Tunisie : L’importation tue l’économie, la monnaie et l’industrie nationales ! |
Publié le Mercredi 17 Mai 2017 à 12:44 |
Le gouverneur de la BCT, Chedly Ayari, a remué, hier au parlement, le couteau dans la plaie, pointant les travers d’une économie malade, minée, notamment, par le gaspillage des réserves en devises, du fait de l’ampleur prise par les importations, face au recul des exportations, ce qui donne lieu à un taux de couverture négatif, et à un déficit de la balance commerciale, "record" et sans précédent. Devant les députés, le patron de la BCT a tenté de minimiser le rôle de son institution, et sa latitude à corriger les dysfonctionnements économico-financiers, qui caractérisent cette conjoncture difficile et critique. Il a affirmé que la banque centrale n’intervenait pas en matière de choix des importations, comme elle n’a pas de pouvoir pour restituer l’argent qui circule hors circuit légal, renvoyant ainsi la balle dans le camp du gouvernement dont certaines institutions ne seraient pas en train d’accomplir convenablement leur mission à cet effet. Le discours du gouverneur de la BCT révèle une incohérence dans la politique générale suivie dans le pays, un manque de coordination entre l’autorité monétaire et financière, et les autorités politiques et économiques, voire une absence de vision quant à nos priorités, nos objectifs et aux solutions de sortie de crise. Etant entendu que les actuelles politiques suivies contribuent à accentuer la crise et à la faire perdurer, au lieu de la régler. Ses propos montrent également une évolution anarchique, et affranchie de règles strictes et transparentes, de cette économie dite libérale et de marché. La Tunisie est inscrite dans l’économie mondialisée et son corollaire le système de l’OMC (Organisation mondiale du Commerce), celui qui abat toutes les barrières protectionnistes, institue une libéralisation des transactions commerciales à l’échelle internationale, et du mouvement de l’import et export, lequel est régi par des accords et conventions, fixant la structure des importations, les contingents, quotas, etc. La Tunisie a conclu des conventions avec différents partenaires économiques et commerciaux, à l'instar de l’Union européenne, avec laquelle elle effectue la majeure partie de ses transactions, ainsi que les pays arabes, la Russie, la Chine, la Turquie, etc. Notre pays exporte principalement vers ces marchés des produits agricoles notamment huile d’olive, dattes et agrumes, et en importe des produits de première nécessité, des appareils industriels et des produits de luxe, tous types confondus, qui sont sans aucune mesure en termes de valeur et de prix. Le recul des exportations, du fait de la crise économique, et de la difficulté des secteurs exportateurs d’un côté, et l’évolution déconsidérée des importations de l'autre, ont ruiné nos réserves en devise. Un pays qui importe et consomme beaucoup, sans produire autant, a forcément une économie faible et bancale. Cette situation ne peut être améliorée que par une rationalisation des importations et une hausse de la part des exportations au niveau de la balance commerciale, en vue d’un rééquilibrage réducteur de déficits. Le gouvernement annonce son intention de revoir à la hausse les taxes douanières appliquées aux produits non essentiels importés, en guise de solution, cela pourrait être utile, mais reste insuffisant. La situation requiert que l’on aille encore plus loin, à travers l’élaboration d’une stratégie de promotion des exportations, dont le préalable est un programme de relance de la production locale et de consolidation du tissu industriel local. Elle nécessite, de surcroît, une lutte acharnée contre la contrebande et le trafic des devises qui ne cessent de gagner du terrain. L’Etat est amené également à avoir, à travers ses différentes institutions publiques, économiques, financières et monétaires, un rôle régulateur pour corriger les tares d’un système qui semble marcher sur la tête. Même si la banque centrale se défend d’avoir un rôle en matière de choix de la structure des importations, elle pourrait bien avoir un rôle de régulation en vue de la préservation de nos réserves en devises dont elle est garante. Gnet |