Tunisie : Les institutions de l’Etat ne sont pas à vendre aux enchères

Publié le Lundi 22 Septembre 2014 à 12:14
Slim Riahi L’homme d’affaires Slim Riahi  a fait peu de cas, hier lors de sa sortie médiatique sur Ettounsya, des institutions de l’Etat et du peuple tunisien, digne et fier. Peut-être l’aurait-il fait de bonne foi et par ingénuité politique, mais ne s’improvise pas candidat à la présidentielle qui vaudra, même si l’on est la première fortune présumée de Tunisie.

Monsieur Riahi s’est affiché dimanche 22 septembre comme le candidat qui n’a pas besoin de l’argent de l’Etat, mais c’est l’Etat qui a besoin du sien. En cas de victoire, il aura à se prendre en charge totalement, pavoise-t-il. C'est-à-dire que pendant son éventuel règne, il y aura enchevêtrement entre le budget de la présidence, et sa propre fortune.

Slim Riahi a dit hier qu’il se passera de son salaire en tant que président, qu’il prendra en charge tous les frais liés au président de la République, dont les visites officielles, visites d’Etat et tout ce qui tourne autour. Il insiste que les frais du président ne sont pas négligeables et cela coûte beaucoup d’argent, histoire de dire que si l’on vote pour lui, l’Etat tunisien aura à faire des économies. Or, il oublie qu’un président de la République est un fonctionnaire de l’Etat, serviteur du peuple, garant de ses institutions, et du régime républicain…et qu’il soit riche ou pauvre, un président doit se garder, du moins sous la forme qu’il a présentée hier, de confondre argent privé et argent public. Le peuple souverain ne demande l’aumône à personne pour financer l’Etat, et ses symboles.

C’est indécent de faire de l’argent un argument de campagne, et de fausser la compétition d’emblée, dans le but de glaner des points sur ses adversaires. Il ne fait ainsi que conférer un aspect hideux à la campagne électorale, avec tous les soupçons d’argent sale qui gravitent autour.

Si l’on a envie de tendre la perche à ses compatriotes, et d’aider le pays à se relever, l’on ne fait pas dans l’ostentation et la vanité, et là, Monsieur Riahi a beaucoup à apprendre.

Sinon, l’homme d’affaires est revenu hier sur le rôle qu’il a joué pour rapprocher Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi, avant la fameuse rencontre de Paris. Il a dit  que les deux hommes étaient en totale rupture, et qu’ils n’avaient pas un gramme de confiance l’un en l’autre.

Ennahdha était totalement hostile à ce rapprochement, a-t-il dit, indiquant avoir rencontré  Rached Ghannouchi à deux reprises à son bureau, qui lui a arrangé "une réunion avec les faucons d’Ennahdha". Il a ajouté  que l’accord conclu entre les deux hommes prévoyait initialement que Béji Caïd Essebsi occupait la présidence à la place de Moncef Marzouki, chose qui n’a pas eu lieu. Selon ses dires, la  rencontre Ghannouchi/ Caïd Essebsi allait être organisée chez lui, mais a été reportée à deux reprises, et que le choix de Paris n’était pas planifié, mais cela est survenu naturellement.

Riahi n’a ménagé hier ni Ennadha, ni Nida Tounes. Il a indiqué que le mouvement de BCE n’a pas la popularité que lui prêtent les médias et les sondages, et qu’il est totalement absent dans certaines régions. "Ses dirigeants dont Taeib Baccouche disent de lui que c’est un parti jetable, qui ne sert qu’à les faire accéder au pouvoir," a-t-il ajouté en substance.  S’agissant d’Ennahdha, il a dit que le mouvement a échoué au pouvoir et qu’il se trouve aujourd’hui dans l’une de ses mauvaises postures.

Il a, par ailleurs, accusé Hamadi Jebali d’avoir  entravé son mégaprojet Maktaris, prévu à Siliana. Les fonds nécessaires au projet, plus de 600 milliards ont été débloqués et placés dans des comptes bancaires, mais le chef du gouvernement de l’époque s’y est opposé, invoquant une instrumentalisation politique de ce projet, a-t-il indiqué.

Ce faisant, Slim Riahi croit en ses chances, et prédit qu’il devancera Béji Caïd Essebsi aux élections, dont il dit, qu’elles réservent des surprises.

L’homme d’affaires qui dit avoir démarré de zéro, et amassé sa fortune du pétrole et de la promotion immobilière, a clairement versé dans le populisme faisant un clin d’œil à nos compatriotes les plus marginalisés, évoquant ses visites aux Cités Hellal et 05 décembre. C’est là où il cherche  à constituer son réservoir électoral pour transformer son rêve d’entrer à Carthage en réalité, sur fond d’un mélange contrenature : argent, pouvoir, football et médias.   
La Rédaction