Tunisie : Plus de trois mois sans gouvernement, ça a pris 2 jours en Grèce

Publié le Mardi 27 Janvier 2015 à 18:35
Habib EssidCela fait plus de trois mois, le dimanche 26 octobre 2014,  que la Tunisie a organisé des élections législatives, ayant débouché sur la victoire de Nida Tounes, avec une majorité relative de 86 sièges au nouveau parlement. Un trimestre est passé depuis le scrutin, et le pays n’a pas encore un nouveau gouvernement, appelé à tenir les rênes pendant le prochain quinquennat.  Trois mois, c’est long et lent pour un pays qui traverse une situation critique et difficile, et qui a une montagne de défis à affronter.

Il y a deux jours, le dimanche 25 janvier, la Grèce organise des législatives, remportées par le parti radical de Gauche, Syriza. Son jeune chef Charismatique, Alexis Tsipras, a prêté serment lundi en tant que Premier ministre, et a dévoilé aujourd’hui même, son gouvernement resserré d’une dizaine de ministres. Son agenda est tout tracé pour les prochains jours, où il doit entamer son combat contre l’austérité auprès des instances européennes.

Pourquoi ce qui a pris en Grèce deux jours, prend en Tunisie plus de trois mois, sans que le but ne soit encore atteint, et sans qu’un gouvernement ne voit jour ? Le problème tient, en Tunisie, à une absence de planification, et d’organisation, et au peu de cas que l’on accorde à la notion du temps. Pourtant baromètre du degré de développement et de civilité des nations. En effet, dans les pays européens, et au-delà, les grands partis qui sont donnés victorieux aux élections, tout en n’excluant pas le scénario de la défaite, préparent leurs futures alliances, leur vision, leur programme, leurs priorités et bien entendu leur cabinent avant même la tenue du scrutin, et la proclamation des résultats. Ce n’est pas le cas chez nous, où les tractations ne commencent qu’après l’annonce des résultats définitifs des élections.

Dans le cas d’espèce, Nida Tounes a fait du surplace d’emblée, dans la foulée de la proclamation des résultats des législatives, préférant tout remettre à l’après présidentielle. On se souvient tous de la controverse sur qui doit désigner le nouveau chef du gouvernement, le président en exercice ou le président élu, provoquée par le courrier de Moncef Marzouki à Béji Caïd Essebsi, où il l’a invité en tant que chef de parti majoritaire à lui proposer le nom d’une personnalité qu’il doit officiellement désigner en tant que chef du gouvernement. Une démarche diversement interprétée par les politiques et les constitutionnalistes. La question a fini par être repoussée à l’après élection présidentielle, comme l’avait souhaité Nida Tounes.

Une quinzaine de jours après la présidentielle, et une fois les résultats préliminaires puis définitifs proclamés, le nouveau locataire de Carthage a désigné le lundi 05 janvier, Habib Essid et l’a chargé de former son cabinet.

Le chef du gouvernement désigné dispose d’un mois, selon les délais constitutionnels, pour former son équipe. Le vendredi 23 novembre, il a révélé sa nouvelle composition gouvernementale qui a suscité une fronde générale dans le microcosme politique, pour ne pas répondre aux attentes, et ne pas être en phase avec les exigences de l’étape.

Après des annonces en cascade des forces politiques, quant à leur intention de ne pas accorder la confiance au nouveau gouvernement, Habib Essid se rétracte, rouvre un nouveau round de concertations avec les partis politiques, et en est déjà à remanier une équipe qui n’a pas été validée par le parlement, ni officiellement investie. Un fourvoiement jamais connu ailleurs, on n’a rarement assisté, dans les expériences comparées, à un remaniement avant terme. On ignore d’ailleurs le degré de légalité et de constitutionnalité d’un tel procédé, mais tout le monde semble fermer l’œil, et se satisfaire de ce système D au sommet de l’Etat.

