Tunisie : Les partis s’activent pour asseoir leur ancrage local le 06 Mai

Publié le Mardi 23 Janvier 2018 à 17:11
A moins de quatre mois des municipales du 06 Mai, les partis politiques s’activent à former leurs listes électorales,  dans l’espoir de rafler le maximum de sièges dans les futures conseils municipaux élus et d’asseoir ainsi un ancrage local, un terrain encore vierge qui reste à conquérir, à construire, et où il faut mettre de l’ordre.

Premières après la révolution, les élections locales constituent un maillon important pour la consolidation de la transition démocratique, et devront permettre de traduire dans les faits les dispositions du chapitre VII de la constitution, sur la gouvernance locale, la déconcentration et la décentralisation.

Ce mardi 23 janvier, l’Union civile, une coalition de 11 partis politiques, d’organisations de la société civile, et de personnalités indépendantes, a officiellement acté sa naissance, lors d’une conférence de presse. La nouvelle coalition affrontera le scrutin local sur des listes communes, et se présentera dans 48 circonscriptions électorales, soit dans l’ensemble des chefs-lieux des gouvernorats et dans les deuxièmes délégations les plus importantes.   

Les partis qui la composent s’engagent à faire de la municipalité un cadre pour l’exercice de la démocratie locale, et à déplacer la guerre contre la corruption au niveau local.

Al-Badil Ettounsi (alternative tunisienne), Afek Tounes, Machrou Tounes (Projet de Tunisie), al-Massar (la voie démocratique et sociale), Tounes awalen (La Tunisie d’abord), al-Joumhouri, (le parti républicain), al-Moustakbel (parti de l’avenir), al-Moubadara (Initiative), le parti de la rencontre démocratique et le parti du travail national démocratique s’engagent, dans la charte fondatrice de l’UC, à ce que la municipalité soit une locomotive locale pour le développement, et un outil efficient pour protéger l’environnement, la propreté et la rénovation des villes.

Ils promettent une forte présence des indépendants est des compétences locales sur leurs listes, et une ouverture sur les forces démocratiques. L'alliance civile s’assigne, de surcroît,  pour  objectif de sortir de la polarisation, entendez par là, de proposer aux électeurs une alternative autre qu’Ennahdha et Nidaa.

Les forces de la majorité parlementaire, dont le divorce a été récemment annoncé d’une manière unilatérale par le parti présidentiel, vont donc se concurrencer au scrutin du 06 Mai, comme ne cessent de le dire et le redire leurs dirigeants, en cette période de précampagne où la priorité se focalise sur la préparation des listes.

Ennahdha affirme à l’issue de la réunion de son bureau exécutif hier, lundi 22 janvier, que ses listes électorales sont en train d’être préparées au niveau local, régional et central, mettant en avant la compétence de ses candidats qui "participeront au développement des localités et à l’amélioration des conditions de vie de leurs citoyens", selon son propre programme électoral.

Le mouvement a appelé son bureau des élections et de gouvernance locale et centrale à poursuivre les efforts pour parachever la constitution des listes.

Idem pour Nidaa dont les réunions sont organisées au niveau local pour préparer les listes électorales. Le parti avait annoncé à l’issue de sa réunion du samedi 06 janvier, la formation d’un comité national pour superviser la préparation des listes électorales, et la désignation de 29 délégués pour la constitution desdites listes au niveau des différentes circonscriptions dont la plupart ne sont autres que des membres du gouvernement de Youssef Chahed. Cette imbrication entre missions partisanes et responsabilités nationales a suscité des  grincements de dents, et plusieurs voix ont critiqué la confusion Etat/ parti ; une pratique que l’on croyait révolue.

D’autres partis vont dévoiler leurs intentions dans la prochaine période sur la formule de leur participation aux prochaines municipales. Quoi qu’il en soit, vu le foisonnement des partis, la concurrence s’annonce rude. A qui sera le mieux à même de convaincre les électeurs de sa  capacité d'être à leur écoute et leur service pour régler des problèmes qui se sont accumulés au cours de ces dernières années de règne des délégations spéciales.

Les sondages placent jusque-là Nidaa et Ennahdha en tête des intentions de vote, mais les surprises restent possibles étant donné que contrairement à l’élection nationale qui met en avant l’aspect politique et partisan, celle locale repose sur la compétence et la technicité des candidats, et leur propension à transformer le vécu des localités et à améliorer la qualité de vie de leurs citoyens, en ayant des sensibilités pour les questions de l’environnement, de l’urbanisme…et en étant portés sur la démocratie participative.
Gnet