Tunisie : Pour réformer la base, il faut commencer par le sommet

Publié le Mardi 11 Février 2014 à 17:28
Les hauts responsables doivent faire montre d'exemplarité. Le chef du gouvernement pourrait bien annoncer une baisse des salaires de ses ministres, et des privilèges qui leur sont accordés; des mesures certes symboliques, mais qui sont de nature à produire de l’effet sur l’opinion publique. Les Tunisiens peuvent ainsi se convaincre de la difficulté de la conjoncture et accepter de se serrer la ceinture et de ne pas être augmentés en 2014…

Mehdi Jomaâ réduit drastiquement l’effectif de son cabinet et se passe des services de neuf conseillers et de huit chargés de mission. Dévoilée hier, cette décision a été prise à l’issue du premier conseil des ministres du jeudi 06 février dernier, soit à peine une semaine après l’intronisation du nouveau gouvernement.  Le nouveau locataire de la Kasbah fait d’emblée montre de pragmatisme, et répond à une revendication (de l’ancienne opposition), incluse dans la feuille de route du quartette, celle qui consiste à revoir les nominations, soupçonnées d’être effectuées selon le critère de l’allégeance et non de la compétence. Il envoie également un signe palpable quant à son intention de réduire le train de vie de l’Etat, en adaptant ses dépenses à ses moyens modestes. Mais, ce n’est qu’une goutte dans l’océan, et cette démarche gagnerait à être consolidée.

Le chef du gouvernement pourrait bien annoncer une baisse des salaires de ses ministres, et des privilèges qui leur sont accordés; des mesures certes symboliques, mais qui sont de nature à produire de l’effet sur l’opinion publique. Une méthode bien répandue sous d’autres cieux, notamment en occident en ces temps de crise. On se souvient de la décision prise par François Hollande lors de son premier conseil des ministres au lendemain de son investiture, celui de réduire son salaire et ce celui de ses ministres de 30 %.

De telles mesures de rigueur gagneraient à être étendues aux entreprises publiques et autres administrations, où le gaspillage semble être la règle. A-t-on idée de mettre trois à quatre voitures et des centaines de litres d’essence à la disposition du seul PDG qui, plus est, gère le parc auto de l’administration, comme une propriété privée, abstraction faite de toute considération pour le mérite, en en faisant bénéficier les employés qui ont sa bénédiction, et en en privant d’autres pourtant plus productifs.  

Si l’on veut que les choses soient redressées et réformées au niveau de la base, il faut qu’elles le soient au niveau du sommet. Le devoir d’exemplarité et de rigueur, dont les hauts responsables et commis de l’Etat  sont tenus de faire montre, en substituant la sobriété à l’apparat et l’humilité et l’arrogance, sont de nature à déteindre positivement sur l’opinion, et de contribuer à changer des attitudes et des comportements forts préjudiciables qui se sont emparés de  l’administration tunisienne.

Celle-ci est gangrénée par la mentalité de Rizk el-bilik (bien public), selon laquelle tout peut-être dilapidé du moment où il s’agit de la propriété de l’Etat. On oublie que l’Etat c’est nous, que ses fournitures, tout autant que ses factures de la STEG, de la SONEDE, du Téléphone... c’est par l’argent du contribuable qu’elles sont payées.

L’administration tunisienne vit un relâchement ambiant après la révolution, qui est venu se greffer sur des problèmes chroniques accumulés au fil des années. C’est la règle du service minimum qui prévaut ces trois dernières années dans cet appareil tentaculaire qui emploie des centaines de milliers d’agents et fonctionnaires, dont la masse salariale a sensiblement gonflé après le 14 janvier,  affectant lourdement le budget de l’Etat. S’y ajoute une pléthore amplifiée par des recrutements imposés par la conjoncture postrévolutionnaire.

Rappeler les règles élémentaires du travail et du rendement à l’administration centrale, régionale et locale, et l’astreindre à une rationalisation des dépenses, ne sera pas de trop ; des fondamentaux qui semblent tombés dans l’oubli, face à un laxisme rampant.  

On parle d’un nouveau contrat social en Tunisie, signé le 14 janvier 2013 sans avoir encore été traduit dans les faits. Son activation reste nécessaire, et induit de nouveaux rapports entre partenaires sociaux, basés sur la responsabilité et la conscience des exigences de l’heure.

Force est aussi d’imposer des règles strictes de travail, dont la violation serait passible de sanctions. Le redressement du pays ne pourra se faire sans l’adhésion de tous, sans que chacun ne s’acquitte de sa tâche convenablement, de celui qui est au plus haut de l’échelle, à celui qui en est au plus bas. C’est d’une révolution dans les esprits qe la Tunisie a besoin.
H.J.


 

Commentaires 

 
#3 كلمة حق أريد بها باطل
Ecrit par tounsi     12-02-2014 15:27
Les ministres actuels n'ont même pas besoin de salaires. Ils resteront quelques mois et ils reviendront vers leurs anciens postes déjà très bien rémunérés.
J'espère que cette soit disant bonne initiative ne soit pas un alibi pour des mesures d'austérité à grande échelle qui pourriront la vie du citoyen ordinaire, surtout des cadres dont la position au niveau des entreprises publiques est plus que misérable.
 
 
+1 #2 LOCATION
Ecrit par Khammous     11-02-2014 22:52
Je propose que l Etat encourage la création de petites entreprises de location de voitures qui emploierait des centaines de jeunes ...Puis l Etat vendra a ces microentreprises toutes ses voitures de fonction a l exception des voitures de service prévue pour la maintenance et devient par la suite leur principal client
 
 
+3 #1 RE: Tunisie : Pour réformer la base, il faut commencer par le sommet
Ecrit par Royaliste     11-02-2014 21:32
trés bonne initiative

1/3 de nos revenus sont donnés a l'Etat, il faut mieux gérer notre argent
 
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