Tunisie, les femmes battues brisent l’omerta

Publié le Dimanche 07 Mars 2010 à 17:10
Les femmes subissent les affres de la violence physique et psychologique.Les femmes tunisiennes paient le plus lourd tribut à la violence physique et psychologique dont le principal auteur est le mari. Des études récentes lèvent le voile sur un phénomène encore sous-évalué.

Sous-évaluée, peu étudiée, l’ampleur de la violence faite aux femmes en Tunisie gagnerait à être mieux connue à la faveur du projet tuniso-espagnol* "équité de genre et prévention de la violence à l’égard des femmes", dont l’objectif est de contribuer "à la prévention de la violence à l’égard des femmes et à la préparation des jeunes à une vie de couple plus respectueuse des droits de la personne humaine, de la dignité et de l’intégrité  de l’autre". Une série d’études menées dans le cadre de ce projet sont en cours de validation. Gnet en a glané les principaux résultats, à la veille du 8 mars, centième anniversaire de la journée internationale de la femme, placée cette année sous le thème "droits égaux, opportunités égales, progrès pour tous".

Le projet pilote  (2006-2008) initié dans le cadre de ce programme a touché dix gouvernorats du pays : Gabès, Médenine, Monastir, Bizerte, Kairouan, Tunis, Manouba, Ben Arous, Ariana et Jendouba. Selon son rapport d’évaluation en cours de validation, quelque 1078 femmes et filles victimes de violence ont été dépistées et orientées en 2008 vers les psychologues des services de la santé de la reproduction ou des espaces jeunes de l’ONFP dans les dix gouvernorats précités. Les cas de violence faite aux femmes sont variables selon les gouvernorats. C’est surtout à Kairouan et à l’Ariana où la demande de prise en charge émanant de femmes battues est la plus importante, c’est ce qui a motivé la création d’une cellule d’écoute au sein de la section de l’UNFT à Kairouan, et la consolidation de  la prise en charge médicale et psychologique à l’Ariana.

Entre  2006 et 2008, 725 femmes dont 455 mariées et 270 célibataires à Kairouan ont été prises en charge pour violence. Elles étaient 324 à Tunis, 355 à l’Ariana, 179 à Ben Arous, 167 à Médenine et 20 à Gabès à avoir été suivies suite à des violences physique, verbale, sexuelle, psychologique. Cette forme de violence qui vient de faire l’objet d’une loi en France avec l’institution en février dernier du "délit de violence psychologique", est banalisée, voire peu dénoncée en Tunisie. Même si les victimes commencent peu à peu à briser le mur de silence, rongées qu’elles sont,  par ces souffrances qui les affectent jusqu’aux tréfonds de leur âme. Mais qu’elle soit physique ou psychologique, la violence reste principalement le fait du mari qui fait voir à sa douce moitié des vertes et des  pas mûres.

altLes femmes mariées sont, en effet, les plus exposées à la violence conjugale ou à celle de la belle famille. Les femmes seules (divorcées ou veuves) et célibataires ne sont pas épargnées,  étant agressées par un père, frère, fiancé ou par  un étranger dans l’espace public ou le milieu professionnel. 11% des femmes désignent un collègue comme auteur de violence.  Ce sont essentiellement les femmes au foyer, sans profession, les étudiantes, voire celles qui sont dans une situation de dépendance économique et de précarité qui  sont aux prises avec le courroux et la brutalité machistes.

Selon une enquête  menée  à Douar Hicher (gouvernorat de la Manouba) sur un échantillon de 470 femmes au cours de la période allant d’avril à Juillet 2008, les types de violences physiques (coups, blessures…) et psychologiques (répression morale,  injures, rabaissement, harcèlement et  négligence) sont les plus fréquentes et probablement ont la plus grande prévalence : 44, 3% déclarent avoir subi au moins un type de violence  physique, et près de 44% ont été victimes de violence psychologique.

Les types de  violence sexuelle (harcèlement, abus, viol conjugal) et économiques (disposition de revenus personnels…) sont les moins fréquents, à raison respectivement de 22 % et de 21%.
La violence psychologique affecte 83% des femmes vivant en concubinage, 65% des femmes divorcées, et 44 % de femmes mariées. Mais qu’est-ce qui oblige un homme à en venir aux biceps pour corriger son épouse. Les causes principales sont les problèmes d’argent, la jalousie et les suspicions d’infidélité, les problèmes avec la famille de l’agresseur et l’éthylisme.

