Tunisie : Quelle portée du fait religieux dans la campagne présidentielle ?

Publié le Vendredi 14 Novembre 2014 à 17:45
Regain d'intérêt pour les questions identitaire et religieuse dans la campagne présidentielle. Les questions religieuse et identitaire ont longtemps accaparé le débat public au lendemain de la révolution. Les idées se sont beaucoup confrontées entre le religieux et le séculier, la laïcité et l’Islam. Le débat s’est ravivé pendant l’élaboration de la constitution, des positions tantôt nuancées, tantôt aux antipodes se sont exprimées, jusqu'à parvenir à un point de jonction qui s’est cristallisé par le maintien de l’article premier, l’institution de l’Etat civil, des droits et des libertés, etc.

Le modèle sociétal de la Tunisie est resté le même, confirmé qu’il était par la constitution du 26 janvier 2014. Celle-ci n’a fait que corroborer l’ancrage de la Tunisie dans son identité arabo-musulmane, et son ouverture sur la modernité et l’universel. Normalement, cette parenthèse devrait être définitivement fermée, étant tranchée par la Loi fondamentale. Il n’en est rien, ses survivances apparues pendant la campagne législative, perdurent durant la campagne présidentielle, sur fond d’une polarisation idéologique dont une partie de la classe politique et de l’élite, et certaines strates de la société ne semblent pas près à s’affranchir.  

Cet état de fait n’exclut pas ce regain d’intérêt pour les questions religieuse et identitaire, et leur réappropriation par les politiques, indépendamment des idéologies et des obédiences des uns et des autres. Il ne s’agirait pas là tant d’une instrumentalisation de la religion, que d’un retour aux sources, d'une prise de conscience de la cardinalité de ces questions et d'une valorisation de ce dénominateur commun qui fédère les Tunisiens, et qui, n’est bien évidemment, l’apanage d’aucun groupe, ou formation politique.

C’est dans ce contexte qu’il fallait voir cette image de Hamma Hammami se recueillir devant un mausolée, d’un Béji Caïd Essebsi faisant la prière dans une mosquée ou celles d’autres candidats qui leur ont emboîté le pas dans cette communion avec le spirituel. Une posture qui n’a pas échappé à la critique,  ayant été perçue comme une instrumentalisation de la religion, avec la dualité d’usage : Atteinte au principe de l’Etat civil pour les uns, et mystification électoraliste pour les autres.

Ces critiques révèlent un état d’esprit dominant chez une partie de la fraction dite progressiste, moderniste, et une autre partie de la fraction dite conservatrice, islamiste. La première prône une séparation totale entre le religieux et le profane, rejette  toute présence du fait religieux dans la vie publique, et prône une idée jusqu'au-boutiste de la laïcité. La seconde croit dans son conscient ou son subconscient avoir le monopole du religieux et du spirituel, et perçoit systématiquement tout rapprochement du camp adverse du champ religieux comme un empiètement sur sa chasse-gardée. Deux visions étriquées et figées, évoluant en vase clos, créant des freins à l’ouverture sur l’autre, et empêchant le texte constitutionnel à prendre toute sa dimension dans la pratique quotidienne.  

Dès le lendemain de la révolution, notre aspiration collective était de réformer et de reconstruire la Tunisie. Et c’est la reconstruction dans son acception la plus large dont il s’agit, celle de l’Etat, de la société et de l’Homme. Tout œuvre de reconstruction ne peut être authentique, solide et pérenne,  si elle ne s’appuie pas sur des racines, des références et des repères, ceux qui sont à puiser dans notre identité arabo-musulmane.

Cette œuvre ne peut tout autant produire les résultats escomptés, si elle ne s’ouvre pas sur les autres civilisations et cultures, sur la contemporanéité, et l’universel. Etre à la fois attaché à ses racines, et ouvert sur l’extérieur, fortifient le processus de reconstruction et donnent naissance à une nation démocratique digne de ce nom. A contrario, s’enfermer dans des dogmes, de quelle que nature que ce soit, entrave tout marche vers cet idéal, et consacre le mimétisme et la dépendance qu’ils soient envers l’Occident, ou l’Orient.

Moralité de l’histoire : les Tunisiens ne sauront réussir que s’ils font la bonne synthèse entre l’éthique arabo-musulmane et les valeurs universelles dans toute leur richesse. Une telle confluence doit dépasser le stade de la pensée et des idées, pour toucher les comportements…l’essentiel est là.
H.J.


