Tunisie : L’UGTT tourne le dos à la Kasbah, et trouve des alliés objectifs !

Publié le Mardi 10 Avril 2018 à 16:50
Réunion samedi 07 avril autour de BCE.Le cafouillis politico-syndical se poursuit, et les divergences vont grandissantes entre la centrale syndicale et la Kasbah. Signe de la persistance de la tension, l’annonce faite ce mardi 10 avril par Noureddine Taboubi de ne pas se rendre demain à la conférence nationale sur les grandes réformes, organisée par la présidence du gouvernement, motivant sa décision par le fait que l’invitation lui est parvenue tardivement, samedi après 16 h.

Dans une déclaration à la radio nationale, Taboubi semble voir d’un mauvais œil une telle conférence, y percevant une manière de perturber le document de Carthage. Il s’interroge si le gouvernement s’en tient aux résultats du comité d’experts, qui est en train de déterminer les priorités, pour la période restante du quinquennat.

L’influente organisation syndicale qui est à l’origine de ce branle-bas de combat autour du pacte de Carthage, et de l’actualisation de ses priorités, parait camper sur sa position et s’accrocher à son appel, lancé le 21 février dernier à Sidi Bouzid, pour un remaniement ministériel. Dans son esprit, ce gouvernement est réduit, à ce stade, à expédier les affaires courantes, en attendant que son sort soit scellé par les partis et organisations signataires du document de Carthage dont la décision se fera à la lumière des conclusions des travaux du comité d’experts.

Le gouvernement lui n’entend pas les choses de cette oreille, et continue à insister sur le caractère urgent et impérieux des réformes de structure, sans lesquelles l’épineux problème des finances publiques ne peut être résolu, et le pays ne peut éviter l’enlisement.

D’où la tenue de la conférence de demain qui n’est pas étrangère au document de Carthage. Les quatre thématiques qui y seront discutées à savoir : les caisses sociales, les entreprises publiques, le dispositif de compensation et la fonction publique ont été examinées et débattues  au sein des commissions issues de ce pacte avec la participation des partis, et organisations signataires. 

Désaccords profonds

Et comme les initiatives et les réunions se suivent et ne ressemblent pas, une rencontre avait eu lieu, samedi 07 avril dernier à Carthage autour du président  Béji Caïd Essebsi, en présence du président de l’Assemblée, et du chef du gouvernement, du Secrétaire Général de l’UGTT et du président de l’UTICA.

La réunion a prôné l’attachement au dialogue dans le cadre du document de Carthage, avec l’actualisation de ses priorités, en vue de parvenir au consensus autour des mesures urgentes à même d’améliorer la situation et de redonner espoir aux Tunisiens.

La même rhétorique en somme, exprimée différemment. L’unanimité autour de la difficulté de la situation, et de la nécessaire action pour y remédier, tranche avec les désaccords profonds autour de comment faire et qui va faire.

L’appel à la stabilité lancé par le gouvernement, et la tentative obstinée de Youssef Chahed, le 23 Mars dernier au parlement, de défendre son bilan, semblent être vains. Le gouvernement dit d’union nationale n’aura pas, selon toute vraisemblance, la latitude de conduire la prochaine étape et de  piloter le programme de réformes jusqu’en 2019, date des échéances électorales. Du fait de l’intransigeance de l’UGTT, mais pas seulement, et de ses alliés objectifs aussi, qui voient dans le départ de ce gouvernement une solution, non pas pour une sortie de crise, mais pour des visées lointaines, ayant trait plutôt à des calculs partisans et des intérêts personnels, qu’à l’intérêt suprême du pays.

Signalons juste que cet énième changement gouvernemental à même d’intervenir au lendemain des municipales, confortera l’image d’un pays instable et ingouvernable, et cela ne laissera pas les partenaires économiques, et les agences de notation indifférents.

Gnet