Tunisie, pourquoi le cheikh évoque-t-il une éventuelle fraude électorale ?

Publié le Jeudi 20 Octobre 2011 à 18:00
Nejib Chebbi et Rached Ghannouchi."Si les élections se déroulent dans la transparence, nous en reconnaitrons les résultats, nous féliciterons les vainqueurs quels qu’ils soient, et nous collaborons avec eux. Et si nous gagnons, nous attendons des autres qu’ils nous rendent la pareille, et qu’ils collaborent avec nous, car la Tunisie a besoin aujourd’hui de tout le monde", déclare Rached Ghannouchi lors d’une conférence de presse tenue mercredi au siège du mouvement à l’Ariana.  

"Jusqu’à présent, l’opération électorale se déroule normalement, mais il y a une éventualité qu’il y ait fraude électorale", dit-il. Le cas échéant, "nous ne pouvons que nous rallier aux forces de la révolution pour protéger la volonté du peuple", souligne-t-il en substance, ajoutant que les gardiens de la révolution qui ont fait tomber deux gouvernements, Ghannouchi 1 et 2, pourront en faire autant même avec dix gouvernement. Cette déclaration faite avec diplomatie et pondération par le cheikh a été mal perçue sur la scène politique, et certains y ont décelé des menaces malvenues.

Mais, pourquoi le cheikh évoque-t-il l’éventualité d’une fraude, alors que toutes les conditions semblent réunies pour que les élections soient libres, transparentes et crédibles ? D’autant plus que l’’instance supérieure indépendante des élections (ISIE) fait un travail remarquable, et se  démène pour s’acquitter honorablement de sa mission. D’où vient son manque de confiance et sa suspicion ? De la propagande électorale de ses adversaires, sans doute, fondée sur la critique et la peur d’Ennahdha.

Les propos de Rached Ghannouchi sonnent, en effet, comme une riposte aux discours des partis inscrits dans la mouvance dite progressiste et moderniste, lesquels tournent totalement le dos au parti islamiste, et l’accablent de critiques.

Le Parti démocratique progressiste, (PDP) et le pôle démocratique moderniste, pour ne citer qu’eux, établissent une ligne de fracture nette entre leur projet et celui d’Ennahdha, véhiculant, quoiqu’ils en disent, un langage d’éradication et d’exclusion qui n’est pas sans rappeler les tristes temps révolus.

Me Nejib Chebbi, chef historique du PDP,  ne cesse de marquer sa différence et son opposition avec le mouvement islamiste, donnant le coup de sifflet final au collectif du 18 octobre, à ses yeux désuet au vu du nouveau paysage postrévolutionnaire marqué par une compétition entre des projets politiques.

L’ancien ministre de développement régional a  annoncé dernièrement  que son parti a commencé les consultations avec de grandes forces politiques dont le pôle démocratique moderniste,  Ettakatol, Afek Tounes Tounes et le parti du travail tunisien, pour former une coalition démocratique au sein de la constituante.

Cette coalition a pour but de contrecarrer Ennahdha, et d’en diminuer l’hégémonie supposée au sein de l’assemblée. Une démarche qui n’est pas sans inquiéter le mouvement islamiste qui craint, même si cela semble lointain et exclu, un retour de manivelle. Les propos du Cheikh Ghannouchi montrent bien que le  scénario des élections de 1989 hante toujours les esprits des nahdhaouis. "Nous estimons que nous sommes le premier parti dans le pays", admet-il, "mais peut-être que les autres partis minoritaires vont se réunir pour exclure le parti qui a le plus de voix, cela signifierait une confiscation de la révolution", prévient-il.

Et de renchérir : "le parti qui gagne le plus de voix est celui qui forme le gouvernement". Ce qui est conforme aux usages démocratiques. Le Président d’Ennahdha clarifie encore plus sa pensée et affirme clairement la disposition de son mouvement de diriger un gouvernement d’union nationale, au cas où le peuple lui accorde sa confiance. C’est de quoi contrarier plus ses adversaires.

Les rivaux du mouvement islamiste ont déclaré ouvertement ou à demi-mot qu’ils ne rentreront pas dans un gouvernement englobant Ennahdha. Nejib Chebbi exclut "à titre personnel" de participer à un gouvernement d'union nationale avec Ennahda, dans un entretien accordé en septembre dernier à l’AFP.

A quelques heures du 23 octobre, la main tendue d’Ennahdha est rejetée et son appel au consensus n’est pas entendu par ses adversaires déclarés. Ces derniers continuent à se positionner aux antipodes de son projet et de son idéologie, en brandissant l’étendard du modernisme et du progrès, tout en rappelant leur attachement à notre identité arabo-musulmane, "nous sommes tous musulmans, l’Islam n’est l’apanage de personne", se plaisent-ils à marteler.  

Cette bipolarisation de la scène politique ne concerne pas à l’heure qu’il est toutes les forces politiques. Ettakatol de Dr Mustapha Ben Jaâfar n’y a pas adhéré tout au long de la campagne, même s’il est cité dans les consultations pour faire partie de la coalition anti-Ennahdha au sein de la constituante.

