Tunisie : Néjib Chebbi reconnaît avoir commis deux "erreurs tactiques" |
Publié le Lundi 26 Mai 2014 à 17:00 |
Néjib Chebbi a reconnu avoir commis deux erreurs tactiques pendant la période postélectorale. Invité de l’émission, Pour celui qui ose seulement, sur Ettounsya, il a expliqué dimanche soir les raisons de ses divergences avec Ennahdha avant et après les élections du 23 octobre, chose qui l’a incité à choisir le camp de l’opposition. Mais, cela semble être de l'histoire ancienne. Tout en niant toute alliance avec le mouvement islamiste en ce moment précis, Chebbi n’y voit pas d’inconvénient, "si l’intérêt de la Tunisie l’exige". Le leader d’al-Joumhouri a exclu toute ambition personnelle d’accéder à la présidence, percevant la mission présidentielle comme "un sacrifice". Le chef du haut comité politique d’al-Joumhouri a fait son mea culpa et a reconnu avoir commis deux erreurs pendant la période postélectorale. Union pour la Tunisie : "Si c’était à refaire, je ne le referai pas" La première a trait au ralliement de son parti à l’Union pour la Tunisie. "Béji Caïd Essebsi a lancé un appel en janvier 2012 pour le rassemblement des démocrates en vue de créer un équilibre du paysage politique en prévision des échéances électorales. J’ai répondu à cet appel, mais il s’est avéré que l’objectif électoral n’était pas constant, et la base politique de ce rassemblement n’était pas claire, dans la mesure où les tensions politiques étaient la règle entre nous pendant une année", a-t-il souligné, admettant que son entrée à l’union pour la Tunisie a nui à son parti al-Joumhouri et a créé un équilibre au profit de Nida Tounes. "Si c’était à refaire, je ne le referai pas", a-t-il asséné. La deuxième erreur concerne la décision prise en 2012 de créer un parti centriste fort, qui s’est illustrée par la fondation d’al-Joumhouri. "Il s’est avéré qu’il y ait eu précipitation quant à réunir les composantes de ce parti, l’expérience de ce rassemblement n’a pas réussi", a-t-il regretté. Selon ses dires, ces erreurs sont d’ordre tactique, et ne concernent pas les grands choix ce sa formation. Nejib Chebbi a, par ailleurs, imputé les résultats décevants de son parti (le PDP d'alors) aux élections à quelques erreurs politiques, mais essentiellement à des erreurs de communication. Chebbi s’est défendu de toute ambition personnelle pour l’accession à la présidence. "Si j’ai une ambition à cet âge, c’est de me reposer", a-t-il affirmé, ajoutant : "je regarde la vie politique avec responsabilité, si je décide d’être candidat aux présidentielles, c’est pour avoir une position influente dans la vie nationale, et répondre aux attentes des gens que j’ai rencontrés dans les différentes régions du pays. Ce n’est qu’un sacrifice dans la chaîne des sacrifices que j’ai consentis (et ce sera pour un seul mandat), je ne cherche ni la célébrité, ni les privilèges". Sur la question de savoir s’il pense que l’accession à la présidence passe par Mont-plaisir (siège d’Ennahdha), il a laissé entendre qu’il ne voit pas d’inconvénient à une telle rencontre, si elle se fait avant les élections d’une manière transparente, sur la base d’un programme pour servir la Tunisie, et non pour servir des considérations partisanes. S’agissant d’un supposé rapprochement avec Ennahdha qui lui est imputé, il a rétorqué : "On a ni peur, ni honte de se rapprocher d’Ennahdha. On l’a fait sous Bourguiba, on les a défendus dans le procès de 1987, on est entré en prison pour cela, et des démocrates n’étaient pas d’accord avec nous là-dessus," a-t-il dit, rappelant avoir été avec Ennahdha dans la coalition du 18 octobre. Il a récusé toute alliance avec Ennahdha, estimant qu’al-Joumhouri