Tunisie : Nida attentiste, Ennahdha désire le pouvoir, mais ne l’avoue pas

Publié le Mardi 11 Novembre 2014 à 17:23
Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi. Depuis la proclamation des résultats des législatives, les spéculations vont bon train sur la nature du futur gouvernement, censé diriger la Tunisie pendant un quinquennat. Trois principaux scénarios sont préconisés. Le premier porte sur un gouvernement de coalition formé autour des deux principales forces du Pays Nida Tounes et Ennahdha ; le deuxième suggère un gouvernement issu de la majorité parlementaire, rassemblant Nida et des partis de la même mouvance, et le troisième évoque un gouvernement de compétences nationales, voire de technocrates.

A ce stade, Nida Tounes,  parti vainqueur du scrutin du 26 octobre, lance des pistes, sans pour autant dévoiler ses intentions quant à la manière dont il compte diriger le pays pendant les cinq ans à venir. A priori, le mouvement majoritaire prône le consensus et la politique de la main tendue, et s’efforce de balayer les accusations qui lui sont adressées d’être une résurgence de l’ancien régime. Le mouvement de Béji Caïd Essebsi semble néanmoins attentiste, en ajournant ses décisions décisives à l’après-élection présidentielle. Et là, les choses différeront selon que son candidat sorte vainqueur du scrutin, et le parti aura ainsi toutes les manettes entre les mains, ou le perde, et Nida se contentera le cas échéant de conduire le gouvernement.

Dans le premier cas, l’on sera face à une configuration, classique dans les démocraties anciennes, où le parti de la majorité est au pouvoir, accaparant le tandem de l’exécutif, et l’Assemblée nationale, et la minorité est dans l'opposition, à l’instar de la France actuelle, avec la gauche au pouvoir et la droite dans l’opposition.

Dans le cas contraire, celui de l’accession d’un candidat démocrate à Carthage, on sera dans une configuration de cohabitation, où les deux têtes de l’exécutif,  le chef du gouvernement et le président de la République n’appartiennent pas à la même famille politique.

Plusieurs scénarios sont envisageables, mais rien n’est encore sûr, même pas pour les partis politiques qui baignent dans le flou artistique. L’attitude de Nida qui reste tributaire de l’élection présidentielle, est celle qui déterminera, de gré ou de force, la position d’Ennahdha.

Le mouvement islamiste, tout aussi dans l’expectative, fait profil bas et attend que des propositions lui soient faites par le parti de la majorité. Tout en exprimant des prédispositions à accepter une éventuelle offre d’entrée au gouvernement, ses dirigeants cherchent à se montrer naturellement à l’aise, si jamais ils seraient amenés à s’installer dans l’opposition. Au-delà de cet ascétisme affiché envers le pouvoir, il y a bien là, ce que l’on avoue et ce que l’on tait, voire le latent et le patent.

Ennahdha a à cœur à faire partie du cercle de décision à la future étape, que ce soit au gouvernement, ou à la présidence du parlement. C’est ce qui explique d’ailleurs, ne serait-ce qu’en partie, la dernière décision de son instance suprême, Majless al-Choura, de ne soutenir aucun candidat à la présidentielle et de laisser le libre choix à sa base et ses électeurs.

Ennahdha n’imaginait pas trop qu’il allait être détrôné de la première place par Nida Tounes aux législatives, et était plutôt persuadé de ses chances de tenir de nouveau les rênes du pays et d’optimiser l’expérience qu’il a acquis à la tête de la troïka, mais à son grand dam, les urnes en ont voulu autrement.

Dans le cas d’espèce, il ne s’agit pas tant d’une simple quête, voire d’une reconquête du pouvoir, comme il en caressait l’espoir avant le scrutin, mais plutôt d’un gage pour le mouvement islamiste que les choses ne prennent pas une mauvaise tournure, et que la politique d’antan ne ressuscite.  

L’attentisme distingue aussi les entités politiques classées troisième et quatrième au dernier scrutin, respectivement le Front populaire et l’Union patriotique libre, qui ne se prononcent pas clairement quant à leur futur positionnement sur la scène politique, tenant par moment des déclarations à hue et à dia. Là aussi, ces deux formations qui se présentent à la présidentielle par leurs propres candidats, attendent les résultats du scrutin du 23 novembre pour se positionner.

Dans cette atmosphère d’incertitude ambiante, Afek Tounes ragaillardi par sa cinquième place est ses huit sièges, et non concerné par l’élection présidentielle, cherche à la mi-temps à avoir un rôle de leadership et fait des propositions, mais cela ne saura trop durer. Une fois les élections présidentielles auront livré leurs secrets, chaque parti retrouvera son rôle naturel, et l’on découvrira à ce moment là, les réelles intentions des uns et des autres.
H.J.


 

Commentaires 

 
#2 nidaa tounes parti démocrate lool la bonne blague
Ecrit par bofbofobfo     20-11-2014 04:27
Vous êtes cons ou vous faites semblant?
nidaa tounes est tout sauf democrate!!! il est peut etre républicain de droite mais n'est pas du tout démocrate de une
donc quand tu écris quelque chose aies connaissance de ce que tu évoques avant de dire n'importe quoi.

de deux nidaa tounes est un parti qui rassemble tous les anciens du pouvoir rcdiste et personne ne peut nier ça si les gens votent nidaa tounes c parce q'ils ont trop peur de la montée de l'islamisme en tunisie c'est tout donc il s'agit de tout sauf d'un vrai vote adhérent ou convaincu et personne ne peut nier ceci il suffit de voir les commentaires sur les réseaux sociaux.. tout le monde sait que facebook est le miroir du peuple tunisien ...

et troisieme chose hawm tal3in lel 7okm et vous allez voir la démocratie :)
jaw tou tchi5ou beha
5arajtouhom b dégage raja3touhom bel vote!
quelle logique :)
beji caid essebsi a plus de 80 ans il devrait être dans une maison de retraite a raconter à ses enfants ses anciens jours aux cotés de bourguiba et de ben ali mais lui encore à la fin de ses jours cherche encore et court encore après le pouvoir......

un collabo du systeme
 
 
#1 honneteté a géométrie variable
Ecrit par Royaliste     11-11-2014 20:21
Dans le cas contraire, celui de l’accession d’un candidat démocrate à Carthage

vous sous entendez que nida tounes est un parti non-démocrate? il est quoi alors? un parti totalitaire? sur quoi vous vous basez pour classer les partis politiques entre démocrate ou non-démocrate?

un partie qui appel a la violence est-il démocrate? un appel qui utilise les milices du LPR est-il démocrate?
un parti qui a utilisé les salafistes est-il démocrate?
un partie qui a brulé des citoyens dans les années 80 est-il démocrate?

2- nahdha veut etre proche du pouvoir pour etre certaine de garder ses avantages, entre autres les recrutement illégaux et hors concours dans l'administration, les millions dépensés pour indemniser/récompenser ses militants.... ces méthodes sont démocratiques?
 
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