Tunisie, Moncef Marzouki au chevet d’un corps malade

Publié le Lundi 12 Décembre 2011 à 21:04
Moncef Marzouki, président élu de la Tunisie.Moncef Marzouki est monté sur le pavois, en tant que quatrième président de la Tunisie. Médecin de profession, Dr Marzouki doit être au chevet d’un corps malade, et apaiser les gémissements d’un peuple, que les longues décennies de dictature ont lourdement affaibli.

Après l’accession de Mustapha Ben Jaâfar sur le perchoir de l'assemblée constituante, c’est au tour de Moncef Marzouki d’accéder ce lundi 12/12/2011 à la fonction suprême, en concrétisation d’une deuxième clause du pacte tripartite de la troïka majoritaire à l’issue des élections du 23 octobre. Les choses vont maintenant s’accélérer. Une fois, il aura prêté serment, et prononcé son discours d’investiture, le nouveau président chargera, comme convenu Hamadi Jebali, SG d'Ennahdha, de former un nouveau gouvernement de coalition, dont l’annonce doit intervenir dans les tous prochains jours. Sitôt dévoilée, l’équipe gouvernementale doit se remettre au travail pour s’acquitter des missions cruciales qui l’attendent et répondre aux  urgences impérieuses en termes de relance de l’économie, de lutte contre le chômage, de promotion des investissements, de prise en charge des familles des martyrs et des blessés de la révolution, d’accélération de la mise en place des mécanismes de la justice transitionnelle…et la liste est encore longue.

La Tunisie sera donc dirigée par une coalition. Chose que le président élu a prédit dès le départ.  "L’homme providentiel et le parti unique sont des restes de l’idéologie totalitaire et la Tunisie doit être dirigée par un gouvernement de coalition", déclare-t-il dans une interview accordée à Gnet  le 4 mai dernier. Le déroulement des événements lui donne raison, et le voici l’un des piliers de cette gouvernance collégiale qui veillera aux destinées de la Tunisie pendant cette deuxième période transitoire et constitutive, pleine de défis.

Dès son retour d’exil, le 17 janvier dernier, le nouveau chef d’Etat a refusé de s’inscrire dans une logique de bipolarisation Gauche/droite, estimant que la Tunisie a besoin de tous ses enfants pour sortir de l’ornière. Dans une conférence de presse qu’il a tenue au lendemain de la proclamation partielle des résultats du Scrutin, Moncef Marzouki a exprimé son attachement aux valeurs de démocratie, des droits de l’Homme,  et de modernité, lesquelles peuvent être préservées "sans entrer dans une guerre idéologique, et sans bataille entre deux pôles, le moderniste et l’islamiste". Il considère la violation des droits de l’Homme comme "une ligne rouges", "s’il y a des parties qui la franchissent, nous sommes capables de retourner à l’opposition", prévient-il. Il se dit  "attaché à l’identité arabo-musulmane sans que cette identité soit un facteur d’enfermement ou un paravent pour l’instauration du despotisme".

Pour le nouveau chef d’Etat dont le parti, le CPR, n’est pas signataire du document du processus transitoire de la haute instance d’Yadh Ben Achour,  "le prochain gouvernement doit pouvoir mettre en place des réformes et ne pas être bloqué par un horizon temporel d’une année. La Tunisie ne peut pas supporter encore une fois une période intérimaire aussi longue", admet-il.

Moncef Marzouki plaide pour des états généraux sur l’éducation, l’emploi, l’économie, la justice… où tous les partis apporteront leurs idées, en vue de dégager des pistes de solutions et de réformes.

Le Président élu, parfait bilingue et auteur d'ouvrages aussi bien en français qu’en arabe sur la médecine et les droits de l’Homme, est un défenseur invétéré de la langue arabe. Dans une tribune sur le site d’al-Jazeera, datant de novembre dernier, il considère l’arabe comme la colonne vertébrale de la nation. "Contrairement aux autres nations, la nôtre n’habite pas un territoire, mais une langue, celle-ci est le premier et dernier dénominateur commun de tous ses peuples. Et partant, tout affaiblissement de la langue est une manière d’attenter à l’existence de cette nation, et à ses peuples", écrit-il.

Marzouki qui se dit unioniste et non nationaliste, veut qu’on en finisse avec "la politique du face à face, où le Maghreb utilise le français, et l’Orient l’anglais, en lui substituant une politique à multiples issues, comme le fait d’avoir en Tunisie des lycées pilotes tuniso-français, tuniso-anglais, tuniso-chinois, tuniso-nippons, tuniso-coréens, tuniso-espagnols, tuniso-portugais ; les générations seront ainsi ouvertes sur différentes cultures, et on se serait ainsi affranchi de toute dépendance culturelle qui nous cantonne dans une seule langue".

