Tunisie : Jomaâ évoque les nominations, les LPR et le volet sécuritaire

Publié le Mardi 04 Mars 2014 à 11:59
Mehdi JomaâLe chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, a réaffirmé hier, lors de son intervention télévisée, la première depuis son accession à la Kasbah, que sa principale priorité est la tenue d’élections démocratiques, transparentes et au dessus de tout soupçon, avant la fin de l’année. "C’est dans l’intérêt du pays de tourner la dernière page du processus de transition politique", a-t-il affirmé. (Voir compte rendu de la première partie de l’interview).

La préparation des élections nécessite le travail sur deux processus. Le premier est de rétablir la sécurité, et le deuxième est d’entamer des actions urgentes pour relancer l’économie, afin de parvenir à l’apaisement social et la paix civile, nécessaire pour la tenue du scrutin, a-t-il déclaré, indiquant qu’il travaille main dans la main avec le président de l’ISIE, Chafik Sarsar, pour lever les obstacles et réussir les élections.

Il a dit que son gouvernement s’appuie sur une légitimité électorale, dans la mesure où il a obtenu la confiance de l’ANC, et c’est l’assemblée qui peut le lui retirer, et sur une légitimité consensuelle, étant issu d’un dialogue national. Ces deux légitimités sont complémentaires et constituent une garantie pour le gouvernement, a-t-il admis.  

Jomaâ a réitéré son engagement pour le respect des différents points inclus dans la feuille de route. Il a indiqué que le travail de son gouvernement a commencé par une évaluation dans tous les secteurs, signalant qu’il s’est gardé de toute précipitation en matière de prise de décisions.

"L’homme qu’il faut, à la place qu’il faut"
Au sujet de la révision des nominations, il a dit avoir demandé à chacun de ses ministres d’évaluer son équipe, et de mettre "l’homme qu’il faut, à la place qu’il faut", en respectant les critères de compétence et d’efficience. S’agissant des nominations liées aux élections, les critères sont l’impartialité, l’indépendance politique et la probité, d’où le changement des gouverneurs, a-t-il dit, affirmant son intention d’assurer la neutralité de toute l’administration avant les élections.

Il a dit avoir eu du mal à trouver les gouverneurs, étant donné la difficulté de la situation qui rebute les candidats, chose qui sera encore plus compliquée, s’agissant de trouver des délégués et des omdas. Il s’est défendu de toute chasse aux sorcières en matière de révision des nominations, s’exprimant en ces termes : "on ne maintient pas une personne à son poste, car elle appartient à un parti politique, et on ne la démet pas de ses fonctions, pour ne pas avoir d’appartenance partisane".

La loi sera appliquée aux LPR, 149 mosquées hors contrôle
Concernant les ligues de protection de la révolution (LPR), il a affirmé que la loi sera appliquée, dans le cadre du respect des droits de l’Homme, à tous les contrevenants.

Pour ce qui est de la situation des mosquées, il a indiqué qu’une évaluation a été menée par quatre ministères : Justice, Intérieur, Affaires religieuses, et domaines de l’Etat. Quelque 149 mosquées sont hors contrôle, a-t-il dit, précisant que la situation a été rétablie la semaine dernière dans neuf mosquées.

Une salle d’opérations permanente entre forces sécuritaires et militaires
Mehdi Jomaâ a déclaré que le dossier sécuritaire lui a pris le plus clair de son temps, et qu’il n’a même pas eu le temps de l’évaluation. "On était opérationnel, dès le premier jour, sur ce dossier". Il a indiqué avoir été informé avant même son accession à la Kasbah des grandes menaces pesant sur le pays, revenant sur les opérations sécuritaires de Raoued et de la Cité Ennassim. "Ces deux opérations ont frappé l’aile militaire de cette organisation"  (Ansar al-Charia) qui avait pour but "d’anéantir l’Etat", a-t-il souligné.  

Il s’est voulu rassurant : "La situation sécuritaire s’améliore sur les plans des renseignements, et de la coordination entre les appareils sécuritaire et militaire". "L’appareil sécuritaire a donné des coups douloureux au terrorisme, mais on ne l’a pas encore éradiqué. Le terrorisme est dans les montagnes et a un prolongement dans les villes", a-t-il reconnu, signalant que l’appareil sécuritaire et militaire est mieux prédisposé depuis trois ans à y faire face. Il a évoqué la création d’une salle d’opération permanente entre les unités de la police, de la garde nationale et de l’armée pour parfaire la coordination et les actions conjointes.  

Le chef du gouvernement a annoncé que la Tunisie aura bientôt une présence administrative en Syrie, et qu’une action diplomatique sera menée à cet effet en coordination avec la présidence de la République. Le but est de prendre en charge la communauté tunisienne en Syrie et de régler le problème sécuritaire, lié aux Tunisiens qui se trouvent sur le territoire syrien. Ces Tunisiens constituent une menace, a-t-il mis en garde, indiquant qu’il en ignore le nombre exact. "Ce qui est clair est que 8 mille Syriens ont été interdits de voyager en Syrie, mais on n’a pas de chiffre précis sur ceux qui s’y trouvent", a-t-il avoué, ajoutant que l’on se prépare à leur retour.

Il a fait état de bonnes relations avec l’Algérie et de coordination politique et sécuritaire. Idem pour le Maroc, où il s’est rendu, et a évoqué avec les autorités en place le terrorisme et les menaces pesant sur la région. Les Etats-Unis sont prêts à nous aider à lutter contre le terrorisme, a-t-il dit, excluant l’existence d’une base militaire US sur notre territoire. S’agissant du dialogue stratégique qui sera entamé entre les Etats-Unis et la Tunisie, il est analogue, selon ses dires, à celui existant avec l’Europe, où la Tunisie bénéficie d’un statut de partenariat privilégié.  
H.J.


 

Commentaires 

 
+3 #1 RE: Tunisie : Mehdi Jomaâ évoque les nominations, les LPR et le volet sécuritaire
Ecrit par mon ben     04-03-2014 17:03
Ce gouvernement doit s'attaquer aux problèmes chroniques qui plombent le développement et la croissance en tunisie:
LA FISCALITÉ et LA COMPENSATION
a mon avis c'est une urgence.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.