Lutter contre la contrebande revient à lutter contre l'emploi informel

Publié le Mardi 15 Avril 2014 à 17:24
Hafedh Laamouri«Depuis la révolution, la contrebande représente un grand problème en Tunisie. C’est la principale cause de l’emploi informel. Nous veillerons à lutter contre ce phénomène de manière économique et sécuritaire. La question  sécuritaire, à elle seule, ne peut pas suffire. Il faut aussi développer les régions frontalières, et créer de l’emploi », a déclaré ce matin Hafedh Laamouri, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, lors d’une conférence sur l’emploi informel organisée par L’Association Tunisienne pour la gestion et la stabilité sociale (TAMSS), et The Global Fairness Intiative.

Selon le ministre, il existerait près de 1 million de travailleurs actifs dans le secteur informel en Tunisie. Des personnes qui ne jouissent ni de couverture sociale, ni ne paient d’impôts. «Ces gens là travaillent dans des conditions précaires qui n’obéissent pas aux pactes internationaux signés par la Tunisie », a-t-il déploré. Selon lui la politique actuelle de l’Etat de lutte contre la contrebande s'inscrit dans le cadre de la politique de lutte contre l’emploi informel. « Celui-ci est en train de ronger l’économie tunisienne. Plusieurs usines ont fermé à cause de ce commerce parallèle. Il existe une concurrence déloyale entre le secteur formel et celui informel. Les uns paient leurs impôts et les autres pas », a-t-il dit. La lutte contre la contrebande contribuera, selon le ministre de manière directe, à barrer la route aux travailleurs informels, « qui seront obligés de se tourner vers le secteur formel ».

Il préconise aussi, qu’il y ait adoption d’une loi fiscale, dans les plus brefs délais, qui serait compatible avec le secteur informel « Une loi souple, qui soit différente de celle adressée au secteur formel, ainsi qu’une loi de couverture sociale qui soit compatible avec la réalité économique des travailleurs de ce secteur. Comme par exemple instaurer des cotisations mensuelles et non pas trimestrielles et se contenter de la couverture médicale et de retraite », a-t-il déclaré, ajoutant que le secteur informel avait une « grande capacité d’employabilité qu’il faut préserver, même si c’est un emploi non décent », selon lui.

L’Initiative tunisienne pour l’emploi inclusif est un projet entrepris depuis 2012, par les parties organisatrices de la conférence. Il consiste à diagnostiquer la situation de l’emploi informel en Tunisie en se réunissant avec des travailleurs du secteur et en les interrogeant sur leurs motivations et craintes.

Cette phase a été clôturée par une enquête auprès de 1200 travailleurs informels pour récolter des informations quantitatives. Ensuite, des tables rondes et des réunions ont été organisées avec les  institutions étatiques, à l’issue desquelles un nombre de recommandations  a été rédigé.

Dans la même optique, l’association a entrepris un projet pilote en collaboration avec le ministère de la Formation Professionnelle et de l’Emploi, qui consiste à accompagner 100 travailleurs informels pour les aider à formaliser leurs activités professionnelles. TAMSS a par ailleurs, été contactée par Philip Morris International dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises, pour lancer un test auprès des vendeurs ambulants. L’objectif étant d’accompagner 80 travailleurs des gouvernorats de Tunis, Kef, Sfax et Médenine vers la formalisation de leur activité.

L’association a élaboré un guide d’informations, destiné aux travailleurs informels, leur facilitant la transition vers l’économie formelle. Le Guide explique les différentes étapes pour formaliser son activité, le fonctionnement de la couverture sociale, de la couverture médicale, l’utilité des impôts, et les droits et obligations des travailleurs tels que stipulés dans le code du travail.

Les précurseurs du projet recommandent à l’issue de ce travail, un meilleur accès à l’information, et une sensibilisation de la population cible et surtout les jeunes, quant à l’importance d’exercer une activité légale. il recommandent de simplifier les textes juridiques et les réglementations en vigueur, améliorer la capacité du gouvernement à recueillir et analyser les données relatives à l’économie informelle, et à élaborer des programmes efficaces et ciblés, établir une base de données unique pour la collecte et le partage de données entre les différents ministères et institutions publiques, ainsi que créer un identifiant social unique permettant à tous les ministères d’accéder à des données complètes sur l’ensemble des citoyens.

Ils préconisent également l’allocation d’un espace public local ou régional pour l’exercice des activités commerciales, pour les travailleurs s’engageant dans la formalisation. Des incitations financières sont aussi envisagées ; comme faciliter l’octroi de prêts à des taux préférentiels aux travailleurs informels qui désirent formaliser leur activité. Comme il a été recommandé de créer un comité technique pour réviser et simplifier les régimes et procédures pour l’affiliation à la sécurité sociale, comme revoir les conditions d’ouverture de la patente, et créer un régime fiscal unique pour les petits artisans et agriculteurs.

Les recommandations issues de ce projet « sont les plus sérieuses qui soient, et sont applicables…nous les prendrons en considération…nous sommes prêts à fournir une formation professionnelle à ces travailleurs, à condition qu’ils acceptent de rejoindre le secteur formel », a déclaré le ministre.
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#2 La Valeure Travail
Ecrit par Noureddine     30-04-2014 12:59
Bonjour,
Pour luttez contre les effets pervers de l'économie moderne même les pays capitaliste développés tolèrent un seuil minimum d'économie informelle ( Ex = L'Italie )afin d'absorber les insuffisances et les déséquilibres engendrés par le système de distribution.
L'économie informelle en générale et le travail informel particulier est engendré par le déséquilibre entre les circuit de production et de distribution un système économique national pollué.
Lutter contre la contrebande, le travail informel et le trafic de tout genre passe nécessairement par la création d'un NIVEAU DE REVENU MINIMUM et suppression de toute forme de consolidation de l'ensemble des produits de quelques natures que ce soient.
c'est dangereux, c'est quasi impossible à mettre en place mais commencer à y réfléchir c'est déja le début de la solution.
NOUREDDINE
 
 
#1 RE: Tunisie : Lutter contre la contrebande revient à lutter contre l'emploi informel
Ecrit par Agatacriztiz     16-04-2014 11:24
L'inquiétant c'est que ce million de personnes qui vivent de l'informel représente un "vivier" vulnérable au "sirènes" de ceux qui pratique la "loi du milieu" comme seule règle et qui traitent souvent ceux qui "travaillent" pour eux comme des moins que rien.
C'est pour cela qu'il faut faire vite et je suggérerai de traiter le problème avec des moyens "audio visuels" au lieu que de distribuer des "guides" que personne ne lit.
 
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