Tunisie : Les trois points saillants de la rentrée politique

Publié le Mardi 18 Août 2015 à 13:39
Réunion le 12 aout des partis de la coalition gouvernementale. La rentrée politique sera marquée par trois principaux dossiers : la tenue les 03 et 04 octobre de la conférence nationale contre le terrorisme, la présentation de la note d’orientation du plan de développement 2016 – 2020, ainsi qu’une mise au point sur l’état d’avancement des réformes en cours.

Les milieux politiques, les autorités en prime, semblent placer énormément d’espoirs sur la conférence nationale contre le terrorisme, programmée à l’automne. Plusieurs réunions des partis de la coalition gouvernementale, chapeautées par Habib Essid, lui ont été, et lui seraient consacrées. Les communiqués officiels en évoquent en termes évasifs l’aspect organisationnel, confié à une commission gouvernementale, avec l’implication des partis politiques, des organisations nationales et des composantes de la société civile. Rien ne filtre encore sur les thèmes qui seront débattus lors de ce rendez-vous, censé déboucher sur une stratégie multidimensionnelle à même de lutter contre le terrorisme et de l’extirper à la racine.

Actuellement, la guerre contre le terrorisme se livre sur le terrain, entre les régions montagneuses et les zones rurales et urbaines. La lutte est fondamentalement sécuritaire, contre un fléau qui a pris de l’ampleur après la révolution, à coup d’attaques meurtrières contre nos  vaillants soldats et agents sécuritaires, lesquelles ont pris un virage encore plus dangereux, en ciblant les touristes, avec les attentats du 18 mars du Bardo, et du 26 juin de Sousse.

La conférence attendue va indéniablement s’arrêter à cette succession d’agressions terroristes, procéder à un état des lieux du terrorisme dans nos contrées, s’attarder sur les causes du terrorisme en Tunisie, et leurs liens supposés avec les discours rigoristes tenants du takfir, étudier l’état et la capacité des groupes armés, et des cellules dormantes qui opèrent sous la bannière des organisations, du type Daech, al-Qaïda, et leurs dérivés Okba Ibn Nefaâ et autres, analyser les différents aspects de la riposte des autorités, notamment du dispositif sécuritaire et militaire, et revenir sur la nouvelle loi organique régissant la lutte contre le terrorisme, et le blanchiment d’argent, ses forces et ses faiblesses.

De deux jours d’interventions et de débats, doit émaner cette fameuse stratégie censée diversifier les moyens de combattre le terrorisme, à travers les leviers sécuritaire, éducatif, religieux, social, économique...un processus qui s’annonce complexe et de longue haleine, dont les résultats sont, à l’heure qu’il est,  difficiles à prévoir.

Le deuxième point saillant au centre des réunions officielles de cet été, est la note d’orientation du nouveau plan de développement 2016 – 2020, lequel est censé favoriser les régions démunies, en rendant effectifs les principes constitutionnels de décentralisation, de gouvernance locale, et de discrimination positive, de relancer l’investissement local et étranger, pour créer des richesses, et des postes d’emploi, booster la croissance et sortir le pays du marasme qui n’a fait que trop durer.

Là aussi, le procédé sera collégial, la note d’orientation du plan de développement, tout autant que le plan proprement dit sont préparés avec le gouvernement, en collaboration avec les partis politiques de la coalition, les organisations nationales, notamment l’UGTT, l’UTICA et l’UTAP et autres composantes de la société civile. Le plan de développement en perspective devra donner lieu à un nouveau modèle de développement, dont les contours restent à préciser.

Troisième chapitre de la rentrée, est l’état d’avancement des réformes déjà engagées, notamment en matière budgétaire et bancaire exigées par le FMI afin "de réduire les vulnérabilités de l'économie et de promouvoir une croissance plus forte et solidaire". La Tunisie doit rendre des comptes au fonds monétaire international le 31 décembre 2015, après avoir bénéficié d’un délai supplémentaire de sept mois pour appliquer les mesures requises en la matière. A ce sujet, la loi controversée sur la recapitalisation des banques publiques la STB et la BH a été votée en ce mois d’août à l’ARP, reste la restructuration et la recapitalisation de la BNA qui devrait intervenir, une fois son business plan aura été finalisé. D’autres réformes sont également en phase d’élaboration, dont la teneur est censée être révélée à la toute prochaine période.

Parallèlement à tous ces chantiers, la discorde autour de la loi sur la réconciliation économique et financière, promet de s’aiguiser. Ce sera à l’ARP de donner le coup de sifflet final du bras de fer entre la présidence et l’Instance vérité et dignité.  

Gnet