Tunisie : Marzouki fait son mea culpa et dit préparer l’alternance

Publié le Lundi 21 Décembre 2015 à 12:14
Moncef Marzouki lançant son nouveau mouvement politique. L’ancien président de la république, Moncef Marzouki, a lancé hier, dimanche 20 décembre à Tunis son nouveau mouvement, Dynamique Tunisie de la volonté, lors du congrès constitutif du parti. Dans un long discours prononcé en cette occasion, il a imputé la situation actuelle au manque de temps, et à la destruction délibérée de l’ancien régime, mais aussi "aux politiques erronées suivies depuis quatre ans, où je ne nie pas mes responsabilités et je réitère mes excuses au peuple pour tout manquement". Il considère le fait de ne pas avoir tranché les affaires de corruption, du modèle de développement, des demandes de la jeunesse, ainsi que le fait de ne pas avoir écouté le cri des hommes d’affaires intègres, dans leur appel à se débarrasser de la bureaucratie, comme parmi les manquements majeurs. "On n’a pas donné à la culture son rôle central et on n’a pas pu, comme classe politique, gagner le respect du peuple", a-t-il déploré.

Il a dit avoir tiré les enseignements de toutes ces fautes, sur la base de quoi, "nous construisons aujourd’hui notre nouvelle voie en matière d’action politique".

"Echec" de la coalition au pouvoir
Marzouki a pointé l’échec des autorités actuelles à gérer les affaires du pays. "Nous étions surpris à l’instar de l’ensemble des Tunisiens, par un échec ayant dépassé par son ampleur toutes les prévisions".

Il a déploré l’inefficacité économique de l’équipe issue des élections, avec le recul du taux de croissance à près de zéro, l’accroissement du taux d’endettement à son extrême, l’absence des investissements intérieurs et extérieurs promis, la cherté des prix et la dégradation du pouvoir d’achat.

Le pire est cette tentative de faire croire à l’opinion publique que la réconciliation avec les corrompus, est nécessaire pour remettre la machine économique en marche. "La normalisation avec la corruption dont on constate le retour en force dans tous les domaines, est une destruction du sens moral nécessaire pour une économie saine, et va non seulement mettre à mal davantage la machine économique, mais va accroître la criminalité, le suicide, l’émigration illégitime et le terrorisme", a-t-il indiqué.

Il a dit ne soupçonner le patriotisme de personne s’agissant de la lutte contre le terrorisme, "mais on a le droit de mettre en garde contre le retour du discours prétendant que le sacrifice de la liberté est une condition sine qua non pour obtenir la sécurité".

Et de s’interroger : "pourquoi sommes-nous devenus, pourtant pays de modération, de consensus et de société civile forte, le premier pays en matière d’exportation des jeunes au champ de bataille en dehors de nos frontières ? Pourquoi trouvons-nous parmi ceux-ci des jeunes n’appartenant pas aux cités et régions démunies ?".

Selon ses dires, il faut se garder "des réponses superficielles et des solutions faciles, pour atteindre la profondeur d’une problématique montrant la profondeur de l’échec de notre dispositif politique, économique, éducatif et religieux".

La superficialité n’est pas l’absence de vision au sujet du terrorisme uniquement, a-t-il enchaîné, mais envers toutes les affaires, notamment celles de la politique étrangère. Il a cité l’abandon des efforts en matière de restitution des biens spoliés, du projet de l’UMA, l’absence totale de solidarité morale avec les populations de Palestine, de Syrie, d’Egypte et du Yémen, et la grande faiblesse en matière d’approche de la question libyenne.  

"Non à la réconciliation" avec les corrompus
L’ancien président a pointé la crise politique qui est sous-jacente aux autres crises secouant le pays. "Les trois mots clefs de notre glossaire politique étaient et demeurent le dialogue, la réconciliation nationale et la stabilité, mais quelle réconciliation nationale a-t-on réalisé", s’est-il demandé. 

Tout en se disant pour un règlement politique mettant un terme au passé de rancœurs entre les Tunisiens, et ouvrant une nouvelle page dans leurs rapports, comme c’était le cas dans les pays ayant connu des expériences analogues, Marzouki pense que la solution demeure la justice transitionnelle. Il critique la définition de la coalition au pouvoir de la réconciliation. "Admettons qu’ils s'étaient réconciliés avec les corrompus, ne comprendraient-ils pas qu’ils auront provoquer ainsi une profonde fissure entre les Tunisiens et la majorité refusant la normalisation avec la corruption ?

Il estime qu’avec la politique actuelle, l’on est en train d’avancer sur une voie sans issue, qui n’augure d’aucun avenir pour les deux millions de Tunisiens vivant sous le seuil de pauvreté, de la classe moyenne dont le pouvoir d’achat s’érode, des chômeurs, des jeunes, des femmes travaillant dans les campagnes et les usines, des intellectuels, et du peuple dans sa majorité.

"Il est de notre droit aujourd’hui de jouer notre rôle naturel d’opposition, c'est-à-dire l’évaluation honnête de l’action du pouvoir en place, et la préparation de l’alternance pacifique et responsable", a-t-il affirmé.

Marzouki a sollicité la coalition au pouvoir pour retourner à la table de dialogue en vue de concevoir un consensus national réel et une stratégie pour lutter contre le terrorisme et la corruption, ainsi qu’un accord stratégique visant l’activation de la justice transitionnelle, ce qui est à même de donner lieu à une stabilité réelle, d’attirer les investissements et d’augurer de la prospérité. Il a de surcroît prôné une large cohésion nationale, pour appuyer le dialogue social et sortir de l’impasse.
Gnet

 

Commentaires 

 
#4 Tounes Elaziza.
Ecrit par Tounes     29-12-2015 19:16
Monsieur, n’oubliez pas que notre cher drapeau a ete touche pendant la periode ou vous etiez au pouvoir!

Ca sert a rien de continuer.
 
 
+2 #3 Menteur comme la pourriture.
Ecrit par Touness elhora.     21-12-2015 23:16
Voia une nouvelle preuve que c'est un hypocrite et il soutien les terroristes:


africanmanager.com/.../

Ce ayadi c'est celui qui ne réciter pas limne national aprés l'adoption de la nouvelle constitution et lorsque il a vu la camera le filmer il a fait semblant de la réciter. C'est aussi celui qui ne reconnait pas l'état tunisien et il est connu pour ces position contre l'état. (...)
 
 
+2 #2 S.V.P
Ecrit par Tounsi     21-12-2015 19:06
S.V.P
Vous pouvez jouer au bien, mais ca demande du travail. On a assez du critique. Aide et laisse les responsables travailler tranquillement pour élaborer la bonne méthode de faire sortir le pays des difficultés.
Nous voulons des solutions effectives.
Merci de comprendre.
 
 
-2 #1 Où voyez-vous un
Ecrit par Zenobie     21-12-2015 16:51
Dans votre résumé, vous parlez de "règne", ce qui est un peu surprenant pour parler d'un mandat présidentiel.
A croire que les mauvaises habitudes prises par les dirigeants tunisiens depuis près de 60 ans n'ont pas encore disparu !
Et non, Marzouki n'a jamais eu l'intention de régner, seulement d'assumer la fonction présidentielle, c'est bien assez.
 
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