est à égale distance de tous les partis. "On n’a pas de relations particulières avec Ennahdha, cela n’exclut pas que cette relation soit instaurée, si l’intérêt de la Tunisie l’exige, et ce sera dans la transparence", a-t-il réitéré. "Je suis un ami personnel de Ghannouchi" Au sujet de ceux qui l’accusent d’avoir eu des rencontres secrètes avec Rached Ghannouchi en plein combat dans l’opposition, il a rappelé avoir rencontré Ghannouchi sous Ben Ali, "je me rendais à Londres pour rencontrer Ghannouchi et à Paris pour rencontrer les dirigeants islamistes, et je le faisais ouvertement et je retournais au pays la tête haute". Quant à ses rencontres avec Ghannouchi (au moment du règne de la troïka), il a dit qu’elles avaient pour but de parvenir au consensus. A la question de savoir s’il considère Rached Ghannouchi comme un ami personnel, il a répondu : "Tout naturellement, je suis son ami personnel. J’ai connu Ghannouchi en 1984 et j’étais son avocat", a-t-il dit, estimant que l’influence de Ghannouchi dépasse la Tunisie, et qu’il s’en est aperçu en se rendant au Yémen et en Mauritanie en 1990. Il a dit vouer un respect particulier à Rached Ghannouchi et à Béji Caïd Essebsi, qu’il connait depuis 10 à 15 ans, indiquant qu’il se tient à égale distance des deux hommes. Chebbi a affirmé que la période consécutive aux élections doit être appréhendée sous le signe du consensus. "Tout parti qui gagnera aux élections, doit réaliser le consensus national, pour que la Tunisie se stabilise, que la démocratie y soit consacrée et qu’on relève les défis, sinon le pays ne va plus progresser". Les raisons des divergences entre Chebbi et Ennahdha Sur la question d’Abdelfattah Mourou (invité de l’émission) qui lui reprochait d’avoir marqué rapidement ses divergences avec les autres partis que la révolution a habilités à jouer un rôle national à l’occasion des élections du 23 octobre, il a expliqué avoir eu une grande divergence avec Ennahdha à l’époque. "Avant la révolution, je voyais que la Tunisie allait entrer dans un grand affrontement, qui requerrait une solution politique. On a demandé de former un gouvernement de salut chargé de dissoudre les conseils non élus, d’amender les lois et de préparer des élections générales. Lorsque Ben Ali s’est enfui, Mohamed Ghannouchi a appelé l’opposition à former un gouvernement consensuel pour mettre la Tunisie sur la voie de la transition démocratique, j’ai accepté cet appel, et Ennahdha l’a décliné. C’est à ce moment là que le désaccord a surgi", a-t-il relaté, ajoutant :" ils ont œuvré à faire tomber le gouvernement auquel j’appartenais. Il y avait un vide au niveau de l’Etat, et il y avait une divergence entre Ennahdha et nous sur la manière de le combler. C’était un conflit naturel, basé sur une divergence autour de l’appréciation politique". Il a rappelé avoir félicité Ennahdha de sa victoire aux élections avant même que les résultats officiels ne soient annoncés, soulignant qu’il n’a pas souhaité être dans les quotas partisans (allusion à la troïka ) préparés avant les élections, et à choisi l’opposition. Gnet
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Commentaires
Ecrit par Pseudo 29-05-2014 08:02
C'est plus rapide de trouver ces prouesses que d'énumérer ses "erreurs tactiques"
Ecrit par salah 28-05-2014 18:35
Ennahda offre son meilleur visage pour avoir le pouvoir et une fois qu'elle l'a, elle conduit la Tunisie à la ruine.
Monsieur parle de l'intérêt de la Tunisie. Tous ces calculs ont pour objectif de se mettre en bonne position pour le pouvoir.
C'est lamentable.
Et ensuite, il se demande pourquoi il coule avec son parti.
Aucun tunisien responsable ne peut voter pour lui.