A ce stade, les déclarations des chefs des partis politiques à l’issue de leur rencontre avec Habib Essid sont plutôt positives, mais rien n’est encore claire, quant à l’orientation que va prendre l’élargissement de la base de la coalition gouvernementale. Certains évoquent l’entrée d’Afek et du Front populaire, d’autres estiment nécessaire le ralliement d’Ennahdha, mais ce ne sont que des supputations.

La nouvelle composition gouvernementale est attendue pour la fin de cette semaine, afin qu’elle passe au vote en début de semaine prochaine à l’Assemblée, comme l’a annoncé Mohamed Ennaceur. Elle fera certainement des contents et des mécontents. Pourvu qu’elle passe et surtout qu’elle dure…
H.J.


 

Commentaires 

 
#3 RE: Tunisie : Plus de trois mois sans gouvernement, ça a pris 2 jours en Grèce
Ecrit par volvert     29-01-2015 14:47
Syriza a manqué la majorité absolue à deux sièges près, ce qui lui permet de former un gouvernement presque homogène, et le choix des alliances dans des délais rapides. Nidaa doit prendre en compte une situation toute différente, et composer avec d'autres partis pour s'assurer une majorité capable de lui garantir la mise en oeuvre d'une politique acceptable pour ses partenaires, sans se renier ni présenter l'image d'un parti tout-puissant, seule option pour gouverner dans la durée.
Ceux qui réfèrent à la constitution pour en prendre argument contre la lenteur de l'installation du gouvernement pourraient songer à ce que d'autres ont fait de la constituante, transformée en parlement, et reconduite durant près de trois ans, lorsqu'elle était élue pour une période limitée dans les textes à une année.
 
 
#2 A la vitesse des plus C...
Ecrit par A4     28-01-2015 12:45
LES CANARDS
Ecrit par A4 - Tunis - Le 30 Septembre 2013

Quand soudain tourne le vent
Les canards sauvages s’envolent
Volent en vé le chef devant
En priant le dieu Eole
D’être avec les survivants
Après cette course folle
Contre marée, contre vent
Contre mer et ses atolls
Ils ne peuvent même en bavant
L’œil rivé sur la boussole
Que traîner le fainéant
Dont les ailes sont un peu molles
Qui plane péniblement
En pitoyable guignol

Quand soudain c’est la tempête
Nuages bas, sans lumière
Sans vol plané des mouettes
Où tous les chants doivent se taire
Quand se cachent même les roussettes
En remontant l’estuaire
Tous les vers et anguillettes
Filent à l’intérieur des terres
Quand cette foule inquiète
Fuit le déluge, sa galère
Elle se bloque à la goulette
Face aux gros maquereaux qui errent
Ne pensant qu’à faire la fête
Dans le lit de la rivière

Quand sonne l’heure du voyage
Et qu’il faut tout emporter
Faire très vite tous ses bagages
Prendre ses antiquités
Préparer un attelage
De quatre bêtes bien montées
Avec rênes et cordages
Pour grande vélocité
N’oubliez pas cet adage
Qui dit en toute clarté
On a beau crier de rage
Frapper fort et fouetter
C’est la bête sans courage
Qui impose ses ratés

Quand soudain sans crier gare
Nous vint la révolution
On s’est dit en vieux ringard
Elle est là la solution
Oubliant que c’est un art
Qui demande formation
Et que jamais les ignares
Ne pratiquent l’évolution
Regardons dans le miroir
Perdons vite nos illusions
Ce n’est pas avec ces tares
Qu’on franchit le Rubicon
En pataugeant dans le noir
A la vitesse des plus cons
 
 
-1 #1 RE: Tunisie : Plus de trois mois sans gouvernement, ça a pris 2 jours en Grèce
Ecrit par Montygolikely     28-01-2015 09:12
La démocratie prend ses racines principales dans la cité d'Athènes dans la Grèce antique autour du Ve siècle avant J.-C.
Ils ont une sacré longueur d'avance nous...
 
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