Tunisie : Quatre ans après, que reste-t-il de la révolution ?

Publié le Mardi 13 Janvier 2015 à 17:11
La Tunisie a réussi à préserver le caractère pacifique de la transition.Il y a quatre ans le cycle de l’histoire s’est accéléré, à la faveur d’un soulèvement populaire qui a mis un terme à 23 ans de règne despotique en Tunisie. Le souvenir de ce 14 janvier 2011 est ineffaçable ; celui d’un peuple qui a décidé de prendre son destin en main, d’évincer un régime oligarchique et corrompu et de réclamer son droit à la liberté, à la dignité et à la justice sociale.  

Quatre années après, que d’eau a coulé sous les ponts. Les événements se sont succédé sur fond d’un climat insurrectionnel inaltérable, où les Tunisiens ont fait des rues et des places publiques un lieu de revendication et d’indignation tous azimuts.  

Les années post-révolution ont-elles été aussi émaillées de tragédies ; les Tunisiens ont vécu bien de frayeurs suite à l’intrusion du terrorisme, dans une situation déjà vulnérable politiquement, économiquement et socialement, avec des assassinats politiques et des attaques meurtrières ayant visé notre appareil militaire et sécuritaire. Des drames qui ont plongé le pays dans une situation de crise quasi-continue, ayant atteint son point culminant, l’été 2013.

La suite, tout le monde la connaît, la Tunisie a réussi par la sagesse des siens et l’aide providentielle, à négocier des virages dangereux, à éviter de justesse les affres de la division et de la guerre civile, et à préserver le caractère pacifique de la transition, confirmant son statut d'exception dans une région livrée à la conflictualité. Elle est parvenue à se doter d’une nouvelle constitution fondatrice de la deuxième république, et à organiser des élections législatives et présidentielles démocratiques et transparentes, ayant bouclé avec succès cette première étape transitoire, et constitutive.

Le principal acquis de la révolution aura été la démocratisation de la vie politique, et la reconquête des libertés qui restent à consacrer et à consolider, étant entendu que le risque de régression est encore présent. Autrement, au volet socio-économique, les choses, au mieux n’ont pas bougé d’un iota, au pire, se sont dégradées.

Le débat politique et public a pris une tournure telle, que les véritables exigences de la révolution, en termes de dignité, de justice sociale, d’emploi, de lutte contre la précarité et la pauvreté tout autant que contre les disparités régionales, ont été sacrifiées sur l’autel des tiraillements idéologiques et politiciens. Que de temps perdu dans des sujets, bien loin des préoccupations du commun des Tunisiens, reportant sine die des actions urgentes et des réformes de structure, et maintenant les attentes des Tunisiens à l’état d’insatisfaction.  

Pendant les années post-révolution, on a beaucoup papoté, théorisé, polémiqué, mais peu travaillé, produit et concrétisé. Il est temps de remettre nos pendules à l’heure du véritable agenda révolutionnaire et de se préparer sérieusement à surmonter les difficultés présentes et futures. N’oublions pas que les régions intérieures qui étaient les premières à se soulever et à s’exposer aux balles, vivent encore dans le dénuement le plus extrême, avec une jeunesse désœuvrée qui caresse le maigre espoir de dénicher un emploi, et de conférer un minimum de normalité à un vécu anormalement rude.

Une commémoration est toujours l'occasion de la rétrospective et de la prospective ; la première doit éclairer, à travers ses points sombres et lumineux, la seconde, qui requiert que l’on appréhende notre réalité et nos priorités autrement et que l’on se résolve en rangs resserrés à sauver notre pays de la déliquescence, d’autant plus que la conjoncture mondiale et régionale plaide en notre défaveur.
H.J.


 

Commentaires 

 
#1 RE: Tunisie : Quatre ans après, que reste-t-il de la révolution ?
Ecrit par Montygolikely     14-01-2015 11:31
Ce qu'on remarque au quotidien, c'est surtout et malheureusement, la saleté, les ordures, les incivilités, la corruption, l'indolence de l'administration, enfin un "tiers mondialisme" qui nous revient au galop...
C'est dommage de donner une telle image d'un pays qui mérite mieux, beaucoup mieux.
 
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