Tunisie, Mustapha Ben Jaâfar recadre pouvoir et opposition

Publié le Vendredi 12 Octobre 2012 à 21:53
Mustapha Ben JaâfarMustapha Ben Jaâfar s’est présenté dans son adresse au peuple tunisien de ce soir (vendredi) en un sage rassurant et cherchant à apaiser les tensions. Il a admonesté tant le gouvernement que l’opposition, affirmant que l’autorité originelle dans le pays revient à l’Assemblée nationale constituante, que la légitimité électorale est imparable, et que le consensus complète cette légitimité…

Le président de l’assemblée nationale constituante s’est attardé sur le climat d’inquiétude qui règne en Tunisie, du fait que "le citoyen doute de tout : de l’autorité, de l’administration, du gouvernement, de l’opposition, de l’Assemblée nationale constituante, des députés, et des médias".

Il a reconnu que les Tunisiens sont aux prises avec des problèmes dont le chômage, et aspirent à améliorer leurs conditions de vie, et à augmenter leurs salaires, indiquant que "le climat de liberté a fait croire à certains qu’ils peuvent se faire justice eux-mêmes, à faire des sit-in, des grèves anarchiques, à mener des agressions contre les institutions et à observer des grèves de la faim en mettant leur vie en péril".

Cette tension est due, selon Ben Jaâfar, "à la rigidité des positions" des uns et des autres. "Certains attestent que ce gouvernement est le meilleur de l’histoire, alors que d’autres pointent son échec cuisant, et disent que le pays va droit dans le mur, ni l’un, ni l’autre n’a raison", a-t-il asséné.

Mustapha Ben Jaafar a critiqué "ceux qui jettent de l’huile sur le feu, allant jusqu’à regretter la fuite de l’ancien président, pour semer encore l’anarchie". Il salué "l’armée républicaine et nationale qui s’est toujours tenue de la même distance de toutes les sensibilités, loin des tiraillements politiques".

Ben Jaafar s’est présenté en arbitre de cette partie difficile qui se joue, à l’heure qu’il est, en Tunisie. "Le gouvernement n’est pas immunisé des erreurs, et doit avoir l’audace de le reconnaître. Si un ministre n’a pas donné les résultats escomptés, il peut être changé", a-t-il admis en substance.  Il a reproché à l’opposition "ses positions rigides", qu’il juge négatives, expliquant que cela est dû à un sentiment de marginalisation et d’abattement. "Le fait qu’un constituant ait recours dans cette période historique que vit la Tunisie à une grève de la faim, cela traduit le faîte du désespoir. Le député a le sentiment d’un despotisme de la part de la troïka", a-t-il dit empathique.

Ben Jaâfar a exhorté le gouvernement à avoir "une gestion transparente, à faire preuve de courage et à reconnaitre ses erreurs, et à avoir recours au dialogue pour régler les situations difficiles dans les régions".

Le président de l’assemblée a désapprouvé le langage de haine, les invectives, les agressions physiques qui ont cours. "Il  est inadmissible que  cette tension continue, la solution est que la classe politique, dans toutes ses composantes, parvienne au consensus. Elle doit s’asseoir à la même table, et s'accorder sur les principales questions pour les six à sept mois à venir pour mener la Tunisie à bon port, à travers l’organisation d’élections démocratiques et transparentes", a-t-il souligné en substance.

Le président de l’assemblée s’est voulu rassurant : "les tractations au sein et en dehors de la troïka, ainsi que dans la société civile, sont sur le point d’aboutir". Au niveau des partis, "il y a un débat pour parvenir à des points de convergence au niveau de la constitution, dont le texte doit être précis, clair, sans ambiguïtés, et qui reflètera l’image de la société tunisienne modérée, enracinée dans son identité arabo-musulmane et ouverte aux valeurs universelles et aux autres civilisations".
 
Il a promis le consensus autour du régime politique, qui sera "un régime démocratique, avec un équilibre et une séparation des pouvoirs, une justice indépendante et une Cour constitutionnelle".

