Tunisie : Manifester est un droit, pourvu que cela ne conduise pas au chaos

Publié le Jeudi 21 Janvier 2016 à 17:13
Soyons solidaires pour préserver la Tunisie. Le mouvement contestataire parti ces derniers jours de Kasserine,  gagne différentes régions du pays. Autant les revendications pour l’emploi, la justice sociale et la dignité sont légitimes, autant le fait de faire intrusion dans les lieux de souveraineté, de s’attaquer aux responsables régionaux et locaux, gouverneurs, délégués...et de les déloger par la force de leurs bureaux, ou de s’en prendre aux biens publics et privés est une ligne rouge à ne pas dépasser, car elle est génératrice d'anarchie. 

Le climat qui prévaut actuellement dans le pays nous rappelle un passé récent, celui de 2013 où il a été question de s’attaquer aux symboles de l’Etat et de déloger par la force les responsables centraux, régionaux et locaux désignés à l’époque par la troïka, sur fond d’une crise politique aigue.

L’histoire se répète trois ans après, des protestations sociales surgissent dans différentes régions du pays, parallèlement à une crise politique persistante, du fait des dissensions au sein du mouvement vainqueur des élections. 

Ni le remaniement ministériel, annoncé récemment, pour donner un nouveau souffle au gouvernement, à l’orée de la deuxième année du quinquennat, ni la résolution de la crise entre l’UGTT et l’UTICA, avec la signature d’un accord sur la majoration salariale dans le secteur privé, n’ont permis de les éviter.

La situation actuelle est complexe, de part sa dualité. Cinq ans après la révolution, le bilan des réalisations est maigre dans les régions défavorisées, celles-ci continuent à connaitre la même carence en termes de développement, de projets d’infrastructure, et d’emploi. Que des populations désillusionnées, et une jeunesse rongée par le désespoir dénoncent à travers des manifestations pacifiques cet état de fait, et revendiquent leur droit à la dignité et la justice sociale, est tout ce qu’il y a de plus légitime. Mais que cette colère populaire soit exploitée par des forces occultes qui usent de casseurs et de délinquants pour s’infiltrer dans les rassemblements populaires, sèment la zizanie, s’en prennent aux biens publics et privés et aux institutions et aux symboles de l’Etat, voilà ce qui est répréhensible, et dont les auteurs doivent répondre de leurs actes devant la justice.

Sans compter l’exploitation de ces événements par les groupes terroristes, notamment à Kasserine, dont les montagnes leur servent de fief.

L’impératif est aujourd’hui d’exercer son droit de manifester, constitutionnel et démocratique, sans porter atteinte à l’Etat et à ses symboles et sans faire en sorte que les troubles sociaux ne plongent des régions entières dans le chaos, avec le retrait des forces de l’ordre comme c’était le cas hier à Thala et à Feriana, après le décès d’un agent sécuritaire.

Cet accès de tension intervient au moment où le pays a plus que jamais besoin de paix civile, préalable à une reprise économique. Il se produit à l’heure où l’on entame une année difficile, au cours de laquelle des réformes profondes doivent être menées, ne serait-ce que pour remplir les engagements envers les bailleurs de fonds.

Il est vrai que notre situation est aujourd’hui extrêmement critique, elle l’est encore plus pour nos compatriotes de l’intérieur, mais les choses n’iront pas mieux dans un contexte d’instabilité et de chaos.

H.J.

 

Commentaires 

 
#1 2013
Ecrit par sportif     22-01-2016 08:38
et pourquoi on ne disait pas les memes propos en 2013.... et toujours
 
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