Tunisie : L’ordre républicain n’exclut en rien l’ordre divin !

Publié le Vendredi 17 Mai 2013 à 18:00
La mosquée Okba à Kairouan. Les pays arabo-musulmans, sous leurs différents régimes politiques et leurs divers modèles économiques, vivent depuis des lustres un retard endémique, et un sous-développement chronique. Les facteurs qui font la force et le progrès des nations leur échappent totalement. C’est ce qui fait qu’ils soient au ban de l’ordre planétaire, à la périphérie des centres de décision, et dans une posture de soumission et de dépendance, chose qui en hypothèque l’indépendance et la souveraineté. L’histoire retient pourtant que cette région a connu au fil de l’histoire des moments de gloire, a contribué à l’enrichissement des civilisations et à l’essor de l’humanité. Cette grandeur est-elle à jamais révolue, pour céder la place à une décadence qui prend un air d’irréversibilité.

Les raisons de notre sous-développement sont multiples. La cause majeure en est néanmoins la dictature. Les régimes despotiques et corrompus qu’elle a enfantés ont pillé leur pays, réprimé leur peuple, étouffé la parole, et bridé les énergies. Ce lien de causalité entre dictature et sous-développement, suppose que l’un doit disparaître, par la disparition de l’autre. Si un pays arrive à se débarrasser de la dictature, il doit en toute logique pouvoir se débarrasser du sous-développement. Cela ne semble pas aussi simple que cela. A fortiori que la reconstruction est un processus difficile et de longue haleine ; elle l’est beaucoup plus que la démolition. Elle requiert qu’on trace les stratégies, qu’on fixe les objectifs, et qu’on ouvre les chantiers. Réformer un pays ne se fait pas par les beaux discours et  les bonnes intentions, mais par les bons actes. Dans les pays du "printemps arabe", la marche vers le progrès exaltée dans les discours, titube dans la réalité. Ces pays, dissemblables à plus d’un titre, sont aux prises avec les démons postrévolutionnaires, qui trahissent les espoirs populaires nés avec les révolutions.

Prenons le cas de la Tunisie. Il y a plus de deux ans que le cours de l’histoire y a pris un nouveau tournant, avec la chute de l’ancien régime ; notre situation est-elle plus reluisante que naguère ? La réponse est mitigée, car si on a gagné un acquis inestimable qui est la liberté d’expression, d’organisation, de réunion, etc., si on a jeté les bases d’une démocratie certes balbutiante mais palpable, on a sensiblement reculé en termes économique, social, sécuritaire, de cadre de vie, de propreté des villes, etc.  On s’est aussi empêtré dans les clivages idéologiques, ayant dépassé la polarisation politique propre à  toutes les démocraties, pour se transformer en polarisation idéologique, sur fond d’une propension éradicatrice, et d’un rejet de l’autre ; un mal qui ronge quasiment tous les camps, si ce n’est pas au niveau du leadership, c’est à celui des bases populaires, qui chacune, veut voir son projet de société prendre l’ascendant.  

Cela fait près de deux années et demie que cette effervescence postrévolutionnaire dure, que le mouvement désinhibant continue, que l’anarchie prévaut sur l’organisation, le désordre sur l’ordre, il faut bien que cela cesse un jour. On ne va pas rester ad vitam aeternam dans cette situation de défaillance multiforme.

Par rapport aux autres pays, la Tunisie a un atout d’avoir pu conserver un Etat qui fonctionne, même dans les périodes les plus difficiles de cette transition. Cet Etat a des règles et des lois qui ne peuvent-être transgressées sous quel que prétexte que ce soit. Pour ceux qui ne l’ont pas compris, liberté ne signifie pas anarchie, mais plutôt responsabilité, respect du vivre ensemble et des lois de la République. Quant à ceux qui invoquent l’ordre divin, pour enfreindre l’ordre républicain, on leur dit que l’Islam nous ordonne d’obéir à ceux qui gouvernement, s’ils œuvrent au service de l’Intérêt général. Où est le mal si nos compatriotes, adeptes d’Ansar al-Charia, demandent une autorisation des autorités pour tenir leur rassemblement dimanche à Kairouan. En quoi, cela est-il contraire à l’Islam, si cette démarche administrative va leur permettre de tenir leur congrès et de transmettre leur message en toute liberté, toute en étant protégés par la loi. Imaginons si chacun décide de faire ce qui bon lui semble, sous une quelconque invocation et au mépris de l’ordre commun, c’est la loi de la jungle qui régnera. Depuis la nuit des temps,  toute association de personnes, toute collectivité est régie par des codes, des règles et des lois, on ne comprend pas que ça puisse être autrement pour des courants idéologiques ou religieux.

On a dilapidé  beaucoup de temps à discuter du sexe des anges, à mettre en doute des évidences, et à se perdre dans des débats byzantins, qui ne mènent nulle part. Pourtant, les problèmes qui attendent des solutions s’accumulent, et la situation socio-économique se dégrade de plus en plus. Nous avons un pays à réformer et à construire. Une œuvre qui requiert beaucoup d’effort et d’engagement.

