Tunisie : Manquements et différends derrière le limogeage de Lotfi Brahem !

Publié le Jeudi 07 Juin 2018 à 12:23
Le gouvernement écarte toute affaire personnelle entre Chahed et Brahem. La révocation du ministre de l’Intérieur, Lotfi Brahem, par Youssef Chahed, hier mercredi 06 juin, a suscité de larges commentaires, d’autant que des informations font état de différends entre les deux hommes bien antérieurs aux derniers événements tragiques.

Les spéculations vont bon train sur les raisons de ce limogeage, manifestement lié aux manquements sécuritaires dans le drame du naufrage du bateau d'émigration clandestine, au large de Kerkennah et son bilan très lourd, de morts et disparus.

Certains considèrent ce limogeage comme étant le résultat "d’un accord entre Youssef Chahed et Ennahdha", d’autres l’imputent à l’affaire de l’ex-ministre de l’Intérieur et ancien ambassadeur au Maroc, Najem Gharsalli, visé par un mandat d’amener, mais qui n’a pas été encore arrêté.

Mehdi Jomaa a critiqué la déposition du ministre de l’Intérieur en ces termes. "Pour un bilan estimé positif, un responsable est exclu". "Dans les crises, on cherche un bouc émissaire et on néglige les solutions", écrit le chef du parti al-Badil. "La stabilité est aussi l’immunisation de l’Etat, ses institutions, et ses hommes contre les calculs étriqués", souligne-t-il.

Mongi Rahoui refuse de croire, lui, que le limogeage de Lotfi Brahem fait suite au naufrage de Kerkennah, dire cela, est une insulte à l’intelligence, écrit-il en substance. Le député du front populaire s’interroge : "Pourquoi d’autres ministres n’ont pas été limogés, ceux dont l’échec est cinglant, et d’autres autour desquels pèsent des soupçons de corruption". Selon ses dires, la déposition de Lotfi Brahem n’est que le résultat du "deal de la honte entre Chahed et Ennahdha".  

Pour Mohsen Marzouk, la déposition du ministre de l’Intérieur est "une décision politique, émanant de considérations politiques étriquées, et n’est pas le résultat d’une évaluation délimitant les responsabilités à l’issue du drame de Kerkennah".

"Si les choses tenaient à l’évaluation, d’autres responsables concernés par le domaine sécuritaire et la catastrophe de Kerkennah, qui n’ont pas été nommés par le ministre, mais par le chef du gouvernement, auraient été révoqués", souligne le SG de Machrou Tounes.

"Encore une fois, le ministre et le ministère de l’Intérieur sont victimes de calculs politiques ; le seul élément positif dans ce drame institutionnel consécutif à la catastrophe humanitaire est que Ghazi Jribi est connu pour son sérieux et son sens de la responsabilité. Bien que le ministère de l’Intérieur nécessite dans de telles circonstances sécuritaires, un ministre à plein temps", écrit-il.

Le porte-parole officiel du gouvernement, Iyed Dahmani, a déclaré ce jeudi sur Shems que le limogeage du ministre de l’Intérieur n’est pas une affaire personnelle entre Lotfi Brahem et le chef du gouvernement, Youssef Chahed. Dahmani a affirmé que le drame de Kerkennah était derrière la destitution du ministre.

Il a encore évoqué d’autres questions qui ne sont pas en phase avec la politique du gouvernement, et en ont influencé l’action, à l’instar de la campagne contre les cafés, et le problème avec le syndicat des journalistes, lié aux libertés, qui ont aussi fait que Lotfi Brahem soit démis de ses fonctions. 

Gnet




 

Commentaires 

 
+1 #1 RE: Tunisie : Manquements et différends derrière le limogeage de Lotfi Brahem !
Ecrit par Ca va Bardo !     07-06-2018 13:29
Avant Lotfi Brahem, qui a été imposé par Beji Caïd Essebsi, il y avait Hédi Majdoub, qui avait "retoqué" le Ministère de l'Intérieur et avait fait malgré tout du bon travail après les conneries de son prédecesseur Gharsalli, en fuite comme un malpropre aujourd'hui.

Entre autres actions, il avait commencé à fouiner du côté des Caïd Essebsi, notamment du fils prodigue, pour voir ce qu'il combinait contre... Chahed...

C'est sans doute pour celà que l'on aura jamais plus de bons ministres en Tunisie mais des médiocrités qui recoivent les ordres de leurs partis et de leur chefs.
 
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