Ben Jaâfar a aussi évoqué les instances constitutionnelles, en promettant" une instance électorale indépendante, qui sera dirigée par des personnalités au dessus de tout soupçon, une instance des médias issue des professionnels connus pour leur impartialité, leur honnêteté et leur respect de l’éthique, afin que les médias soient au service du peuple, et une instance de la magistrature". "Si le consensus avance sur ces points, on pourra avoir des indices sur l’échéance des élections qui ne peut être arrêtée qu’à l’issue de la création de l’instance électorale", a-t-il expliqué.

Mustapha Ben Jaâfar a salué l’initiative de l’UGTT qui est en train de rapprocher les points de vue, précisant qu’après tout cela (NDLR : la concrétisation de l’initiative de la centrale syndicale), tout va revenir à l’assemblée nationale constituante, l’autorité originelle dans le pays". Il a mis en garde contre ceux qui cherchent à semer le trouble, estimant inconcevable de remplacer la légitimité électorale par la légitimité consensuelle. "Le consensus complète la légitimité", a-t-il affirmé, promettant une clarification de la situation dans les prochains jours.

Le président de l’ANC en a appelé au patriotisme des Tunisiens, "le Tunisien est intelligent, lucide et patient", a-t-il admis, en s'engageant : "Nous serons fidèles à la Tunisie, à notre révolution, et à ses martyrs".

H.J.


 

Commentaires 

 
+2 #5 RE: Tunisie, Mustapha Ben Jaâfar recadre pouvoir et opposition
Ecrit par citoyen1     15-10-2012 17:55
MBJ veut jouer le rol du leader rassembleur
seulement il n'est ni leader, il suufit de voir l'etat de son parti ETTAKATOL,
et encor moins rassembleur!

De plus depuis le 23 Octobre 2011 a ce jour il n'a été que le valet de Gannouchi
et il a tous fait pour rendre l'ANC une simple chambre d'enregistrement des volontés d'ENNAHDA.

Si le pays est dans cet etat aujourdhui, MBJ en porte une bonne part de responsabilité.
 
 
-6 #4 Encourageant
Ecrit par Mohamed D     13-10-2012 19:54
Je salue MBJ qui a remis les choses en place. Tout citoyen digne de ce nom doit veiller à renforcer la légitimité de l'ANC et contribuer au bon passages vers les prochaines élections sans polémiques inutiles.
 
 
+3 #3 comme un poisson
Ecrit par Royaliste     13-10-2012 13:46
il sort le meme jeu. je ne suis ni avec vous ni avec les autres, je suit le vent et le pouvoir...comme avant les elections...il est resté vague jusqu'a la découverte des gagnats et la il a remodelé sa position :politicienn opportuniste sans principes
 
 
#2 RE: Tunisie, Mustapha Ben Jaâfar recadre pouvoir et opposition
Ecrit par eshmoun     13-10-2012 10:20
Je partage le point de vue de mr Jebari;je relève par ailleurs que l'une des propositions du Président semble dégager de vagues effluves de certaines tentatives de "pacte national" vite enterré : un recours aux recettes du passé ? rien de bien nouveau sous le soleil sauf qu'à l'époque le "promoteur" avait toutes les cartes en main ....en cas de désaccord... avec les suites que l'on sait !dans la situation actuelle pas d'alternative : accord ou saut dans l'inconnu .
 
 
+5 #1 Trop tard !
Ecrit par Tahar JEBARI     13-10-2012 06:16
Il essaie de rattraper le terrain perdu par rapport à Marzouki. Cependant le style de Marzouki est plus concret. Sahha Ennoum si MBJ !
C'etait justement à vous d'être à égale distance de tous. Mais je pense que c'est trop tard. Tout le monde se rappelle encore de la manière dont vous avez traité les uns e les autres. Je parle des membres de l'ANC appartenent à des courants opposés.
En tout cas inchallah FHIMTNA !
 
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