Tunisie : Les municipales reportées, pourtant il y a urgence !

Publié le Lundi 18 Septembre 2017 à 16:55
C’est désormais confirmé, les élections municipales n’auront pas lieu à la date initialement annoncée du 17 décembre 2017. L’instance supérieure indépendante des élections (ISIE) a constaté ce lundi 18 septembre l’impossibilité de mettre en application son calendrier électoral, pour des raisons procédurales, dues notamment à la non-parution du décret appelant les électeurs aux urnes, de celui fixant le nombre des sièges des conseils municipaux et d’autres décrets réglementaires devant être signés par son président, qui n’a pas été encore élu, son poste étant actuellement occupé par l’intérimaire, Anouar Belhassen.

Le scrutin local sera donc ajourné, pourtant, il y a urgence. Le pays a hâte à se doter de conseils municipaux élus à même de prendre à bras le corps des problèmes qui n’ont cessé de s’accumuler les sept dernières années, de mettre un terme à la dégradation généralisée de l’environnement, et de veiller sur la propreté et l’esthétique des villes, là où les délégations spéciales ont, hélas, failli, manque de moyens et de rigueur aidant.

L’ajournement des municipales est une déconvenue supplémentaire, pour un processus de transition démocratique, qui en a connu plusieurs. C’est aussi un mauvais signe, pour un pays qui se débat dans des difficultés de toutes sortes, et qui s’affiche au monde comme étant dans l’incapacité de respecter ses échéances électorales, et de tenir ses élections locales pour parachever et consolider son édifice démocratique. Cela aussi revient à faire peu de cas de la constitution, dont l’application du chapitre 07 sur la gouvernance locale serait en rade, tant que les Tunisiens ne sont pas appelés aux urnes pour choisir les représentants de leurs collectivités locales.

Ce n’est pas la première fois qu’une échéance électorale aussi décisive s’avère être dans l’impossibilité de se dérouler dans les délais réglementaires, officialisés au préalable. C’était le cas, pour les premières élections organisées dans le pays dans la foulée de la révolution, celles de l’Assemblée nationale constituante (ANC), qui étaient au départ décidées pour le 24 juillet 2011, et ont finalement été repoussées au 23 octobre de la même année, à la demande de l’instance électorale qui voulait un délai supplémentaire pour pouvoir organiser "un scrutin crédible, et transparent". Béji Caïd Essebsi, à l’époque Premier ministre du gouvernement de transition, avait annoncé ce report, invoquant la nécessité "de protéger la réputation de la révolution et de la Tunisie".

Sauf que les raisons de l’ajournement ne sont du tout les mêmes. Dans le cas d’espèce, l’instance électorale tient à la tenue des municipales le 17 décembre 2017, affirmant sa totale disposition à les organiser dans les meilleures conditions et à en assurer la réussite. Mais, ce sont les partis politiques qui en réclament le report, du fait que les conditions ne sont pas réunies, à leurs yeux, pour qu’elles puissent avoir lieu à la fin de l’année.  

Ce soir du lundi 18 septembre, l’instance électorale dévoilera, à l’issue d’une réunion avec les partis politiques, sa décision. Et là, il y a deux éventualités : la première est qu’une nouvelle échéance sera annoncée pour la tenue du scrutin, ce sera soit le 18 ou le 25 Mars 2018, étant donné que ces dates coïncident avec les vacances scolaires et universitaires. La seconde hypothèse, qui serait grave pour le pays, est que les élections soient reportées sine die.

Entretemps, le bureau de l’Assemblée a convoqué ce lundi à l’issue de sa réunion une séance plénière, le mercredi 20 septembre, pour pourvoir aux vacances au sein de l’ISIE, dans les deux postes de professeur universitaire et de juge administratif. La plénière organisée mardi dernier pour parachever la composition de l’instance n’a pas pu aboutir, pour absence de quorum.

Gnet
 

Commentaires 

 
-1 #1 Urgence !
Ecrit par A4     18-09-2017 17:50
L'urgence réside dans le fait qu'il faut abolir cette constitution débile de 2014. Elle est tellement débile et mal conçue qu'elle est incapable de fonctionner et se bloque d'elle même !
 
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