Tunisie, notre unité est menacée, une ligne rouge est franchie |
Publié le Lundi 18 Juillet 2011 à 22:37 |
La stabilité et la paix sociale de la Tunisie sont de nouveau mises à rude épreuve. Des troubles et des actes de violence sont survenus en concomitance le week-end dernier, avec un scénario quasi identique, affolant des populations, et semant la peur et le doute dans les esprits. A trois mois des élections du 23 octobre, et à l’heure où les Tunisiens attendent impatiemment cette échéance électorale, pour s’exprimer à travers les urnes, et réaliser ainsi l’un des principaux acquis de leur révolution, cette résurgence de l’insécurité semble être provoquée à dessein. Ses instigateurs cherchent à empêcher la volonté populaire de s’exprimer, et à torpiller le processus de transition démocratique, à même de sortir la Tunisie des ténèbres de la dictature vers les lumières de la démocratie. A qui profite le crime ? Qui cherche à faire peur aux Tunisiens, à les retourner les uns contre les autres, et à les diviser ? Le Premier ministre a parlé d’extrémistes religieux, et d’autres forces extrémistes de droite et de gauche, qui cherchent à déstabiliser la Tunisie. Il a pointé du doigt ceux qui usent du double langage, sans les nommer. C’est la première fois qu’Ennahdha est visé clairement par le Premier ministre, qui adopte ainsi une position posée avec insistance dans le débat public. Une partie de l’élite jette, en effet, l’anathème sur un coupable tout désigné, présenté comme étant la source de tous les maux, voire le péché expiatoire, à travers lequel on veut évacuer les angoisses et les peurs envers d’éventuelles dérives menaçant notre société tolérante et moderniste. C’est une vielle recette que l’on remet au goût du jour. On oppose deux projets : l’un est démocratique, laïc, et moderniste, et l’autre est obscurantiste, religieux et fanatique. Dans cette vision manichéenne, on interpelle la conscience des Tunisiens, et on leur demande de choisir entre le progrès ou le déclin, l’ouverture ou l’enfermement, la démocratie ou le despotisme. Ce discours porte en lui les germes de la négation et de l’exclusion de l’autre. C’est un discours éradicateur en fait, dont les auteurs veulent faire croire qu’ils sont les seuls gardiens du temple tunisien, qu’ils sont le rempart contre les dérives, et les menaces. Se soucier du présent et de l’avenir de la Tunisie, de son invulnérabilité, l’immuniser contre tous les dangers, renforcer sa capacité à dépasser cet épisode transitoire délicat et critique, est un devoir de chaque Tunisien patriote. Se croire plus Tunisien que les autres et plus patriote que les autres, serait se tromper et induire les autres en erreur. Vouer aux gémonies et aliéner une partie de la population, revient à semer la discorde et à attenter à l’unité du pays, et c’est là, une ligne rouge qui ne doit jamais être franchie. A fortiori que le peuple tunisien qui a réussi, grâce à son intelligence et son courage, à destituer une dictature que l’on croyait déracinable, ne se laissera jamais faire, et n’acceptera plus d’être considéré comme un mineur, à qui l’on montrera la voie à suivre ; il saura séparer, tout seul, le bon grain de l’ivraie. Le régime démocratique que l’on veut bâtir, a besoin de l’apport de tous les Tunisiens et Tunisiennes, quelles que soient leur appartenance politique ou idéologique, pour peu qu’ils respectent le jeu démocratique, et qu’ils convergent tous leurs efforts vers la construction du vivre ensemble auquel on aspire tous. La Tunisie est un petit pays, ce qui nous rassemble et beaucoup plus grand que ce qui nous divise. Le fait que nous ayons des visions différentes, ou des désaccords idéologiques et politiques, est tout ce qu’il y a de plus normal dans une démocratie. La démocratie naissante en Tunisie arrivera à maturité par la diversité, qui est facteur de richesse. Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice. S’efforcer à faire entrer tout le monde dans le même moule, serait caresser des envies autocratiques révolues. La Tunisie aspire aujourd’hui à un projet nouveau, avec une totale rupture avec le passé. Haro sur l’exclusion et la diabolisation de l’autre. Soyons soudés dans notre diversité, et solidaires malgré nos différences, pour l’amour de la Tunisie. Arrêtons de nous entredéchirer et nous accuser mutuellement. C’est uniquement, en étant solidaire et en faisant valoir l’intérêt national suprême de la Tunisie, que l’on arrive à juguler tous les dangers, et déjouer toutes les tentatives visant à faire avorter notre révolution et notre marche vers la démocratie. On nous dit aujourd’hui que la Tunisie est dans la visée des extrêmes, qui veulent attenter à notre stabilité et notre sécurité. Une accusation floue qui ne nous avance pas à grand-chose. Qui sont ces extrêmes ? A quels partis appartiennent-ils ? A-t-on des preuves à charge à leur encontre, si c’était le cas, que les choses soient dites clairement, que l’opinion publique soit éclairée, et que les coupables soient jugés. A défaut, rester confiné dans le même ghetto de pensées, et sortir le même disque rayé, ne convainc plus personne. Il est clair aujourd’hui que la rupture avec le passé semble peiner à se traduire dans les faits. On le constate au niveau du discours, mais aussi des actions. Certes, l’action du gouvernement est loin d’être une sinécure, et personne ne nie l’importance des tâches accomplies, mais ce même gouvernement qui a la responsabilité de mener le navire tunisien à bon port à la date des élections doit tenir compte de l’état émotionnel du peuple tunisien, et se garder de heurter ses sensibilités. Prendre des mesures impopulaires, procéder à des nominations de personnalités contestées à des postes clef sont des provocations, dont on se serait volontiers passé. D’autant plus que la Tunisie regorge de compétences et de personnalités nationales recommandées et respectées. Le peuple tunisien a besoin d’être rasséréné et rassuré. C’est là le rôle du gouvernement qui doit aussi arbitrer le débat public et favoriser le consensus entre les différentes sensibilités politiques légalisées, sans partis-pris, ni ambiguïtés dans le propos. H.J. |
Commentaires
Ecrit par chkikir 25-07-2011 00:04
Ecrit par aloulou 21-07-2011 15:37
Ceci tous simplement car ennahdha n'est pas un parti politique, mais un parti idéologique. Donc ils ne peuvent pas jouer le jeu démocratique comme vous l'avez si bien dis. Je n'ai rien contre les islamiste, du moment qu'on joue avec les même règles, je serais tout à fait prêt a vivre dans une république démocratique islamiste si 50% des tunisiens+1 le souhaitent. Mais tant que ces cafards ne seront pas écartés définitivement, alors j'aurais peur pour mes libertés.
Pour répondre à votre question "a qui profite le crime ?", je vous dirais tous simplement : à vous monsieur l’analyste politique!
Le crime est d'avoir déclarer la guerre à ennahdha, le gain est votre liberté. Celle-là même qui permet aujourd’hui, à vous, de critiquer le premier ministre, et à moi, de vous répondre.
Ecrit par riadh 20-07-2011 13:41
Ecrit par MARRE 19-07-2011 22:41
Le drame que nous vivons est principalement lié à l’insécurité qui persiste par manque d'effectifs.
Nous voulons travailler, nous voulons établir une culture démocratique pour une société meilleure dans laquelle il n'y a de place ni pour casseurs ni pour criminels.
Ecrit par Mohamed 2 19-07-2011 18:22