Quatre facteurs aideront le gouvernement Chahed à résister aux appels à son départ |
Publié le Jeudi 18 Janvier 2018 à 15:50 |
Machrou Tounes appelle ce jeudi 18 janvier 2018 à un gouvernement de compétences apolitiques, "qui ne sera pas concerné par les prochaines élections". Son rôle sera, suggère-t-il, de mener "des réformes urgentes pour sortir de la crise socioéconomique et fiscale", de poursuivre la guerre contre la corruption, de garantir la transparence de l’opération électorale, ainsi que l’impartialité de l’administration publique et des médias. Le parti annonce aujourd’hui son retrait du document de Carthage, atteste de la fin de ce processus, et retire son soutien au gouvernement, qui n’est plus, à ses yeux, un gouvernement d’union nationale avec le retrait de deux partis (Ndlr : al-Joumhouri et Afek). Un gouvernement qu’il dit "dominé par Nidaa et Ennahdha, et n’est plus en mesure de réaliser les objectifs convenus". Une revendication vieille comme la transition politique en Tunisie, invoquée instamment par les détracteurs de l’exécutif (particulièrement de la Kasbah) à une période récente. Néjib Chebbi, fondateur et dirigeant du mouvement démocratique, avait plaidé en décembre dernier pour un gouvernement non-partisan à même de remplacer l’actuel, dont l’action s’est soldée, selon son analyse, par un échec. Le dirigeant de Tounes Awalen (la Tunisie d’abord) avait-il aussi abondé dans ce sens, à la fin de l’année écoulée, en considérant que le gouvernement actuel a perdu "la légitimité de l’action", appelant à la formation d’un gouvernement de compétences qui aura à gérer les affaires jusqu’aux prochaines élections, et dont les membres n’auront pas le droit de s’y porter candidats. Yassine Brahim dont le jeune parti traverse sa pire crise depuis son avènement, estime lui que l’alliance Ennahdha/ Nidaa a sonné le glas à l’unité nationale. "Le principe de l’unité nationale s’est terminé depuis l’alliance stratégique entre Nidaa et Ennahdha", "ces deux grands blocs qui coordonnent et travaillent ensemble au parlement", a déclaré ce matin le président d’Afek sur Shems. Ces quatre partis qui partagent la même position font partie, avec sept autres formations politiques, de la coalition dite civile qui va se présenter aux prochaines municipales sur des listes communes. Leur appel va inexorablement trouver des échos favorables, notamment au sein des entités de ce même front électoral qui ont grosso modo la même attitude critique envers le gouvernement, et en jugent sévèrement le bilan. De là à dire que l’hostilité contre Chahed et son équipe ira crescendo la prochaine période, il n’y a qu’un pas qui est vite franchi. Un tel état de fait pourrait déboucher sur l’un de ces deux scénarios : Le premier est que le gouvernement Youssef Chahed réussit à se maintenir jusqu’à 2019 et à résister aux tensions et tiraillements qui caractériseront le climat politique la prochaine période, et qui connaitront deux pics : le premier précédera les municipales de 2018, et le deuxième les législatives et présidentielle de 2019. Le second est que ce même gouvernement cède aux pressions et rende le tablier, avant les échéances électorales. L’acheminement vers telle hypothèse ou telle autre tient à plusieurs impondérables, dont l’intensité de la contestation politique et sa capacité à fragiliser le gouvernement, voire à le désavouer. Une contestation qui émane à ce stade de plusieurs forces politiques (coalition civile, Front populaire, Hirak Tounes al-Irada…), qui n’ont pas, certes, la même méthode d’action et les mêmes procédés. La résilience du gouvernement reste-t-elle aussi tributaire du niveau de soutien que lui apporteront les deux forces de la majorité, dont l’alliance est normalement rompue. Un soutien qui reste variable au gré des humeurs, des évolutions politiques et des intérêts partisans et électoralistes de Nidaa, comme d'Ennahdha. L’évolution de la conjoncture économique reste, de surcroît, un facteur déterminant, à même de contribuer fortement à sceller le sort du gouvernement dans un sens, ou dans l’autre. Autre facteur décisif a trait à la position des deux principales organisations nationales, principales garantes de l'apaisement social et de la paix civile. A ce stade, l’UGTT et l’UTICA affirment leur attachement au pacte de Carthage ; acte fondateur du gouvernement Chahed. Là aussi, les choses peuvent changer selon la capacité de ce document à répondre aux exigences du patronat, dans la défense des intérêts de l’entreprise, sa compétitivité et sa pérennité, et dans l’amélioration du climat des investissements ; et du syndicat dans la défense des intérêts des ouvriers, de leur subsistance, leur dignité et du pouvoir d’achat. Quoiqu'il en soit, Youssef Chahed aura à avancer sur un terrain miné, aux risques incalculables. Gnet
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Commentaires
Ecrit par JABALLAH 18-01-2018 17:55