Tunisie : Les théologiens pointent "le rapport de la discorde qui menace la paix civile"

Publié le Jeudi 21 Juin 2018 à 14:45
La coordination nationale de défense du Coran, de la constitution, du développement et de l’équité a marqué sa réprobation ce jeudi 21 juin envers le rapport de la commission des libertés individuelles et de l’égalité. Dans une conférence intitulée "l’initiative de la discorde : atteinte au référentiel du peuple tunisien et au sacré", l’instance a rejeté les conclusions des travaux de la commission, les considérant comme étant "hostiles à l’Islam et au Coran, et contraires aux prescriptions".

L’ancien ministre des Affaires religieuses et membre de l’instance, Noureddine el-Khademi,  a qualifié ce rapport de "choquant" pour l’opinion publique, et traite de l’identité qui est tranchée dans la constitution.

Ce rapport passe au-delà les objectifs de la révolution et des priorités nationales en termes de développement, d’emploi, de réformes, etc. Il dépasse les prérogatives en termes de domaine de compétence scientifique, a-t-il dit, faisant constater que "les sciences de la charia ont été clairement éloignées".

"Il n’y a pas une personne dans la commission qui ait une compétence charaïque, ou qui soit spécialiste dans les sciences coraniques, l’exégèse, les sciences de la Sunna, le hadith (parole du prophète), ou les finalités de la charia مقاصد الشريعة...", a-t-il énuméré.

La coordination estime que la commission prétend opter pour l’effort de réflexion quant aux finalités de l’Islam الاجتهاد المقاصدي, alors qu’il n’y a aucun spécialiste en la matière en son sein.

Elle déplore que l’institution d’el-Iftaa, et le conseil islamique supérieur n’aient pas été écoutés. "Alors qu’al-Ijtihad a ses hommes et ses conditions, et les prescriptions du statut personnel sont détaillés dans le Coran, et ne se prêtent pas à l’effort de réflexion".

La coordination reproche au rapport sa lecture erronée des dispositions de l’héritage,  son abrogation de la peine de mort, et la liberté absolue accordée aux artistes, et universitaires ; les critiquer est considéré comme un crime.

Ce rapport renonce aux concepts de la morale et de la pudeur tels que mentionnés dans l’arsenal juridique tunisien, annule les crimes d’homosexualité, alors que celle-ci est "un crime contre la nature, la charia et l’humanité". 

Le rapport annule l’obligation de la dot المهر dans le mariage, la viduité العدة, ainsi qu’al-Qawama القوامة (autorité ou responsabilité qu’a l’homme à l’égard de la femme), et l’obligation de l’homme de prendre en charge sa femme en termes de dépenses النفقة.

Il tourne le dos aux règles charaïques dans le mariage, ce qui fait perdre à la femme son droit à être prise en charge financièrement par son mari, à la pension de son ex-époux (en cas de divorce), et son droit à la garde des enfants. Le rapport change le régime de filiation reposant sur le nom du père, ce qui donne lieu au mélange des filiations, déplore-t-elle.
 
La coordination  estime que ce rapport est contraire au préambule de la constitution qui affirme "l’attachement du peuple aux prescriptions de l’Islam", son article premier, selon lequel, "la religion de la Tunisie est l’Islam", et l’article 06 qui stipule que "l’Etat est gardien de la religion, et s’engage à protéger les symboles sacrés et à interdire d’y porter atteinte", l’article sept selon lequel "la famille est la cellule de base dans la société. Il incombe à l’Etat de la protéger", et son article 146 selon lequel "les dispositions de la présente Constitution sont comprises et interprétées les unes par rapport aux autres, comme une unité cohérente".

"Les propositions du rapport attentent aux attributs de la famille et en menacent l’entité, en tolérant l’homosexualité".

La coordination considère que ce rapport menace la paix civile, et a des "répercussions catastrophiques" sur la société tunisienne dont la prééminence des droits de l’individu sur le droit de la collectivité, "la liberté sexuelle absolue et partant une multiplication de maîtresses et un enlisement dans la dépravation, et la division de la société entre pieux qui optent pour le système charaïque et non pieux qui choisissent l’égalité, avec la propagation de la polarisation idéologique au sein de la famille et de la société".

Le rapport risque de donner lieu, selon la coordination, à la décomposition de la famille, de rendre difficile la situation de la femme en la privant de l’argent de son mari (Nefaka), et en lui imposant un autre droit, celui de prendre en charge financièrement ses enfants. 

L’annulation de la priorité de la garde à la mère conduit à ce qu’elle accepte la violence afin qu’elle ne soit pas privée de ses enfants. L’homme acquiert un nouveau droit, qui est le devoir de la femme de partager avec lui la prise en charge du foyer, tout en n'ayant plus le devoir de la prise en charge pendant le mariage et le divorce. Ce rapport mène à des conflits entre les enfants en matière d’héritage, dans la mesure où ils n’accepteront pas la loi positive, en présence des prescriptions divines, prévient-elle.

Toutes les considérations morales seront bafouées au nom des libertés individuelles, en déduit-elle.
Gnet

 

Commentaires 

 
#2 Charlatants
Ecrit par Royaliste     25-06-2018 21:36
ces charlatant usent de la religion pour asseoir leurs pouvoirs et se partager les postes et privilèges.

ils sont pour l'application de leur vision archaïque de texte vieux de 14 siécles.

il est facile de constater que plus l'Etat interfère dans la vie privée, plus la société est archaïque, frustrée, violente et ignorante
regardez les pays du nord, des peuples heureux, épanouis, se respectant les uns les autres, vivent en harmonie et construisent ensemble des pays tellement attrayant qu'ils font rêver les millions de jeunes qui vivent sous le joug de leurs sociétés dites arabo-musulmane
 
 
-1 #1 RE: Tunisie : Les théologiens pointent
Ecrit par Montygolikely     21-06-2018 23:17
On se demande pourquoi on tient tellement à changer le code du statut personnel, modèle dans son genre, qui a bien marché en Tunisie depuis l'indépendance.

Il s'agit plutôt d'y apporter quelques aménagements qui tiennent compte de l'évolution de la société tunisienne, et seulement de la société tunisienne dans son ensemble, dans ses moeurs, dans les esprits, avec ses spécificités, ses traditions et sa culture ainsi que dans les influences inéductables des médias externes et de la cyberculture mondiale.

Pas des "réfléxions" qui ne tiennent compte uniquement de ce qui se passe dans le Monde Occidental en matière de "libération des moeurs" ou de la "libération de la femme" en les copiant-collant dans ce rapport de "recommandations" ou en nous alignant à des "rappels à l'ordre" qui nous indique ce qui ne se passera jamais en matière d'évolution en cas d'application des recommandations des nostalgiques des sociétés théocratiques du Moyen Orient.
 
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