Une étude a été réalisée entre le 20 janvier 2007 et le 19 janvier 2008 au service d’accueil des urgences (SAU) de l’hôpital régional de Ben Arous, sur 194 consultants (hommes et femmes) victimes de violence au sein de la famille.  Il s’agit de consultants jeunes, à prédominance féminine avec un sexe ratio égal à un homme pour sept femmes. Avec 3 pour mille des motifs de consultation aux urgences, la violence familiale semble être marginale mais grave. Armes blanches, bâtons, béquilles, projectiles, chaises et chaussures sont les principaux objets utilisés dans les actes de violence, qui laissent souvent de graves séquelles psychologiques et physiques. Les traces de violence ont été essentiellement relevées au niveau des régions anatomiques de la moitié supérieure du corps, ou au niveau de la face.  

La violence conjugale et familiale a été longtemps confinée dans l’intimité inviolable des foyers. La honte et la peur des représailles empêchaient les victimes de dénoncer leurs agresseurs. La prise de conscience de la famille et de la société poussera la victime à rompre le mutisme. Encore faut-il qu’elle se sente soutenue et protégée. Pour les prestataires de santé interrogés dans le cadre de l’enquête de Douar Hicher, la violence est un phénomène de santé publique. Ils relèvent, néanmoins, la difficulté de prise en charge des femmes battues étant anxieuses, stressées et dépressives, et réclament une formation sur les techniques de prise en charge, précisément en matière d’écoute et d’orientation.
H.J.

*Ce projet s’inscrit dans le cadre de la coopération entre l’office national de la famille et de la population (ONFP) et le gouvernement espagnol représenté par l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID).


 

Commentaires 

 
#45 IMPUISSANCE
Ecrit par khammous     12-03-2010 15:07
Je me suis abstenu longtemps avant d'écrire sur les femmes battues car pour moi l'homme qui bat sa femme est sûrement impuissant .
ET CA CE N'EST PAS BEAU A DIRE.
De toutes façons ce n'est pas une tare c'est un handicap et ces personnes ont le droit d'être soignées.
RABBI IFARRAJ ALIHOMM
 
 
#44 @Dédé
Ecrit par Michael Jasckon     11-03-2010 18:41
Désolé.
J'ai oublié de titré mon commentaire.
@Ben Whirpool
 
 
#43 Forcément car nous avons le même Dieu
Ecrit par Dédé     11-03-2010 17:00
Forcément car nous avons le même et unisque Dieu !
Ton Dieu est différent ?
Décris-le nous !
 
 
#42 RE: Tunisie, les femmes battues brisent l’omerta
Ecrit par Michael Jasckon     11-03-2010 10:57
Est ce que vous etes serieux oubien ca vous amuse de nous foutre chkoumoune ?
Vous etes entrain de parler du meme Dieu dont parle Dédé j'imagine. N'est ce pas ?

La sagesse commence par ce que le bon dieu nous a appris de ses messages et de ses messagers. Ensuite vient la raison un autre don du dieu. Ce n'ai que la comprehension du pourquoi du contenue de ces messages et de ces lecons qui nous donne une idée sur la grandeur de Dieu et de sagesse. Ceci appronfondit son admiration ce qui rend plus motivant d'aprendre plus donc de l'admirer plus et ainsi de suite. D'abraham a Mois et ses 10 commendements et des autres prophetes nous sommes supposés avoir tiré des lecon mais il parait que ce n'ai pas le cas pour vous. Je me demande combien vous faudra il encore de messagers pour revenir au droit chemins ?
 
 
#41 @Dédé
Ecrit par Tounsi2     10-03-2010 23:00
Laisse tomber Dédé, je lui est déjà démontré ton cher W. mathématiquement parlant, qu'il est impossible pour un être humain de créer un livre de 500 pages pendant 23 années où toutes les lettres de l'alphabet utilisé sont multiples de 19, sans parler des Sourates(114) et des Eyettes qui sont aussi multiples de 19, et il a trouvé à redire! Malheureusement C un cas désespéré, Rabbi yehdih.
 
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