Tunisie : L’IACE présente son rapport sur l’attractivité des régions, les disparités persistent

Publié le Jeudi 07 Février 2019 à 13:10
Vue de la conférenceL’IACE a présenté son rapport sur l’attractivité régionale pour l’année 2018. Une étude indicative de la capacité des régions à attirer les différentes activités économiques. Sans surprise, Tunis reste en tête dans la majorité des piliers. La position de plusieurs villes reste inquiétante, notamment Kairouan, Kebili et Tozeur. Pour remédier à cela, l'IACE appelle à "une prise de conscience des responsables politiques".

En 2017, le rapport s’appuyait sur 5 piliers, contre 9 en 2018. L’IACE a expliqué que ce changement a été appliqué pour « s’aligner » aux nouveaux critères du Wold Economic Forum et du Forum de Davos. Du coup, quelques villes tunisiennes en ont profité pour améliorer leur rang. Le principal bond en avant est celui de Siliana qui progresse de 7 places, alors que ce sont Mahdia et Tozeur qui ont perdu le plus de places : -6.


Dans sa globalité, cette étude démontre, encore une fois, les grandes disparités entre les régions de Tunisie. La capitale reste la plus attractive avec un indice de 5,1, suivie de Sfax et Sousse. En queue du peloton, se trouvent les gouvernorats de Gafsa, Kebili et Tozeur. Un indice inquiétant : ces deux derniers ont un score de 0,0 sur le plan de l’innovation.

Si le gouvernorat de Tunis est leader dans l’ensemble, il est toutefois détrôné par Sfax dans l’Innovation, ainsi que l’Education et les compétences. Aussi, le gouvernorat de la Manouba est leader en termes d'Institutions et Gouvernance en plus de l’Infrastructure et l’Urbanisation. Pour le président de l’IACE, Tayeb Bayahi il n’y a pas de secrets : « C’est juste qu’à la Mannouba, les responsables sont conscients et compétents. Nous pensons que ce gouvernorat continuera à progresser sur tous les autres aspects ».



Cette étude a été réalisée pour montrer la voie aux dirigeants du pays afin d’identifier les vrais besoins et combler les lacunes : « Il n’est pas possible de parler de développement régional sans améliorer l’attractivité des régions », a souligné le vice-président exécutif de l’IACE, Walid Belhaj Amor.

Il poursuit ensuite : « Les vrais problèmes du pays sont dans ce rapport. Les discours des hommes politiques doivent tourner autour de ce qui permettrait à la Tunisie d’avoir beaucoup moins de disparités régionales. Nous ne pouvons pas demander aux citoyens de servir leurs régions natales si elles ne sont pas attractives. C’est bien d’avoir des richesses, mais c’est encore mieux que ce soient les citoyens de la région qui les exploitent et leurs donnent de la valeur ajoutée ».

Walid Belhaj Amor a ensuite affirmé qu’il y a certes des réformes qui prennent plus de temps que d’autres, mais il s’étonne des temps d’études et exécution de certains projets : « C’est depuis cinq ans que l’étude de l’autoroute Tunis-Djerba est dans les casiers, sans parler du port en eau profonde d’Ennfidha, à propos duquel personne ne sait rien depuis 25 ans ». Il s’interroge ensuite : « Que faudrait-il faire ? Que faudrait-il qu’il se passe en Tunisie pour que les responsables deviennent conscients de l’importance de l’économie au lieu de perdre un temps inutile dans des querelles partisanes qui n’intéressent pas le citoyen ? ».

Le président de l’IACE, Tayeb Bayahi rappelle ensuite qu’il n’y a pas de solutions miracles, mais qu’il est temps d’appliquer des « réformes de rupture ». Pour lui, les choses sont claires : « Nous n’avons plus de temps à perdre. C’est depuis 2011 que nous parlons d’inclusion économique, de développement régional, mais nous avons l’impression que personne ne nous écoute. En 2019, nous espérons que les choses vont changer et que nous verrons des candidats qui proposent des visions et stratégies claires pour rendre les régions et tout le pays plus attractifs. L’essor de la Tunisie passe par là ».
Selim Slimi