Quel rôle pour la société civile dans le développement des localités

Publié le Mardi 18 Novembre 2014 à 17:04
Vue du colloqueLa Fédération Nationale des Villes Tunisiennes (FNVT), l''organisation allemande GIZ et la Jeune Chambre Internationale de Tunis, ont organisé ce mardi un colloque sur la participation citoyenne dans le développement des localités. La participation citoyenne, un concept de plus en plus répandu dans le monde, commence à être appliquée en Tunisie. Elle appelle les habitants d’une localité à participer à la prise de décisions concernant des projet d'infrastructure pour leur quartier ou commune.

Le colloque s’est tenu dans le but de susciter une réflexion sur la participation citoyenne pour un développement réussi des localités, faire connaitre les pratiques et les expériences pilotes au sujet de la participation citoyenne, promouvoir le dialogue citoyen pour une amélioration de la gouvernance locale et favoriser le réseautage, selon le modérateur du colloque.

Haifa Gebs de la FNVT a expliqué le concept de participation citoyenne, qui consiste à faire participer une communauté à l’exercice du pouvoir dans leur commune.

«C’est un processus d’engagement volontaire ou obligatoire pour une communauté dans la prise de décision…Quand un citoyen participe à ce processus, il exerce le plus haut degré de citoyenneté…C’est une prise de conscience du citoyen qui lui permet de prendre des décisions en fonction de ses besoins ponctuels ou réguliers, individuels ou collectifs afin d’améliorer son quotidien », a-t-elle expliqué.

Concrètement les habitants d’une commune se réunissent avec leurs élus locaux et proposent des projets à réaliser dans leur localité. Qu’il s’agisse de stades, de maisons de jeunes, d’éclairage public ou de trottoirs, chacun propose ce qu’il estime être nécessaire et bénéfique pour la communauté.

Le processus possède plusieurs étapes, dont la manipulation, qui consiste à recevoir les informations concernant l’opération, en dictant à la communauté ce qu’il lui est necessaire, il y a  le traitement des informations par les citoyens sans qu’ils n’y participent, ensuite vient l’étape de l’information que l’on fait parvenir au groupe au sujet d’un éventuel projet, le groupe peut ensuite exprimer sa position à travers des enquêtes ou des sondages.

Plus haute dans l’échelle de la participation citoyenne se trouve la consultation du citoyen lors de la prise de décisions, mais aussi le partenariat qui fait engager le citoyen dans le projet, et enfin la délégation du pouvoir au citoyen.
 
« Le plus haut degré de participation citoyenne c’est quand le réalisateur du projet, donne l’entière liberté aux citoyens de décider de la nature des projets, de leur conception et réalisation », a indiqué Haifa Gebs.

Les deux premiers échelons font partie de la « participation sociale », les trois étapes suivantes concernent les personnes actives dans la société civile, et enfin les derniers échelons représentent une participation politique.

«La participation citoyenne permet aux habitants de se sentir plus concernés, plus engagés…et chacun apporte sa vision du projet ce qui enrichit le débat…d’ailleurs cette expérience dans plusieurs pays a permis de révéler que les femmes qui participent à ce genre de débat local, avaient des propositions que les hommes ne faisaient jamais. Elles pensaient plus aux commodités pour l’enfance par exemple »,  a indiqué la membre de la Fédération Nationale des Villes tunisiennes.

Lors de cette journée, plusieurs représentants de la société civile se sont exprimés au sujet des difficultés rencontrées lors de la concrétisation de la participation citoyenne. La situation politique et sécuritaire, l’instabilité et l’illégitimité des conseils municipaux ont été les principaux obstacles rencontrés pour asseoir une participation citoyenne dans le développement des localités.

Un autre intervenant a indiqué que le principal problème des citoyens est l’environnement et la gestion des déchets qui représente un défi de taille auquel les autorités locales n’arrivent pas à trouver de solution.

Un militant de la société civile ayant participé à une pareille initiative à Paris, a affirmé que les municipalités tunisiennes n’étaient pas encore conscientes de l’importance de la participation du citoyen, tout autant que le citoyen qui n'est pas conscient de l’importance de son rôle : « Il faut aussi sensibiliser le citoyen quant à ses devoirs et ses droits….Aujourd’hui je ne peux pas compter sur un citoyen qui ne respecte pas l’environnement, qui n’est pas discipliné, qui n’est pas responsable ou qui essaye de trafiquer ou de s’enrichir illégalement…tout ceci nous éloigne beaucoup de la contribution que nous voulons concrétiser  », a-t-il dit. 
Chiraz Kefi