Tunisie : "Nous devons accepter et aimer la constitution" (Mourou)

Publié le Lundi 27 Janvier 2014 à 17:32
Abdelfattah Mourou lors de la conférence sur la liberté de conscience. «La liberté de conscience, la criminalisation de l’expiation et l’identité dans la nouvelle constitution » est  le thème d’une conférence organisée, le samedi 25 janvier 2014, par le Centre d’Etudes Islam et Démocratie.

Ali Al Euchi, professeur à  l’université Ezzitouna et membre de l’Union internationale des savants musulmans a parlé lors de cette rencontre qui a réuni plusieurs universitaires et politiciens de plusieurs bords, de la question du «Takfir» (accusation d'apostasie), entre les principes de la Chariaa, et les considérations politiques.  L’origine de cette rencontre remonte au débat soulevé par l’article 6 de la constitution évoquant la question de la liberté de conscience et l’interdiction du Takfir. « Plusieurs débats ont eu lieu au sujet de cet article…d’ailleurs dans son ancienne forme, il comportait plusieurs mines, qui ne pouvaient pas mener à la stabilité… », a-t-il dit.

Par ailleurs, selon lui, la question du kofr (ne pas croire en dieu et en son prophète) était une question de lois coraniques, mais que le fait d’accuser de Kofr était une question juridique qui devait relever des prérogatives des experts et des savants : «Il faut que certaines conditions se réunissent pour qu’une personne soit accusée de Kofr, et certaines conditions exemptent la personne de l’accusation de Kofr. Et ceci est une question très précise et très délicate. Il faut que la personne concernée ne soit pas contrainte au kofr, et  qu’elle ne soit pas ignorante ou qu’elle ait une interprétation propre à elle de la question, ou que la personne soit dans l’impossibilité d’appliquer les textes coraniques…toutes ces personnes ne doivent pas être accusée de Kofr », a-t-il expliqué en s’appuyant sur des exemples de l’histoire de l’islam et des compagnons du prophète.

«Même le prophète de l’Islam avait retardé l’application de certains préceptes car le contexte ne s’y prêtait pas. Comme par exemple la prière du vendredi, le prophète n’a pu la faire qu’à Medine,  alors qu’il était tenu de la faire à la Mecque. Il a également reporté son pèlerinage qui devait avoir lieu l’an 6 de l’hégire, mais il l’a effectué la 8ème année après la conquête de la Mecque», a rapporté Al Euchi, selon qui al Kofr n’est effectif que lorsque des textes élaborés par des Hommes sont considérés comme étant supérieurs aux textes divins, ou quand quiconque qui élabore une loi prétend qu’elle provient de Dieu.

Abdelfattah Mourou, avocat, penseur en Islam, et vice-président d’Ennahdha a déclaré pour sa part que la constitution récemment adoptée était « le fruit d’un militantisme populaire ». Selon lui, la spécificité de cette constitution est qu’elle n’a pas été écrite par des experts en la matière mais par les enfants du peuple.

« Mais je tiens à dire, que malgré cela, elle a été rédigée selon des équilibres politiques, et que certains de ses articles ont été arrachés, que certains de ses propos ont été dictés, et que cette constitution ne reflétait pas le dialogue national-qui aurait dû réunir tous les enfants de la patrie. Ce texte est le reflet d’un équilibre de forces politiques adverses qui veulent chacune prendre le dessus sur l’autre », a-t-il dit.

Mourou a dit avoir souhaité voir avant le début de l’élaboration de la constitution, la tenue de consultations nationales au sujet de questions précises qui concernent la société.  « Si nous voulons que cette constitution soit pérenne il faut que l’on comprenne que son acceptation est obligatoire, et non pas une question imposée…Nous n’avons pas écrit une constitution de la majorité, nous avons écrit une constitution consensuelle… », a-t-il dit. Il a ajouté que le peuple n’avait pas besoin d’un « faux consensus », ou d’un « consensus altéré, ou d’un consensus du vainqueur sur la vaincu, ou celui du cultivé sur l’ignorant…c’est pour cela que de pareilles rencontres devaient avoir lieu avant l’adoption de la constitution. Et pourquoi pas ne pas inviter le mufti de la république, les imams et les Cheikhs pour qu’ils nous donnent leur avis sur certaines questions, aujourd’hui très discutées », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, en s’adressant aux islamistes, Mourou rappelle que l’actuel Etat n’est plus celui des siècles de l’Etat Abbaside, Ottoman, ou Amaoui :  « C’est un Etat que nous n’avons pas choisi mais que nous ne pouvons pas refuser…Cet Etat veut que nous choisissions parmi les lois divines de ce qui est compatible avec notre ère…malheureusement les penseurs de l’Islam se sont trop attardés sur les lois et les préceptes individuels et n’ont pas accordé davantage d’intérêt aux questions de la Oumma, concernant notamment le régime du gouvernement…Sept ou 8 livres seulement ont été écrits à ce sujet », a-t-il regretté.

Se disant optimiste au sujet de cette constitution, Abdelfattah Mourou précise toutefois que pour voir ce texte traverser le temps, il faut qu’il soit bien compris et adopté par tous. «Nous devons tous nous soumettre à une loi unique, pour pouvoir vivre ensemble…comment maintenant les jeunes sont contre la liberté d’expression alors qu’ils ont souffert de l’absence de cette liberté, moi y compris », a-t-il dit rappelant ses conditions de détention très avilissantes, avant d’ajouter « Aux Islamistes et à tous les autres, il ne vous est pas permis de rejeter une liberté, de laquelle vous êtes les premiers bénéficiaires…alors considérez la constitution comme étant un acquis, que l’on aime…pensez-vous que la Tunisie a été bâtie en une seule journée ? Aujourd’hui il nous incombe de retrousser les manches et de travailler tous ensemble, islamistes et non islamistes. Et l’Islam en Tunisie est capable de bâtir un système libre, d’entraide, et de Choura, pour rompre cette chaine qui lie l’Islam au sous-développement », a-t-il terminé. 
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
-2 #3 y en a marre...
Ecrit par riadh     31-01-2014 20:11
Ils veulent pas se les garder pour eux leurs croyances et interprétations? et l autre qui dis que c est aux savants de dire qui est quoi.. je suis savant moi aussi? n'importe quoi tout ca... la politique, c est savoir déboucher des toilettes pleines de caca et de decider si le caca va a droite ou a gauche pour que la maison soit propre... la religion c est autre chose non????? et chacun sa vie quand on sait lire et ecrire et qu on a plus de 18 ans non???

marre de ce fond de commerce religieux, allez travailler bande de fainéants !
 
 
-2 #2 Chirk ?
Ecrit par ForzaaaRomaaaalééé     28-01-2014 13:07
Suis-je le seul à ne pas savoir quoi penser de cette constitution ? La Loi d'Allah ou la Loi des Hommes ? J'ai bien peur que se soit du Chirk toute cette affaire là !
Nos anciens doivent nous maudirent.
 
 
-2 #1 Kafir et alors?
Ecrit par Royaliste     27-01-2014 21:19
en quoi un kéfir est différent?

tout tunisien qui veut vivre en paix, travail paye ses impots doit jouir des memes droits.

discriminer les citoyens en fonction de leurs croyance, c'est ca votre compréhension de la démocratie ?
 
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