Le Congrès pour la République, le CPR de Dr Moncef Marzouki, qui fait cavalier seul pour les élections, n’a encore rien décidé quand aux alliances postélectorales. Tout en admettant que les coalitions sont incontournables pour parvenir à une majorité au sein de la constituante, il attend que la carte politique se clarifie, que les urnes livrent leurs secrets, et que le poids de chaque force soit connu à sa juste mesure pour choisir son camp.

Toujours est-il que ce qui est vrai aujourd’hui, peut ne plus l’être demain. Avec la proclamation des résultats du scrutin, la donne sera plus claire ; les critiques peuvent s’apaiser ; le langage doux et charmeur peut se durcir ; et la neutralité peut se colorer…Ce sont là les raisons de la politique, que la raison ne connait manifestement pas.  
H.J.


 

Commentaires 

 
-3 #39 il a bien préparait son coup!
Ecrit par lecteur     24-10-2011 20:50
en fait, il prévient contre ceux qui oseraient dénoncer les multiples fraudes de ses partisans.
 
 
-3 #38 Confiance et respect
Ecrit par Tunisian     22-10-2011 23:57
Pourquoi on pense mal? Il vaut mieux penser et donner que des expressions optimistes.
Fraude ou je ne sait pas quoi ce n’est pas bon.
Bâtir la confiance entre nous Tunisiens c’est essentielle.
 
 
-3 #37 MANIPULATION
Ecrit par mokaddem     22-10-2011 16:31
IL FAUT INTERDIRE LES PARTIS RELIGIEUX
 
 
-3 #36 MANIPULATION
Ecrit par mokaddem     22-10-2011 16:30
BIENTOT LA DICTATURE DES BARBUS
PAUVRE TUNISIE
 
 
+4 #35 يا خيل الله اركبي.
Ecrit par Musulman.     22-10-2011 12:41
لقد بعث الله تعالى رسوله صلى الله عليه وسلم لعبادته عبادة خالصة من كل شرك ظاهر أو خفيّ مثل الشيوعية والقومية والعالمانية (اللائكية) وغيرها من أنواع الوثنية. وجعل الله تعالى الإسلام دينا خاتما وشريعة ربانية صالحة لكل زمان ومكان. ومن شريعته تعالى كون الإسلام دينا فرديّا واجتماعيّا فكوّن رسول الله صلى الله عليه وسلم الدولة الإسلاميّة في المدينة المنوّرة تحكم المجتمع المسلم وتنظمه مع نفسه ومع غير المسلمين. وترتكز الدولة الإسلاميّة على أربعة عشر مبدأ أوّلها العقيدة الإسلاميّة. والنصوص التشريعيّة للدولة الإسلاميّة كلها من القرآن والسنة وتطبيقاتهما.

وإذ يتربص بالإسلام أعداؤه، فإن من واجب كل مسلم تونسيّ التوجه للاقتراع وهو من أفضل الجهاد كما قال الشيخ الدكتور يوسف القرضاوي حفظه الله تعالى. ومن الواجب أيضا انتخاب ممثلين مسلمين ونبذ كل من أعلن كفره أو ساند الكفار أو انضوى تحت لوائهم أو تكيّف معهم. وهذا الجهاد طاعة لله وللرسول صلى الله عليه وسلم امتثالا لقوله تعالى : (إنما وليكم الله ورسوله والذين آمنوا الذين يقيمون الصلاة ويؤتون الزكاة وهم راكعون ومن يتول الله ورسوله والذين آمنوا فإن حزب الله هم الغالبون). وينتفي الإيمان على من لم ينتخب مسلما مصداقا لقوله تعالى (لا يتخذ المؤمنون الكافرين أولياء من دون المؤمنين ومن يفعل ذلك فليس من الله في شيء إلا أن تتقوا منهم تقاة ويحذركم الله نفسه وإلى الله المصير).

ومن تخلف عن هذا الجهاد كان كمن تولى يوم الزحف. قال الله تعالى : (يا أيها الذين آمنوا إذا لقيتم الذين كفروا زحفا فلا تولوهم الأدبار ومن يولهم يومئذ دبره إلا متحرفا لقتال أو متحيزا إلى فئة فقد باء بغضب من الله ومأواه جهنم وبئس المصير).

ويجب إخلاص النية لله تعالى مجردة عما يشوبها من المنافع الشخصيّة. فقد روى الشيخان في صحيحيهما : (حدثنا عبدان عن أبي حمزة عن الأعمش عن أبي صالح عن أبي هريرة قال قال رسول الله صلى الله عليه وسلم ثلاثة لا يكلمهم الله يوم القيامة ولا يزكيهم ولهم عذاب أليم رجل على فضل ماء بالطريق يمنع منه ابن السبيل ورجل بايع إماما لا يبايعه إلا لدنياه إن أعطاه ما يريد وفى له وإلا لم يف له ورجل يبايع رجلا بسلعة بعد العصر فحلف بالله لقد أعطي بها كذا وكذا فصدقه فأخذها ولم يعط به).

ويستحب تهيئة النفس والروح لذلك مثل قيام الليل والخروج على طهارة وإلا فالتيمم واستشعار عظمة الله وأنه يؤتي الملك من يشاء وينزعه ممن يشاء والدعاء والتذلل والتضرع لله تعالى والتخلق بأحسن الخلق مع الحذر والحيطة فالمؤمن فطن. والله تعالى وليّ التوفيق وهو الحكيم العليم.
 
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