Tunisie : Quand est-ce que va-t-on aborder le vif du sujet ? |
Publié le Mercredi 01 Février 2012 à 12:00 |
A voir les débats sur la scène publique, dans les cercles restreints, ou encore à travers les réseaux sociaux, la Tunisie serait, à l’heure qu’il est, divisée entre Islamistes et laïcs, modernistes et conservateurs, réactionnaires et progressistes, crédules et intelligents, bons et méchants…les antonymes employés sont légion ; elles sont révélatrices d’une forme de manichéisme, qui rattrape une société postrévolutionnaire, manifestement en perte de repères. Cette discorde politico-idéologique est, certes, signe de pluralité et de richesse d’une société, qui exprime allégrement ses différences, après les avoir longtemps mises en sourdine. Elle peut cacher, en revanche, une propension à diviser, à travers une attitude nihiliste et un jusqu’au-boutisme de mauvais aloi. Or, les sages de différents bords, disent et redisent que la Tunisie a besoin d’être soudée et solidaire pour pouvoir sortir de l’ornière. Les innombrables problèmes qui nous guettent méritent des réponses collectives, pour trouver, progressivement, la voie de la résolution. Le temps presse, plus d’une année après la révolution, et plus de trois mois après la tenue des élections, on n’a pas l’impression que le débat avance sur des sujets de fond, tels que l’économie avec ses variantes : croissance, pouvoir d’achat, redressement des équilibres généraux de l’Etat ; justice sociale ; éducation ; santé ; formation professionnelle ; emploi…. Même s’ils sont abordés lors de séminaires, ou de conférences ; ces sujets, ô combien cruciaux, sont traités d’une manière superficielle, loin de toute analyse approfondie qui dresse le diagnostic, et apporte des solutions tangibles et pragmatiques. Par ailleurs, de nombreuses voix s’élèvent parmi les experts et les économistes pour appeler à auditer les différents indicateurs dans le pays, un préalable à la réalisation de projets viables et productifs. Ce travail a-t-il déjà commencé après qu’un trimestre se soit écoulé dans cette deuxième période transitoire, censée être d’une année ? Il va sans dire que les urgences posées en Tunisie donnent le tournis, tellement, elles sont plus pressantes, les unes et les autres. Le gouvernement doit, quand même, envoyer des signes, montrer que les choses commencent à bouger, et essayer de canaliser les énergies tant de ses partisans, que de ses détracteurs autour des vraies priorités du pays. Sinon, on va continuer à se complaire des les débats byzantins sans fin, qui nous ne mènent nulle part. Sans minimiser de la portée des débats sur le respect des libertés, la condamnation de la violence et autres, qui font l’unanimité au sein de la société, excepté pour une minorité ; le traitement de ces sujets reste subalterne au regard des véritables maux qui nous rongent, le fait de les placer au centre des priorités risque de trahir les aspirations de ceux qui attendent de pouvoir manger à leur faim, de se loger décemment, d’avoir un travail garant de dignité, bref de voir se concrétiser les fameux objectifs de la révolution tunisienne, pour laquelle des martyrs se sont sacrifiés. Le débat le plus urgent est, par-dessus tout, celui qui doit tourner autour des idées et projets engageant le présent et l’avenir des Tunisiens, et reflétant leurs réelles préoccupations. C’est ce débat même qui doit trouver toute sa place dans presse tunisienne, qui a tendance, par moments, à verser dans le sensationnalisme et le racolage, aux dépens de la crédibilité et de l’exactitude des informations colportées. Le terme en vogue qui revient tel un leitmotiv depuis le 14 janvier 2011 est celui de défaillance ; une défaillance tous azimuts accompagne cette tentative collective de démanteler le système despotique, et d’ériger sur ses décombres une démocratie. Tant et si bien que ce processus se fait dans la confusion, les amalgames, et la brutalité. Cette période qui doit être synonyme d’ouverture, voire d’acceptation de l’autre, incite, paradoxalement, les uns est les autres à l’enfermement, voire à une certaine ghettoïsation idéologique, qui est, par essence, contreproductive, car elle exclut l’autre. Aujourd’hui, les politiques de tous bords, et dans leur sillage l’élite, chantent les louanges de la démocratie, de la liberté, de l’égalité, de la justice et toutes ces belles valeurs universelles que l’on veut intégrer dans notre vécu quotidien. Gloser sur ce registre induit des actes conséquents, et des propositions fructueuses. Ce n’est pas, hélas, encore le cas. H.J.
|
Commentaires
Ecrit par Royaliste 02-02-2012 18:29
Ecrit par lecteur 02-02-2012 11:51
mon constat est qu'on a était leurré et on a leurré tout le monde en disant que toute la population est instruites et cultivé!
le problèmes des quartiers populaires qui sombrent dans l’extrémisme et l'intégrisme n'est pas la pauvreté en 1er lieu mais le manque flagrant d’accès à la culture. certes, la pauvreté y est un peu pour quelque chose, mais c'est l'influence des chaines satellitaires et leurs capacité de formatage des esprits qui est le vrai problème!
Ecrit par khamous 01-02-2012 22:52
Ecrit par Tunisian 01-02-2012 20:23
Chacun est libre et peut faire tous qu’il veut, mais en contre partie s’il est en dehors de la loi, il doit payer cher.
Il ne faut pas accepter le pardon si le malfaiteur est conscient et volontaire.
Bien sure le gouvernement doit résoudre les problèmes majeurs en urgence pour éviter toute obligation à se mettre pour. Telle que la famine ou la maladie…
Ecrit par Mahdi 01-02-2012 16:06
Ce qui n’est pas normal c’est que la politique de ce gouvernement est déjà désertée par le peuple avant même qu’il ne s’attelle au travail ( faut dire qu’il traîne les pieds).
Incapacité ? Probablement. Absence de sincérité ? Peut-être…
Faudra s’armer de patience et de vigilance.