Tunisie, pas de monopole turc sur l’aéroport d'Enfidha |
Publié le Vendredi 16 Octobre 2009 à 13:26 |
Sur le chantier de l’aéroport d’Enfidha en cours de finalisation, on entend autant de conversations en dialecte turc que tunisien. Et pour planter encore plus le décor, l’écran d’affichage à l’entrée du terminal mentionne un vol Tunis/Istanbul, mais ce n’est qu’une simulation. La destination ou la provenance du vol inaugural ne sont pas encore connues, à deux semaines du démarrage...dans l'attente de l’arrêté d’autorisation de navigation aérienne civile. L’aéroport d’Enfidha Zine El Abidine Ben Ali, est le fruit d’un partenariat public/privé entre TAV Airports Holding et l’Etat tunisien, dira Haluk Bilgi, PDG de la société TAV Airports holding Tunisie. Le consortium turc qui s’est vu octroyer par le gouvernement tunisien une concession de construction et de gestion de l’aéroport d’Enfidha sur 40ans, incluant la gestion de l’aéroport de Monastir sur la même période, exclut avoir subi de quelconques pressions pour respecter l’échéance de fin des travaux. La société TAV Tunisie avait à cœur d’achever les travaux aussi vite que possible pour générer des activités à même de faire fructifier ses investissements, précise Haluk Bilgi. D’autant que le consortium turc n’a pas été épargné par les retombées de la crise économique. N’eût été l’intervention des institutions financières internationales, l’on n’en serait peut-être pas là aujourd’hui. En effet, TAV a supporté 30% des investissements qui sont de 550 millions d’euros, le reste, soit 70%, a été fourni par des bailleurs de fonds dont la Banque mondiale. L’aéroport Enfidha n’est qu’à sa première phase, dont la capacité est de 5 à 7 millions de passagers. Il en comptera quatre ou six autres, selon l’évolution du marché tunisien. Objectif : atteindre 10 millions de passagers en dix ans. "Les études sur son extension jusqu’à 2017/2018 sont bien là, mais elles ont besoin d’être constamment actualisées du fait de l’évolution du trafic aérien et de l’affluence touristique", souligne Mohamed Cherif, PDG de l’Office de l’Aviation civile et des Aéroports. Un désordre de fin des travaux Même si l’aéroport est déjà sorti de terre, l’on parle d’un taux d’avancement de 90%, les travaux de finalisation restants semblent encore non négligeables. Le gros de l’infrastructure est en place : Duty free, Catering , ascenseurs, comptoirs d’enregistrement des bagages, de la douane et de la police des frontières, écrans et panneaux d’affichage et autre signalétique…mais tout est encore dans l’emballage, et il y règne comme un désordre de fin de travaux. Mais de là à être confiant dans le savoir-faire et la persévérance du personnel turc et tunisien pour que tout soit finalisé dans les délais impartis, il n’y a qu’un pas que les responsables du projet ont déjà franchi. La main-d’œuvre déployée sur le chantier est en majorité tunisienne. Plus de 30 000 Tunisiens ont contribué directement ou indirectement à la construction du nouvel aéroport. "Quelque 3600 ouvriers tunisiens sont en train d’y mettre les dernières retouches", épaulés par des Turcs que l’on croise aux coins et recoins de l’aérogare et au-delà. TAV Tunisie compte recruter 4 à 5 mille agents tunisiens, excepté la police, d’ici 2014. Elle compte même recruter des Tunisiens pour ses projets en Afrique et au Moyen-Orient, notamment à Qatar et Dubaï, satisfaite qu’elle est "de la grande expertise" de notre main d’œuvre locale. L’aéroport d’Enfidha est des plus modernes, le nec plus ultra en Afrique et en Europe du Sud, à en croire le responsable turc. De catégorie F, il peut accueillir n’importe quel avion, même des gros porteurs en l’occurrence l’Airbus A380. "Nous allons avoir des vols longs courriers, avec tout prochainement une liaison avec le Canada", annonce le PDG de TAV Tunisie en se vantant de la performance des équipements en place, "les plus modernes en matière de navigation aérienne". Et là, le tout nouvel aéroport est particulier par rapport aux autres aéroports tunisiens, avec une piste immense équipée d’un