Tunisie : Quand les banques islamiques ne font pas l'unanimité

Publié le Mercredi 02 Avril 2014 à 17:30
La finance sans intérêts a fait l’objet d’une conférence organisée ce matin à Tunis et animée par le président du conseil d’administration de Lariba System Bank aux Etats-Unis, Yahia Abdul Rahman.

Lariba System Bank étant une banque islamique, le conférencier a évoqué les principaux obstacles que rencontre ce genre de système qui se dit répondre aux lois fondées de l'islam :«Dans la société arabe, il existe une réaction épidermique à chaque fois qu’est évoqué le terme «  islam »…il existe des raisons historiques à cela, à savoir que les sociétés arabes ont été infiltrées depuis longtemps. Pour y remédier, il faut enlever l’aspect sentimental et discuter de ce sujet de manière approfondie, a dit le président de la banque.

Selon lui, les banques « sans intérêts », visent à développer le monde, « car elles prônent une vraie économie productive et ne pratiquent pas la location de fonds ». Il n’en demeure pas moins que ces banques sont très peu développées à travers le monde.

Ils expliquera que «beaucoup ne veulent pas qu’il y ait des banques islamiques pour des raisons politiques et historiques, mais aussi parce qu’elles sont de petites, sans rayonnement mondial comme le reste des banques, et qu'elles ne possèdent pas de grandes structures sur lesquelles elles peuvent compter, si jamais elles venaient à perdre de grosses sommes d'argent », a-t-il dit.

Face aux accusations de certains, quant au coût « plus élevé » d’un emprunt islamique, Abdul Rahman  a procédé à une réponse laconique, imputant la responsabilité à la banque centrale « qui doit intervenir et jouer un rôle…il faut qu’il y ait en son sein une instance se référant à la chariaa », a-t-il dit, ajoutant  que sur le marché malaisien, le plus grand en termes de  banques islamiques, une grande partie des clients étaient chinois « car ils trouvaient que les prêts leurs revenaient moins chers ».

Maroua Kochlef, cadre comptable, a proposé qu’il y ait création de guichets réservés à la finance islamique, et ce dans toutes les banques, pour vulgariser la finance islamique : « Cela ouvrira des postes d’emploi aux spécialistes de la finance islamique et attirera plus de clientèle et de collaborateurs », a-t-elle dit.

Haythem Ben Sassi du Centre des Recherches et Etudes sociales a pour sa part relevé la question du coût du prêt: «Ce n’est pas l’appellation qui dérange, c’est le coût du prêt qui intéresse le plus le citoyen. A titre d’exemple, pour le même prêt, vous payez 500 dinars chez une banque classique et 800 dinars chez une banque islamique. Il faut que les banques islamiques deviennent plus compétitives, qu’elles fassent baisser leurs marges », a-t-il proposé.
 
Mustapha Zghal, professeur de marketing, considère que l’intérêt bancaire appliqué par les banques classiques n’est pas  l’intérêt interdit par la Chariaa « Ribaa », mais qu’il était le coût d’une prestation de service.

«L’Intérêt bancaire tel qu’il est interdit par le coran (Al Ribaa) est la multiplication de l’argent prêté, et qui représenterait une lourde charge au contractant, en réduisant les gens aux rangs d’esclaves…mais ce qui se pratique actuellement n’est pas aussi lourd…appliquer le prêt exempt d’intérêt est insensé. Restituer dans 5 ans, sans intérêts, une somme d’argent qu’on a emprunté cette année, n’est que mauvais. On ne prend pas en compte l’inflation… Il est vrai que du temps du prophète on prêtait les céréales et l’or de cette manière là, mais ceux-ci ne perdaient jamais de leur valeur», a-t-il expliqué.

Un autre intervenant, professeur en droit bancaire, a exposé un exemple qu’il dit avoir étudié, et qui a touché 8 banques de la place, 6 conventionnelles et deux islamiques : « J’ai étudié l’exemple d’un prêt de 250 mille dinars remboursable sur 15 ans. Le prêt revient au client entre 90% (Zitouna bank) et 105% (Nour bank). Les banques de dépôt touchent entre 85% et 90%. Soit dans l’ensemble moins que les banques islamiques. Par ailleurs, ces dernières exigent que le bien immobilier à acquérir soit au nom de la banque, et qu’une assurance soit contractée auprès de l’organisme d’assurance afférent à la banque. C’est l’assurance « Takaful » quand il s’agit de la Banque Zitouna. L’assurance auprès d’une banque conventionnelle pour un prêt de 250 000 dinars coûte entre 5500dt et 5800 dt, tandis que chez l’assurance Takaful coûte 21 800 dinars », d’après lui. Un témoignage qui a soulevé un tollé parmi les présents, quand il a accusé les banques islamiques de « surtaxer ses clients », et « de s’éloigner des préceptes de l’islam ».

Un participant à la conférence a donné l’exemple d’un prêt de 100 000 dinars, contracté auprès d’une banque classique, et dont le contractant devra rembourser à hauteur de 140 000  dinars en 15 ans. « Le même prêt, auprès d’une banque islamique, sera remboursé 154 000 dinars. Tout en sachant que si le client veut rembourser  tout le reste de son crédit avant la fin des 15 ans, il sera tenu de rembourser le montant initial emprunté plus 1% d’intérêt. La banque islamique demandera  le paiement de tout le reste…le problème provient de cette tendance à nous diviser entre musulmans et non-musulmans, alors que nous le sommes tous, et que le vrai problème est l’appellation de ces banques », a-t-il dit.

Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
-3 #1 Pigeons ...
Ecrit par A4     03-04-2014 17:08
Ces banques dites islamiques sont tenues par des chasseurs de "pigeons" ... et des pigeons qui ne demandent qu'à être déplumés IL Y EN A PLEIN !!!
Le "miracle" de ces banques réside dans le fait que leur prêt "sans intérêt" revient plus cher qu'un prêt "avec intérêt" pratiqué par une banque de koffars !
C'est comme si la bière "sans alcool" saoulait plus que la bière "alcoolisée" ...
 
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