 

Commentaires 

 
#5 @HABIB
Ecrit par BENZARTY     19-11-2014 14:06
c'est toi le terroriste non pas CHIEKH BECHIR BEN HASSEN
 
 
-4 #4 RE: Tunisie : Quelle portée du fait religieux dans la campagne présidentielle ?
Ecrit par fredo     16-11-2014 12:31
@habib

Vous êtes victimes de la propagande anti-islamique dans notre pays, vous répétez ce que les médias ou réseaux sociaux inventent pour dénigrer certains prêcheurs. Bechir est tout sauf un terroriste, il a été l'un des premiers à dénoncer la secte des takfiristes en Tunisie, il l'a d'ailleurs fait avant même qu'il s'établisse en Tunisie. Pour éradiquer cette mouvance il prône une méthode qui a fait ses preuves en Arabie saoudite, une méthode connue des islamologues étrangers spécialistes en mouvances djihadistes, comme Mathieu Guidère qui en a fait l'éloge tout récemment dans le Figaro.fr précisant qu'elle présente un taux de réussite de 80% ( lefigaro.fr/.../...).

Béchir s'affilie à la mouvance orthodoxe sunnite, le salafisme, as-salafiyya el 'ilmiyya comme on l'appelle chez nous. C'est le suivi de la sunna à la lumière des premiers, il ne prêche ni la violence ni l'intolérance et encore moins le meurtre. Ceux qui le suivent et qui n'ont pas d'idées arrêtées sur son compte, savent pertinemment que ce prédicateur est un pacifiste, qui appelle à la réconciliation entre les tunisiens et qu'il n'y a rien de plus précieux dans une société que la sécurité nationale.
Donc élevez un peu le débat et votre niveau intellectuel, et qu'on arrête de répéter les choses comme des perroquets, les tunisiens méritent plus de respect. Éduquons-nous sur le respect des autres et arrêtons de déverser notre haine gratuitement. Y en a assez des propagandes facebook et toutes les déchetteries de ce genre qui entretiennent l'amalgame entre les différentes tendances religieuses du pays. Bechir a passé près de 20 ans en France et n'a jamais été qualifié de terroriste. Là-bas on ne parle pas pour rien dire, leurs spécialistes savent reconnaître les vrais incitateurs à la haine des prêcheurs pacifistes.
Mais je vous le dis, si on s'attaque à lui c'est parce qu'il ose remettre en question la place qu'occupe l'islam soufi en Tunisie, cette forme d'islam loin du message prophétique et de sa sunna asws, dans laquelle on a forcé les tunisiens à s'affilier pendant des décennies. Bechir veut ramener les gens à la voie sunnite de l'imam Malik tant sur le plan dogmatique que juridique. L'école malékite provoquerait-elle une aussi grande aversion chez les musulmans tunisiens ? L'islam ne se résume pas au soufisme, l'islam est né bien avant les confréries soufies et il ne nous a jamais appelé à un excès de mystique.
 
 
#3 RE: Tunisie : Quelle portée du fait religieux dans la campagne présidentielle ?
Ecrit par fredo     15-11-2014 20:09
Je pars du postulat que la démocratie est contraire au modèle que propose (ou impose) l'Islam et qu'il y a, par conséquent, incompatibilité.
Tout ce que je souhaite donc, c'est la liberté du culte, comme en occident ou plus précisément dans les pays anglo-saxons, en tenant compte évidemment de la particularité du pays dans lequel on se trouve tant de par son histoire que sa culture. La liberté d'expression ne doit pas être poussée à son extrême, il faut considérer les sensibilités religieuses et s'opposer à toute forme de provocation blasphématoire.
 
 
+1 #2 Tunisie : Quelle portée du fait religieux dans la campagne présidentielle ?
Ecrit par HABIB     15-11-2014 13:02
Se recueillir devant un mausolée ou faire la prière dans une mosquée n’a aucune influence sur les élections, c’est un acte personnel. Mais le plus grave ces IMAMS, fonctionnaires de l’état, qui font la propagande en faveur d’un candidat et contre un autre candidat qui n’est pas admissible. (Comme le terroriste BECHIR BEN HASSEN à coté de MONCEF MARZOUKI à MSAKEN). L’ISIE et la JUSTICE doivent se prononcer sur ces abus.
 
 
+3 #1 futilités
Ecrit par Royaliste     14-11-2014 20:56
le Travail, le Travail et le Travail, c'est la seule recette qui permettra a ce pays de garantir une vie décente a tous ses enfants.

Travail, Justice, fiscalité équitable, éducation, santé.... c'est sur ces sujets qu'il faut travailler et ne pas perdre notre énergie dans des futilités...mais hélas, certains politiques, qui n'ont rien a proposer utilisent ces raccourcis pour jouer sur les sentiments des citoyens et voler leurs votes.
 
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