Tunisie : L’IACE prône des réformes de rupture, Chahed en mal de soutien politique !

Publié le Vendredi 07 Décembre 2018 à 16:24
Youssef Chahed à l'ouverture des journées de l'entreprise à Sousse. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a préconisé ce vendredi 07 décembre la transition énergétique, comme solution pour la hausse du coût de l’énergie, et la transition digitale comme solution au marché parallèle et à l’évasion fiscale. Il a également évoqué la mise en œuvre des politiques actives de l’emploi à travers l'incitation de l’initiative privée et la création d’entreprises.

Présidant ce vendredi 07 décembre la 33ème édition des journées de l’entreprise à Sousse, sous l’intitulé "l’entreprise et les réformes de rupture", Chahed a déploré que son gouvernement ne trouve pas le soutien politique suffisant pour que les grandes réformes soient défendues et expliquées aux citoyens.

Il a ajouté que les gouvernements successifs s’étaient heurtés à la faiblesse de soutien politique, c’est ce qui a ralenti les réformes, affirmant la détermination de son gouvernement à aller de l’avant en la matière.

Le gouvernement s’est déjà lancé dans les réformes en vue de la la maîtrise du déficit du budget pour le baisser à 4,9 % en 2008, a-t-il dit, réitérant que cette année est la première où le déficit soit au même taux que celui initialement prévu. 

Il est revenu sur la loi de finances 2019, réaffirmant qu’elle ne contient pas de nouveaux impôts ni pour les entreprises, ni pour les particuliers, signalant que le PLF continuera à encourager la création d’entreprises, et d’emplois, à travers la poursuite de l’exonération de l’impôt sur le revenu ou l’impôt sur les sociétés pendant quatre ans, à compter de la date d’entrée en activité effective, pour toucher les entreprises créées en 2018, 2019 et 2020.

Le PLF prévoit également la révision du taux d’impôt sur les sociétés en vue de renforcer la capacité compétitive des entreprises, et promouvoir le site tunisien, en tant que destination attractive pour l’investissement.

Au sujet de l’électricité dont la hausse des tarifs a constitué cette dernière période une pomme de discorde entre le gouvernement et le patronat, le locataire de la Kasbah a indiqué que la lutte contre le déficit énergétique compte parmi les plus importantes réformes, à travers la production de l’électricité à partir des énergies renouvelables, et la maîtrise de l’énergie. 

Il a encore souligné que le gouvernement œuvrait à instaurer une économie numérique reposant sur la transition digitale, et administrative, ce qui contribuera à réduire la liquidité, et à combattre l’évasion fiscale et la corruption.

Bientôt, démarrage des travaux du port en eaux profondes d’Enfidha
En marge de sa participation aux journées de l’entreprise, le chef du gouvernement a annoncé le démarrage avant la fin de l’année des travaux du port en eaux profondes d’Enfidha, faisant état de la parution ce même jour au JORT, de l’arrêté portant création de la société qui en a la charge.
Comme il a annoncé l’extension du stade olympique de Sousse, moyennant un coût de 31 millions de dinars, 25 millions de dinars seront alloués par le gouvernement, et 6 millions de dinars par la municipalité. Les  travaux démarreront le 1er trimestre 2019.

Se rendant  au CHU Sahloul de Sousse, qui connait de grands problèmes au niveau des ressources humaines, selon ses dires, le chef du gouvernement a annoncé qu’un programme sera lancé en 2019 pour recruter médecins et techniciens de santé, ouvrir plusieurs hôpitaux  et services fermés, et pourvoir aux vacances en termes de corps médical et paramédical tant pour ce centre hospitalo-universitaire que d’autres établissements de santé. 

Le gouvernement osera-t-il la réforme en une année électorale ?
Les journées de l’entreprise, organisées comme chaque année le premier week-end de décembre à Sousse par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), planchent pendant deux jours les 07 et 08 décembre sur les réformes de rupture. Les travaux se déroulent en différents panels portant sur "la réforme de la réglementation de change et la politique monétaire" ; "la fiscalité : ressources et pressions fiscales" ; "le code du travail : productivité et flexisécurité", et le travail et les métiers de demain à travers particulièrement la digitalisation.

A l'ouverture de ces journées, le président de l’IACE, Taieb Bayahi a appelé à ouvrir un débat national sur la productivité, et "à s’engager en faveur de programmes électoraux fondés sur les réformes, et non sur les promesses".

Dans une vidéo présentant ces journées, Bayahi a affirmé que "l’entreprise a besoin d’un nouveau souffle après tant d’années de difficultés et de crises". Ces journées permettront d’examiner "toutes les possibilités pour mettre l’entreprise dans un cadre beaucoup plus compétitif et beaucoup plus libéral qu’il ne l’est aujourd’hui", a-t-il dit, s’interrogeant si les pouvoirs publics allaient oser avancer dans ce sens dans une année électorale.

La traditionnelle rencontre de Sousse débattra également "d'une réforme fiscale à même d’encourager l’investissement en berne ; de faire entrer le commerce parallèle dans la légalité, et d’élargir l’assiette de l’impôt", a-t-il dit en substance.  L’augmentation de la productivité et la promotion de la valeur travail seront également débattues. Il s’agit de voir "comment faire en sorte de mieux appliquer le code de travail et  la loi dans cet environnement compliqué et difficile", a souligné le président de l’IACE.
Gnet