Tunisie : Ghariani, un cacique de l’ex-régime s’excuse auprès du peuple

Publié le Mardi 01 Juillet 2014 à 11:47
Mohamed Ghariani,Mohamed Ghariani, Secrétaire Général du RCD dissous, a présenté ses excuses au peuple tunisien pour les exactions et les violations commises, appelant les figures de l’ancien régime à ne pas se présenter aux prochaines élections...

"Personnellement, je m’excuse au peuple tunisien. Je n’ai pas de complexe pour m’excuser, et je ne considère pas cela, comme étant réducteur, il s’agit plutôt d’un devoir. Je m’excuse pour la corruption et les violations commises par l’ex-régime. Personne parmi les politiques ne peut se soustraire à la responsabilité politique des dépassements de l’ancien régime, car, il y avait des  choix et des orientations qui sont passés devant nous, sans qu’on y résiste, et sont aujourd’hui objet de condamnation", a-t-il déclaré dans une interview à RT (La Russie d’aujourd’hui), parue hier sur son site.

Ghariani a reconnu que la démocratie qui prévalait (sous l’ancien régime) était "factice", mais "au niveau de la pratique, les choix étaient travestis". "Et c’est là où intervient l’excuse, car le parti au pouvoir s’est appuyé sur la démocratie, et avait appelé aux libertés, à la société civile, et aux droits de l’homme, mais en pratique, il y a eu violations".

"Celui qui a été confondu d’extorsion de fonds, de torture, de répression, et de corruption  doit s’excuser", a souligné le conseiller politique de Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounes.  

Ghariani a tenté de minorer la marge de manœuvre des responsables sous l’ancien régime : "Nous en tenions en tant qu’hommes d’Etat responsables à l’orientation générale, et nous ne pouvions pas nous opposer aux décisions du régime (despotique), même si l’orientation était erronée, nous ne pouvions pas exprimer ouvertement nos opinions, excepté dans le cadre de cercles restreints".

Révision et autocritique du courant destourien

L’ancien cacique du RCD a, par ailleurs, appelé le mouvement destourien à procéder à des révisions. "Tous les courants et les mouvements politiques ont procédé à des révisions. Le mouvement islamiste a procédé à des révisions depuis le début de son action, jusqu’à maintenant. Le courant de Gauche a débuté dans la dictature et a fini par des mouvements qui croient en la démocratie".

Les appels à la révision du mouvement destourien en tant que courant ont débuté depuis 20 ans, mais cette révision n’a pas eu lieu, a-t-il dit. "Rien n’empêche que le courant destourien dans son ensemble, ne procède à son autocritique,  pour s’arrêter à ses erreurs et violations, et jeter de nouveaux fondements de la pensée politique capable de s’adapter à la nouvelle donne en Tunisie et de contribuer à l’avenir.

Cette révision n’est pas nécessairement pour le pouvoir, mais pour reconstruire la pensée destourienne qui se prévaut de grands acquis et réalisations, notamment la construction d’un Etat national, et l’obtention de l’indépendance, sous le leadership du défunt président, Habib Bourguiba", a-t-il indiqué.

Selon ses dires, "le courant destourien est en ordre général vaste est comprend de nombreuses générations", qualifiant de sans précédent, le séisme l’ayant frappé après la révolution.  Il a ajouté que le maintien ou le changement du parti destourien a fait l’objet de controverse après la période bourguibiste, estimant que "Ben Ali a tranché cette question d’une manière pragmatique, à travers la perpétuation du même appareil politique, en préservant le terme "constitutionnel", et en en faisant une institution de l’Etat, de manière à ce que le parti soit au service de l’Etat et non le contraire".

"La plupart des nominations au sein du parti au pouvoir étaient parmi les compétences de l’administration, du milieu académique, les nominations politiques étaient rares, ce qui a créé, à l’époque, une espèce d’abattement sur la scène du RCD dissous, dans la mesure où les militants politiques au sein du parti au pouvoir n’avaient pas le sentiment que c’est le militantisme qui constituait un facteur de promotion partisane", a-t-il souligné, ajoutant que l’ancien président avait une prédilection pour les technocrates, aux dépens des politiques.

Il a dit avoir la conviction, de point de vue éthique, qu’il ne pourra pas occuper des postes (au sein des institutions de l’Etat), étant donné qu’il appartenait il y a trois ans de cela à un régime donné, ajoutant qu’il existe d’autres domaines où il peut contribuer, de point de vue de son expérience, à la révélation des erreurs du passé.

Ghariani estime qu’il est visé, et qu’on cherche à l’écarter, annonçant qu’il n’a pas l’intention de se présenter ni à la présidentielle ni aux législatives. "Je connais mes limites, et je sais pertinemment que la situation ne s’est pas encore rétablie". Il a recommandé à tous ceux qui ont occupé des responsabilités sous Ben Ali "de ne pas se présenter aux prochaines élections jusqu’à ce que la réconciliation ait lieu".

"Cela ne veut pas dire d’admettre l’exclusion dans une conjoncture politique où le pays a besoin d’unité nationale, et de réconciliation", a-t-il fait constater.   

Ghariani a été incarcéré après la révolution du 11 avril 2011 au 10 juillet 2013. Une expérience qu’il qualifie de "douloureuse et cruelle".
Gnet


 

Commentaires 

 
+5 #2 pardon
Ecrit par riri     01-07-2014 16:03
franchement on en est à un point ou tout le monde devrait demander pardon à la tunisie et à nos futurs enfants...
Les destouriens, les islamistes, les polémistes, les fraudeurs, les tunisiens qui salissent partout... bref...nous tous.
moi aussi je demande pardon.
 
 
#1 RE: Tunisie : M. Ghariani, un cacique de l’ex-régime s’excuse auprès du peuple
Ecrit par Royaliste     01-07-2014 12:13
quand les islamistes vont demander pardon des horreurs qu'ils ont commises dans les années 80-90?
 
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