nous séparant des prochaines élections. Les contours de cette gestion collective restent néanmoins à définir, puisque les avis sont loin de concorder à ce sujet entre la coalition tripartite qui s’accroche mordicus à la légitimité électorale, et l’opposition qui plaide pour une légitimité consensuelle, à même d’englober tout le monde y compris Nida Tounes.

Béji Caïd Essebsi l’a évoqué lors de sa toute dernière intervention télévisée. La fin de la légitimité qu’il a été le premier à évoquer ne veut pas dire "vide politique,"  mais signifie une gouvernance autre de la toute prochaine période, basée sur le consensus, à l’instar de la légitimité consensuelle qui prévalait sous son règne.   

Reste à savoir si l’ancien premier ministre est écouté par l’ensemble de la troïka, et si sa rencontre avec Moncef Marzouki va faire revenir Ennahdha à de meilleurs sentiments envers Nida Tounes. Manifestement, la partie n’est pas encore gagnée, a fortiori que Rached Ghannouchi a annulé son déplacement à Carthage ce vendredi, où il devait s’entretenir en tête-à-tête avec le président, au même titre que Béji Caïd Essebsi, Ahmed Ibrahim, Hamma Hammami et Chokri Belaïd.  

Mais, rien n’est définitif en politique, notamment dans une période aussi sensible où les tractations battent leur plein et les réunions marathoniennes notamment au niveau de la troïka vont bon train. Les accords se font, et se défont, au gré des pressions mutuelles et des exigences de l’heure ; espérons que l’intérêt de la patrie sera placé au dessus de toutes les considérations partisanes et électoralistes.

H.J.


 

Commentaires 

 
#3 L'homme Providentiel !
Ecrit par james-tk     18-10-2012 21:28
Il était dit,que l'homme providentiel pour sortir la Tunisie de l'ornière,n'est autre que Béji Caïd Essebsi!
Par conséquent,un conseil à tous les récalcitrants à l'endroit,cessez de vous cacher derrière vos petits doigts,et quelles qu'en soient les raisons§
Le passé le plus récent plaide pour BCE,particulièrement la deuxième période de transition.Nous n'avons plus le temps de tergiverser,encore moins de continuer à "se bouffer le nez",alors que le pays ne cesse de s'enfoncer dans un puits sans fond?
Que celles et ceux,qui crient à tue tête pour le diaboliser se taisent,et retrouvent leurs esprits!
La Tunisie,se trouve dans un tournant difficile à négocier,elle a besoin de toutes les bonnes volontés.Ne fermons pas les portes à celles et à ceux,qui ont une raison quelconque pour se racheter,et par la même se faire pardonner ses torts du passé!
Qui peut aujourd'hui se targuer d'avoir été du bon coté pendant les périodes des deux présidences?
À vrai dire pas grand monde!
Cessez ces querelles inutiles et improductives,et dangereuses!
 
 
+3 #2 Rached Ghannouchi ne doit plus mettre les pieds a Carthage
Ecrit par Khammous     13-10-2012 21:11
Il revendique sa détermination de mettre l Arme Nationale sous sa coupe et vous voulez le recevoir a Carthage Non Non et Non Il doit d abord répondre de son complot caractérisé a l Institution militaire
 
 
+5 #1 RE: Tunisie : Reçu à Carthage, Béji Caïd Essebsi marque des points
Ecrit par Royaliste     13-10-2012 13:58
la troika a réuissi a enterrer l'espoir de voir le tunisien reconcilié avec les institutions.

le tunisien a eu rarement confiance dans ses politiciens, dans les institutions...la troika a clairement souligné la justesse de ce sentiment

on continue a mentir au citoyen, on continu a courir derriere l'argent et le pouvoir, personne ne s'interesse a la vie de tout les jours du citoyen personne ne s'inquiéte du pouvoir d'achat, du chomage de la précarité de l'emploi, de la corruption...

il faut une vision, une stratégie ensuite il faut convaincre les tunisiens d'y adhérer...au lieu de cela, le gouvernement ne cherche qu'a controler l'administration pour garantir sa réelection.
 
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