Tunisie : Quelles priorités pour l'Assemblée des Représentants du Peuple ?

Publié le Jeudi 19 Février 2015 à 17:36
Vue de la conférenceLe rôle du pouvoir législatif dans le cadre des nouveaux équilibres au sein de l’Assemblée des représentants du peuple a fait l’objet d’une conférence organisée ce jeudi par le Centre Islam et Démocratie, à Tunis.

Nidaa Tounes et Ennahdha, principales forces de l’ARP, ont pris part au débat, exposant leur propre politique, et leur vision de leur mission au sein de l’Hémicycle.

 Lazhar Akermi, une des figures de proue de Nidaa Tounes et ministre auprès du chef du gouvernement chargé des relations avec l’ARP, a expliqué que l’Assemblée représentait un outil de contrôle du gouvernement, choisi par le peuple pour le représenter. «Ce pour quoi le rendement de l’ARP doit être d’un niveau élevé…ce qui est difficile c’est que nous avions l’habitude que le gouvernement soit le pouvoir suprême. Mais maintenant l’assemblée constitue le pouvoir originel, celui qui autorise, et qui supervise le travail du gouvernement. Même en ce qui concerne les prérogatives de la Présidence de la République, notamment celle de déclarer la guerre et la paix, c’est l’Assemblée qui doit désormais lui accorder son aval à hauteur des 3/5 des voix » a expliqué Akermi.

L’Assemblée des Représentants du Peuple est l’autorité qui devrait, selon lui, travailler le plus et être formée de manière à mener à bien sa mission de législateur.

Khaled Chawkat, membre de l’ARP au sein du groupe parlementaire de Nidaa Tounes a quant à lui déclaré que l’histoire de la Tunisie était empreinte de dictature et de colonisation, « mais aussi la Tunisie a été la première dans le monde arabe, à travers son mouvement nationaliste réformiste, à avoir élaboré une constitution en 1861, où un grand parlement représentait le peuple, bien que ses membres soient désignés par le Bey. Ensuite, il y a eu une révolution contre le régime beylical, mais la dictature a fini par revenir », a-t-il rappelé.

L’actuelle Assemblée des Représentants du Peuple a été édifiée sur les restes de l’ancien régime ayant donné au chef de l’Etat des pouvoirs illimités. «Notre actuelle assemblée a très peu d’expériences. Nous avons choisi ce régime politique sans trop faire attention au fait que les régimes politiques ne sont pas de simples outils politiques, mais qu’ils doivent être en cohésion avec le régime social et historique du pays. Par exemple, le régime parlementaire, est un modèle choisi par les pays développés, politiquement et culturellement. Comme les pays de l’Europe du Nord, ce qui n’est pas du tout le cas de la Tunisie… » a-t-il souligné mettant en relief la difficulté à laquelle serait confrontée l’expérience tunisienne. En ayant choisi un régime mixte, où le parlement joue un grand rôle, la Tunisie se serait mise dans une situation « compliquée », selon le député de Nidaa Tounes. 

La complexité de ce régime résiderait dans le fait qu’il ait choisi d’opter pour le consensus, selon Chawkat, «alors que la Tunisie a besoin que l’on prenne des décisions dans l’urgence…Nous devons être prêts à surmonter et dépasser les questions qui nous divisent depuis ces dernières années, comme celle de l’identité, la révolution, la démocratie…Nous avons tranché à leur propos dans la constitution et revenir dessus ne peut que freiner le pays. Nous devons plutôt plancher sur le chômage, la santé, la sécurité et travailler sur la qualité », a-t-il dit.

Le débat entre les partis devrait tourner autour des programmes et non autour des idéologies ou de l’identité, d’après lui. « Nous sommes menacés de retomber dans la dictature, parce que c’est ce qui caractérise notre entourage arabo-musulman. Pour éviter d’y tomber, il faut sortir des débats vains et stériles », a-t-il dit, avant d’ajouter que le pouvoir et l’opposition doivent travailler ensemble afin de réaliser les objectifs socio-politiques.

Imed Khemiri, député du mouvement Ennahdha est d’un autre avis, notamment en ce qui concerne le consensus. « Les évènements politiques des 4 dernières années ont donné de l’expérience aux différentes factions politiques, notamment  en matière de dialogue et de négociations », a-t-il dit. Il a ajouté que l’Assemblée des Représentants du Peuple devrait agir en prenant en considération les revendications de la révolution. Selon Khemiri, ces dernières élections législatives sont l’expression d’une réussite politique de la révolution. « La mission de l’ARP est de mener à bien sa mission de législateur conformément aux exigences de la période, instaurer les institutions constitutionnelles, aller vers des élections municipales, adopter la loi de finance complémentaire, et puis accélérer le débat et l’adoption des lois anti-terroristes et de lutter contre la grande criminalité pour asseoir la paix sociale et politique », a-t-il dit.

Le rôle de l’Assemblée est aussi, d’après lui, de plancher sur la réforme du système judiciaire, et le marier à l’esprit de la révolution. « Il faut que cette institution soit la voix des Tunisiens, des jeunes, des chômeurs, et qu’elle soit la conscience qui veille sur les intérêts des Tunisiens. », a-t-il dit.

 Dans son intervention, le député du mouvement Ennahdha a estimé que dans un nouveau régime politique, aucun parti politique ne devait gouverner seul, prônant «le partenariat politique », pour remédier aux problèmes du pays.  «La Tunisie a besoin de construire et de renouveler les partis politiques. Ce projet  n’est possible que par la reconstruction de partis forts, et nous sommes sur cette voie…Le taux de participation aux élections du 26 octobre a prouvé qu’il était nécessaire d’encadrer les Tunisiens », a-t-il conclu.
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
+1 #1 Le travail
Ecrit par Tunisien     19-02-2015 23:15
Le travail et le travail c'est le seul moyen pour sortir des problèmes.
Assez les discussions et surtout les discussions vides. SVP on passe direct a l'action au travail. Les Tunisiens veulent l'engagement de leurs responsables dans le travail et non pas dans le discours. Etudier, définir les objectifs et passer a l'action; de cette manière on avance et on ne perd pas du temps.
Contrôler, supervise ....ce n'est pas du travail. On veut du travail de l'impact pour élaborer les problèmes.Etudier les besoins,suivre et passer a l'application c'est du travail.
Merci pour la compréhension.
 
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