La Tunisie qui est un pays profondément et inexorablement musulman, doit se réconcilier avec les vraies valeurs de l’Islam. Dieu nous a ordonnés de faire la prière, et de respecter les piliers de l’Islam, et puis de nous répandre sur terre pour travailler et construire. Nous ne pouvons faire triompher l’Islam uniquement en arborant une certaine apparence vestimentaire et en prêchant la bonne parole, mais par le respect des valeurs morales, et  la maîtrise des sciences, des technologies, de la culture, de la littérature…tout cela est primordial pour bâtir un pays, et une civilisation. C’est seulement ainsi que l’on peut reconquérir notre place dans le concert des nations, exorciser cette malédiction du déclin, et avoir la latitude de décider de notre destin. Autrement, les tenants de la théorie du complot, qui a un fondement et un sens, auraient contribué fortement à la conforter et à la nourrir.
H.J.


 

Commentaires 

 
#8 @khammous
Ecrit par riadh     28-05-2013 19:53
"

L'Islam n'a qu'un seul ennemi: c'est l'Islam politique
Celui ci est né du Wahabisme saoudien il y a 90 ans qui est conçu et initié par le sionisme pour en finir à terme avec l'islam le vrai"

je finissais presque par croire que j 'étais le seul qui voyait ça !

je deviens fou moi de mon coté...

ceux avec qui "on" se bagarre, les salaf etc. sont justes betes ! sinon il ne nous accuserait pa d etre pro occident ou sioniste ou juif etc etc etc alors que c est eux qui font tout ce qui est possible pour detruire l Islam et proteger Israel !!

moi si j etais militaire israelien, je passerais tout mon temps a encourager les wahabites et les salafistes... c est le plus logique a faire! et il faut juste avoir 2 neurones pour le comprendre !

c est triste a mourir...
 
 
-2 #7 على الخوارج الالتزام بالقانون.
Ecrit par Musulman.     20-05-2013 12:04
وكأنّ كاتب المقال يعزو التخلف للإسلام. ولكن السبب الحقيقي للتخلف هو عدم تطبيق الإسلام بالكميّة وبالجودة الكافية. ومن عراقيل تطبيق الإسلام ما يتعمده شياطين ما بعد الثورة الذين ينتجون إعلاما هداما وإضرابات واعتصامات معادية فقط للإسلام بدون اكتراثهم لتضرر البلاد والعباد بها.

وأنصار الشريعة أقليّة من مسلمي تونس اعتنقوا الوهابيّة المتطرفة في ظل غياب التعليم الديني (الزيتوني أساسا). فهم مواطنون مسلمون يجب إخراجهم من أخطائهم بالعلم. وعلى رأس هذه الأخطاء الدكتاتوريّة التي مارسها زعيمهم محمد بن عبد الوهاب الذي قتل المسلمين بعد تكفيرهم خطأ في حين أنّ جمهور العلماء مجمعون على إسلام من قتلهم ابن عبد الوهاب. فلم تعلمهم الوهابيّة إلا مذهب الخوارج. ولا يوجد من بين أنصار الشريعة شخص واحد يفهم العربيّة ويتقنها ليتمكن من فهم القرآن والسنة إذ في خطابات زعمائهم عديد أخطاء العربيّة فيستحيل إذن عليهم الاجتهاد. فيكونون أتباعا لغيرهم من الخليجيّين الذين فقههم لا يمكن تطبيقه على واقع تونس.

ورغم كل ما سبق، فأنصار الشريعة لهم الحق في مؤتمرهم ولكنهم مخطئون في الخروج على القانون وتجاوزه. فلعل علماءهم لم يدرسوا في أصول الفقه ما هو الشرط الجعليّ وفي الفقه الولاء والبيعة والذمة والعهد. فبالفقه المدعوم بأصوله، لا يتعارض مع الإسلام الاسترخاص للمؤتمر بل هو واجب. إذن فتصرفهم خروج على القانون. أفلم يجرب أحدهم أن يخرج على القانون في الخليج ؟ فلن يرجع حيا إلى تونس.
 
 
+4 #6 RE: Tunisie : L’ordre républicain n’exclut en rien l’ordre divin !
Ecrit par ADEL     20-05-2013 11:18
La croyance est une affaire strictement PERSONNELLE et INDIVIDUELLE qui ne peut en aucun cas interférer dans la politique d'un état RÉPUBLICAIN qui a le devoir de garantir TOUTES les libertés individuelles religieuses, intellectuelles et autres.
 
 
+4 #5 Votre liberté
Ecrit par ADEL     20-05-2013 09:49
Monsieur le journaliste ,savez -vous que votre liberté doit impérativement respecter celle des autres?
Le mouvement ANSAR .. a le droit de tenir une assemblée ,mais pas le droit de fermer toute une ville ni le droit de traiter votre sœur ou mère ou épouse de tous les noms si cette dernière ne porte pas un voile intégrale.
Dans une société civilisée un congres se fait dans un local propre sécurise qui inspire le respect et non dans la rue en insultant hommes et femmes qui ne sont pas du même bord et en brulant le drapeaux de la république.
Monsieur, votre liberté s’arrête ou celle des autres commence.
 
 
+4 #4 On va y arriver que si ...
Ecrit par ugrumov     19-05-2013 19:04
C'est très simple : la loi religieuse est fondamentalement contradictoire avec l'exercice politique de la cité.

Si on comprend que salafiste et islamiste, sont les deux faces d'une même pièce, on pourra alors progresser.

En d'autres termes, nous aurons absorbé notre retard à partir du moment où on va séparer religion et politique.

La Tunisie est un état millénaire avant de connaitre l'arrivée des musulmans.

Annestou,
 
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