Tunisie : Les messages envoyés par le gouvernement Essid 2

Publié le Jeudi 07 Janvier 2016 à 19:08
Habib Essid. Le remaniement ministériel a livré ses secrets, hier mercredi 06 janvier, mettant fin aux spéculations et aux pronostics qui allaient jusqu’alors bon train. Les choses ont été faites en catimini, la nouvelle composition gouvernementale n’a rien à voir avec les informations et les noms fuités, et est intervenue au moment où les critiques commencent à s’exprimer sur le retard qu’elle a prise. 

Après moins d’une année de son investiture, le chef du gouvernement, Habib Essid, a procédé à un remaniement substantiel de son équipe, histoire de marquer le deuxième temps de son mandat. Le gouvernement Essid 2, n’est pas très différent de celui Essid 1, dans la mesure où il procède du même principe des quotas partisans, et maintient la même coalition des quatre partis : Nidaa Tounes, Ennahdha, Afek Tounes et l’Union patriotique libre (UPL), avec des personnalités réputées pour être indépendantes, mais qui auraient des appartenances non-déclarées avec telle formation politique, ou telle autre.

Le remaniement opéré hier, et annoncé dans un communiqué routinier de la présidence du gouvernement, est assez substantiel, ne serait-ce pour avoir touché trois ministères de souveraineté, ceux de la justice, de l’Intérieur, et des affaires étrangères qui changent de titulaires. La nomination d’Omar Mansour, un quinquagénaire, magistrat de profession, met fin à la vacance à la tête du  ministère de la Justice, dont le ministre de la Défense, Farhat Horchani (maintenu à son poste), assurait jusqu’alors l’intérim. Le ministère de l’Intérieur revient à Hédi Majdoub, un quadragénaire qui a fait carrière au sein du même ministère, et a gravi les échelons, jusqu’être promu hier à sa tête.

Khemaies Jhinaoui, un sexagénaire, diplomate de longue date, ayant occupé plusieurs postes sous l’ancien régime, dont celui controversé de chargé du bureau d’intérêt de la Tunisie à Tel-Aviv, passe de conseiller diplomatique auprès du président de la république à ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Essid 2.

Outre les ministères régaliens, le remaniement touche plusieurs autres portefeuilles dont celui des Affaires religieuses, après de nombreuses critiques adressées au ministre sortant. Le ministère de la Culture est confié à Sonia M’barek, elle-même issue du monde de la musique et de la chanson. Le ministère des Affaires sociales est confié à l’ancien ministre du Transport, Mahmoud Ben Romdhane. Le nouveau ministère de l’Energie et des Mines, résultat de la scission du ministère de l’Industrie, est attribué à Mongi Marzouk. Idem du ministère des Affaires locales, émanation du ministère de l’Intérieur, avec à sa tête, Youssef Chahed. Autre nouveau maroquin, celui de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la lutte contre la corruption, avec la nomination à sa tête de Kamel Ayadi. Et puis une nouveauté, voire une première la suppression pure et simple du poste de secrétaire d’Etat.

Bien qu’il s’inscrive dans la continuité, ce remaniement envoie un certain nombre de messages, comme celui de réduire l’effectif, et de supprimer la hiérarchie, pouvant être source de double-emploi et de blocage entre ministre et secrétaire d’Etat, en se passant carrément du deuxième poste et en créant deux ministères, chaque fois que le domaine d’activité l’exige. Essid a voulu montrer à travers un tel procédé un souci d’efficacité et d’accélération de la cadence de l’action gouvernementale.

Le deuxième message est celui d’introduire un changement au niveau des ministères, dont les domaines d’action correspondent aux priorités du gouvernement, s’agissant du volet sécuritaire et social notamment, tout aussi que la lutte contre la corruption. Les portefeuilles à vocation économique ont été en partie touchés, sans chambouler la répartition des postes, selon des considérations partisanes, pour maintenir inchangée la coalition en place. Il y a aussi une confirmation de la politique étrangère adoptée par le tandem Béji Caïd Essebsi/ Habib Essid avec la nomination de Khemaïs Jhinaoui, proche de l’occident notamment de l’Union européenne, où il a occupé plusieurs postes.

Ce remaniement envoie des signes qui confirment les politiques et les choix affichés, reste à savoir s’il va déboucher sur de réels changements, donner un coup d’accélérateur à l’action gouvernementale en cette année 2016 qui s’annonce difficile, et répondre, autant que faire se peut, aux attentes populaires. A ce stade, on ne peut augurer de rien, mais, le quinquennat dont le début est plutôt chancelant, entame ainsi son second temps.
H.J.

 

Commentaires 

 
+1 #1 veille et prospective...
Ecrit par Royaliste     08-01-2016 05:15
qui est ‎Najemeddine Hamrouni‬ le nouveau conseillé du chef de gouvernement?
 
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