Tunisie : L’UGTT choisira-t-elle le camp des nihilistes ou des normalistes ?

Publié le Lundi 22 Juillet 2013 à 13:48
Le troisième round du dialogue de l'UGTT sera décisif. Deux positions diamétralement opposées s’affrontent sur la scène publique quant à la manière dont il faut gérer la situation actuelle dans notre pays, émaillée de difficultés et de défis de toutes sortes. La première prône une accélération du parachèvement de la période transitoire ayant pris un sacré retard, par la rédaction, l’adoption et la promulgation de la constitution, et l’organisation d’élections démocratiques et transparentes, à même de faire passer le pays du provisoire au durable. La seconde prêche la rupture avec tout ce qui a été réalisé et accumulé depuis le 23 octobre. Il s’agit, selon cette deuxième conception, de stopper net la  transition entamée il y a une année et neuf mois, et de lui substituer d’autres mécanismes, encore ambigus et non définis, qui disent tirer leur force de l’élan révolutionnaire.

A ce stade, ce sont les tenants de la normalité, de l’approche consensuelle et de l’option des urnes, comme voie imparable pour l’alternance pacifique au pouvoir et le fonctionnement démocratique, qui semblent l’emporter. Et là, c’est pratiquement la première fois, depuis les élections du 23 octobre, que les partis de la troïka et des partis de l’opposition, à l’instar d’al-Joumhouri et de l’alliance démocratique, affichent des positions convergentes quant à la nécessité de mener la transition à son terme et de s’acheminer promptement vers les élections. Cette cohésion est de nature à affaiblir la position du camp adverse, qui compte sur une adhésion et une mobilisation populaires encore hypothétiques.

Les partisans de l’annulation du processus transitoire, de la dissolution de l’Assemblée nationale constituante, et d’un changement brusque qui fera revenir la Tunisie à la case départ c'est-à-dire à la situation antérieure à octobre 2011, sont un ensemble composite de formations politiques dont les plus importants sont le Front populaire de Hamma Hammami, Nida Tounes de Béji Caïd Essebsi , ainsi que des mouvements de jeunes à l’instar de Tamarrod (rébellion) et de Ighnagtouna (Vous nous étouffez). Cette alliance objective qui trouve des échos au Palais du Bardo,  avec la menace brandie d’une démission collective de l’Assemblée, a à cœur de reproduire le scénario égyptien en Tunisie, même si les réalités égyptiennes et tunisiennes, et le cheminement des deux pays à l’issue des révolutions sont totalement dissemblables.

Une démarche nihiliste, s’il en est, qui plongera le pays dans l’inconnu. Elle est d’autant plus fêlée qu’elle intervient au moment où l’Assemblée nationale constituante entame, après tant d'achoppements,  la dernière ligne droite en matière de parachèvement de la constitution, clef de la tenue du prochain scrutin.

En brandissant la menace d’un retrait collectif de l’assemblée, qui toucherait une trentaine de députés, on cherche à freiner le processus de discussion, de vote et d’adoption de la constitution. La philosophie de cet acte est de créer une crise institutionnelle dans le pays. Il ne s’agit pas de faire remplacer les démissionnaires par les membres qui leur succèdent sur les listes des mêmes partis, mais de  paralyser l’ANC et de l’empêcher de terminer le travail.

Ce sera un gâchis inqualifiable. Ce sera tant de temps, d’efforts et d’argent dilapidés, au détriment de la stabilité de la Tunisie et de l’espoir des Tunisiens de voir la situation du pays se débloquer, en direction de la tenue du prochain scrutin qui leur donnera l’occasion de s’exprimer de nouveau et de choisir leurs prochains élus pour un mandat pérenne.

Reste maintenant à attendre le troisième round du dialogue national de l’UGTT, dont la tenue sera annoncée cette semaine, pour y voir un peu plus clair et connaitre notre direction. L’UGTT sera amenée à arbitrer ces deux positions ; soit, il soutiendra le camp des conformistes et des tenants du consensus ; soit, il appuiera les adeptes de la rupture qui veulent tout recommencer de zéro. Même si la centrale syndicale a un penchant naturel pour les seconds, on compte sur la responsabilité et la maturité de ses dirigeants pour appuyer les premiers et pousser vers l’épilogue de cet épisode transitoire dont le prolongement a causé tant de torts au pays et à son économie.

L’ordre du jour du dialogue de l’UGTT nous rend, néanmoins, quelque peu perplexes, quant à la capacité de ce nouvel épisode d’apaiser l’atmosphère et de rasséréner les esprits. Ses deux points majeurs sont l’établissement d’un calendrier clair des élections et les évolutions dans l'affaire de l’assassinat de Chokri Belaïd. De là à soupçonner que l’évocation du meurtre du défunt Belaïd n’envenime l’atmosphère du congrès, ne débouche sur des accusations à l’emporte-pièce et sur un retrait contestataire de certains, chose qui cherchera à faire pencher la balance en faveur d’un camp au détriment d’un autre, il n’y a qu’un pas que l’on n’hésite pas à franchir. A fortiori, que ce meurtre n’est pas encore élucidé, et ses commanditaires non encore connus…
H.J.


 

Commentaires 

 
#2 RE: Tunisie : L’UGTT choisira-t-elle le camp des nihilistes ou des normalistes ?
Ecrit par Hédi     23-07-2013 15:24
L'UGTT qui a été calomniée par la troika, attaquée par les enfants de Kheriji, va prendre le parti de ces derniers? Continuez à rêver!

Houcine Abbassi n'est pas Nejib Chebbi et ne rêve pas du palais de Carthage.
Cet article est de la pûre propagande: on dirait qu'il n'y a ni agressions contres les opposants, ni justice corrompue par Bhiri, ni millices du pouvoir, ni assassinants politiques, ni falsification de la constitution par Kheder, ni noyautage de l'administration, ni.....

Guelou consensus w dialogue, le tort de l'opposition est d'avoir trop longtemps voulu le dialogue avec des fascistes qui n'arrêtaient pas de lui porter des coups. Le tort de l'opposition est de n'avoir pas déclaré la rupture franche et nette avec ce pouvoir depuis le 23 octobre dernier. Face à la dictature, il n'y a qu'une seule attitude à avoir: la résistance.
 
 
#1 Le félée
Ecrit par Hatemc     22-07-2013 15:25
C'est bien ce journal zélé de la Troika.
 
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