balisage, voire d’aides visuelles à la navigation aérienne, voulu par le concessionnaire turc, même si nos conditions climatiques ne l’exigent pas vraiment. L’aéroport est aussi doté d’une tour de contrôle de 100 mètres de haut à partir du sol, d’un oléo-réseau pour l’acheminement du Kérosène sur des kilomètres à la place des camions citernes, d’un système de sonorisation performant en vue de prévenir les nuisances acoustiques, de 400 mille m² d’espaces verts… "L’aéroport voué à servir essentiellement le tourisme va attirer plus de trafic que les autres aéroports tunisiens, il sera en concurrence avec Tunis-Carthage", dira le responsable turc même si le PDG de l’OACA parle plutôt de complémentarité. Et qu’adviendra-t-il de l’aéroport de Monastir ? Il continuera à tourner, "nous n’avons pas l’intention de le fermer d’autant qu’on s’est engagé d’y assurer 1,5 million de passagers au moins. "Le fait que l’appel d’offres d’Enfidha ait inclus Monastir constitue un gage de pérennité pour cet aéroport", renchérit Mohamed Cherif. Selon Haluk Bilgi, TAV Tunisie ne va pas avoir le monopole de la gestion du nouvel Aéroport. Le Duty free, le Catering…seront cédés à des partenaires dont les sociétés Tunisair Handling et Tunisie Catering. Des accords ont été, par ailleurs, conclus avec des sociétés du Moyen-Orient portant sur la gestion du Fret. D’autres accords ont été signés avec les trois compagnies tunisiennes Tunisair, Nouvelair, Karthago, qui polariseront 35% du trafic, ainsi qu’avec des compagnies charter. Et les redevances imposées aux compagnies aériennes ? A ce sujet, Mohamed Cherif, explique que la révision des redevances a nécessité l’amendement du code de l’aviation civile. "D’ores et déjà, cette opération ne se fait plus par décret, mais juste par une simple homologation avec l’accord de la tutelle, histoire d’introduire une certaine souplesse, et de pourvoir concurrencer les aéroports méditerranéens. Ces redevances n’ont pas bougé depuis 1991 jusqu’à ce qu’elles soient révisées pour la dernière fois en 2008". L’aéroport d’Enfidha va démarrer en novembre, avec la fin de la saison touristique, où le mouvement des voyageurs sera en baisse. "Le trafic aérien ne sera pas dense pour les compagnies aériennes. Mais, il repartira à la hausse au printemps", note le responsable turc qui se veut optimiste "la Tunisie est un pays émergent et a un potentiel énorme en termes d’affaires et de tourisme". Reste que pour rejoindre Enfidha, c’est une sacrée trotte à partir de Tunis. Une centaine de kilomètres, et plus d’une heure et demie de route. En attendant que le nouvel échangeur soit opérationnel, le chemin qui y mène est mal aménagé, voire délabré, notamment au niveau de l’entrée de l’aéroport, une véritable piste, sans aucun panneau de signalisation. Mais l’environnement est appelé à évoluer et l’aéroport sera mieux desservi…Des liaisons de bus sont prévues d’ici 2010, et une liaison avec le réseau ferroviaire est à l’étude. |
Commentaires
Ecrit par RAZIDU67 24-11-2009 20:57
juste une question si il ya des personnes qui peuvent me répondre combien c'est payer un contrôleur aérien en tunisie???
Ecrit par jenpensequoi 20-10-2009 17:23
Bon courage à tous ceux qui ont contribué à se projet pour rebondir vers de nouveaux jobs !
Ecrit par Cinoche 18-10-2009 10:43
Je veux juste rappeler modestement à la rédaction de Gnet que nous sommes en pleine campagne électorale. Et que depuis le début officiel de cette campagne (il y déjà une semaine) nous n'avons eu le plaisir de lire qu'un seul article qui traitait de ce sujet.
Alors, l'aéroport d'Enfidha c'est bien joli, mais je crois qu'il y a d'autres sujets d'actualité qui préoccupent plus les Tunisiens à l'heure actuelle.
Un article, sur l'IMPARTIALITE EXEMPLAIRE de l'ensemble des médias tunisiens dans la couverture de cette campagne, serait par exemple le bienvenu (simple suggestion).
Ecrit par ils lont voulus....ils lont 16-10-2009 23:47
c'est connu qui profitera ...
Pas moi !!!!
Ecrit par tunis2050 16-10-2009 19:06
il sont devenus \"genies\" par ces \"propres manieres\".