Moncef Marzouki a toujours revendiqué sa liberté de pensée, et d’opinion, même si c’est au prix de se démarquer de ses troupes. Il l’a prouvé tout récemment en plaidant pour le référendum sur la constitution, lors du débat sur la mini-constitution à la constituante, "pour permettre au peuple d’assimiler et de s’approprier sa constitution".

L’homme est connu pour sa probité, c’est ce qui explique qu’une importante frange des Tunisiens, a donné ses voix a son parti lors des élections du 23 octobre. Parviendra-t-il à en faire une règle tant au sommet de l’Etat qu’à sa base ?
Gnet



 

Commentaires 

 
+6 #4 Discours
Ecrit par TunisiaLover     13-12-2011 10:10
J'attends de voir son premier discours, il a intérêt qu'il soit impeccable de digne de la révolution et de la confiance du peuple...
 
 
+1 #3 Marionette
Ecrit par Royaliste     13-12-2011 03:27
je veux bien vous croire mais le monsieur n'a aucun pouvoir.

le tunisien aime donner des chèques en blanc a ses politiques, on a fait pareil avec Bourguiga, après avec Zaba et aujourdhui Marzougui président avec un contrat a durée indéterminée.
 
 
-4 #2 ce type est bien par contre ...
Ecrit par wxw     13-12-2011 02:16
par contre il y a matière
a réflexion ou simplement un point a éclaircir concernant le suffrage pour une constituante et son but ,
pour moi ; je pensais qu'une assemblée constituante a pour fonction d'établir une nouvelle constitution et non un parlement , a ma surprise au lendemain des résultats c'est un parlement qui s'est constitué au lieu d'une assemblée constituante . déja ça c'est énorme en plus comme je ne suis pas tunisien et que dans mes propres conviction mon approche de la chose public se limite a une opinion du fait que j'ai jamais aspiré a gouverner ou a exercer un mandat électorale ce genre de choses ne m'intéressent pas mais cela ne m'empeche pas d'avoir une opinion étant citoyen du monde en usant dans mon analyse de la comparaison des états de certaines nations qui ont la chance d'avoir un personnel politique de grande qualité et des parties politique qui ont des éthiques en ayant a l'esprit que l'excellence dans ce domaine est d'avoir un bon programme qu'ils soumettent aux verdict des urnes .
aprés une révolution il est primordial d'avoir un bon départ pour avoir des institutions conforme a l'esprit de l'évenement ou il pourra y avoir un pouvoir et un contre pouvoir l'état de droit la séparation des pouvoirs la liberté d'expression l'indépendance de la justice et de la presse et comme il y a pas 36 chemins ( façon d'en parler a la légère ) seul un comité légitime peut piloter cette transition afin d'atteindre les buts ce pourquoi il y eu ce soulèvement contre ben ali & co
ce comité ou entité a pour priorité de gérer les affaires courantes entre autre récupérer l'argent détourné par ben ali & co déposé a l'étranger a l'intérieur tout est connu et en meme temps gerer la transition .les partis d'oppositions et les ong et aussi le mouvement syndicale ont la légitimité du fait qu'ils ont participé a la révolution peuvent étre les noyaux de cette entité civile en plus d'une partie de l' armée qui n' a voulu suivre ben ali dans le massacre du peuple .
a partir de toutes ces données je ne comprend pas pourquoi certains candidats se présentent pour une constituante tout en promettant un transport gratuit et se retrouvent parlementaire au niveau national et et aspirent a devenir ministre ... non . la ça me dépasse. des commentaires sur certains site racontent que ces gens la sont arriérés c'est dans leur genes qu'ils méritent pas la democratie des tas d'ineptie etc pour moi l'explication a cette dérive c'est qu'ils sont pas parti du bon pied il est temps de faire marche arrière .il ne peut et NE DOIT Y AVOIR UN GOUVERNEMENT QU'AVEC UNE NOUVELLE CONSTITUTION . SINON C'EST LE BORDEL .
ils sont entrain de se bazarder les portefeuilles des ministères avant la nouvelle constitution ce qui N'est PAS NORMAL DU TOUT . .
 
 
-5 #1 Nuance
Ecrit par jalel     12-12-2011 22:51
1er président de la Tunisie indépendante
 
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