Tunisie : L’observatoire de l’eau met en garde contre l’aggravation de la crise de la Soif

Publié le Jeudi 22 Mars 2018 à 16:45
Sous le thème "l’eau : La réponse est dans la nature", la Tunisie célèbre à l’instar de la communauté internationale ce jeudi 22 Mars, la journée mondiale de l’eau, instituée en 1993 par l’Organisation des Nations-Unies, en vue d’améliorer les conditions d’accès à l’eau potable, reconnue comme droit fondamental par l’ONU. 

2018 est aussi l’année du démarrage de la décennie internationale 2018 – 2028 autour du thème "l’eau pour le développement durable".

La Tunisie souffre d’un stress hydrique. Une situation préoccupante pour les pouvoirs publics qui disent investir dans les grands projets hydrauliques (barrages, stations de dessalement), en vue d’améliorer l’approvisionnement en eau potable, face à des perturbations et des coupures récurrentes notamment pendant le pic de consommation, en période estivale.

Le ministre de l’Agriculture, Samir Taieb, a déclaré récemment que les 2/3, soit 60 % des investissements de son ministère seront affectés aux projets hydriques,  au cours du quinquennat 2016 – 2020.

Située sur la pointe septentrionale de l’Afrique du Nord, une région peu pourvue en eau, la Tunisie est en situation de pénurie hydrique structurelle, avec un niveau de ressources par habitant critique, une situation aggravée par un déficit pluviométrique persistant au cours de ces dernières années.

L’indice mondial en termes de couverture suffisante en eau, est de 1000 m3 / personne par an. Le seuil de pauvreté hydrique est de 500 m3 par personne, l'an, or notre pays est en dessous de ce seuil avec 419 m3 par habitant/an.

Vétusté des réseaux de la SONEDE

A l’occasion de ce 22 Mars, l’observatoire tunisien de l’eau met en garde que l’année 2018 ne sera pas différente des années précédentes s’agissant de "la crise de la Soif", face à ce qu’il appelle "l’absence de sérieux et de volonté du ministère de tutelle et de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) d’en prévenir l’aggravation".

L’OTE prévient contre la difficulté de l’étape et des défis futurs, a fortiori face "à la dégradation des services hydriques, et l’absence d’une stratégie nationale judicieuse pour la gouvernance de nos ressources hydriques".

Dans un long communiqué dont une copie est parvenue à Gnet, l’observatoire appelle la SONEDE à cesser d’attester de son incapacité à entretenir ses réseaux vétustes, face à la hausse de sa dette auprès de ses clients, l’appelant à publier "les chiffres réels de sa dette qui concerne principalement les grands consommateurs parmi les établissements touristiques et les entreprises publiques."

L’Observatoire appelle la société à assurer les fonds nécessaires pour un "entretien préventif" des édifices hydrauliques et des réseaux vétustes à travers toutes les régions du pays, notamment celles assoiffées, et d’améliorer ses politiques de communication en matière de préavis de coupure, faisant état de 1074 coupures non annoncées en 2017.

L’observatoire pointe "l’aggravation de la crise de la soif" depuis des années dans le bassin minier, Tataouine, Kairouan, Sidi Bouzid, Jendouba et autres régions, et la souffrance des populations suite aux coupures quotidiennes en été, comme en hiver, ce qui a donné lieu à la montée des mouvements contestataires dans ces régions.

L’OTE dénonce "la politique d’inauguration continue des édifices hydriques dont les travaux n’ont pas démarré, ou qui ne sont pas entrés en exploitation, en les présentant comme des réalisations sans précédent", appelant le ministère à revoir ses politiques de mobilisation hydrique et à rechercher des solutions durables, notamment pour ce qui est des grands travaux hydriques et des ressources non conventionnelles comme les stations de dessalement de l’eau de mer.

L’observatoire appelle à un "audit urgent" de la rentabilité des réseaux hydrauliques des régions irriguées relevant du ministère de l’Agriculture, face à la hausse du taux des pertes, et "le non sérieux du ministère de tutelle de procéder à une intervention urgente pour mettre un terme à l’hémorragie de l’eau".

L’ONG appelle à mettre en place une stratégie urgente et efficace de maîtrise de l’eau destinée au secteur agricole (80 % des ressources hydriques), qui connait une marginalisation méthodique menaçant la sécurité alimentaire du pays.

Gnet