Tunisie : Les dessous des démissions au sein d’al-Joumhouri

Publié le Jeudi 11 Juillet 2013 à 13:55
Les démissionnaires d'al-Joumhouri privilégient la rupture au consensus. Le fait que le camp issu du PDP d’al-joumhouri incarné par Nejib Chebbi privilégie le consensus, vaut au parti de nombreuses défections, dont celle de son secrétaire exécutif Yassine Brahim. Les démissionnais semblent plutôt proches de la ligne de Nida Tounes, préférant la rupture au consensus…

Al-Jouhmouri connait une vague de défections. Plusieurs de ses membres issus du défunt Afek tounes, parti socio-libéral né après la révolution, ont emboîté le pas à Yassine Brahim, secrétaire exécutif d’al-Joumhouri qui a présenté sa démission le 06 juillet du parti, né en avril dernier d’une fusion entre des partis de centre-gauche et socio-libéraux, dont le PDP et Afek Tounes. Yassine Brahim a motivé sa démission par l’échec du processus de fusion, soulignant qu’il en assume une partie de la responsabilité.

Lors  de son annonce en janvier 2012, et de son officialisation en avril de la même année, la fusion ayant donné naissance à al-Joumhouri se donnait pour objectif de mettre fin à l’effritement de la famille centriste, et de constituer une force politique, fondée sur les valeurs démocratiques et progressistes, à même de préparer l’alternance au pouvoir.

La nouvelle formation prônait un projet politique, qui se voulait aux antipodes de celui d’Ennahdha. Sa démarche était celle d’un parti d’opposition, inscrit dans une ligne critique envers la coalition au pouvoir, plus précisément vis-à-vis du parti islamiste qui conduit la troïka. Mais, al-Joumhouri n’est pas resté longtemps tout seul dans ce positionnement politique. A peine son processus de formation enclenché, et qu’il commençait à affûter ses armes, constituer et organiser ses structures, et rassembler ses troupes, que l’ancien Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, fait une entrée tonitruante sur la scène politique avec son parti Nida Tounes, une concrétisation de son initiative annoncée en mars 2012 à Monastir.

Nida Tounes, lancé en juin 2012  au palais des congrès de Tunis, à qui l’on a reproché d’emblée de recycler l’appareil de l’ancien régime et du RCD dissous, a empiété  aussitôt sur les plates bandes d’al-Joumhouri, recrutant ses militants dans le même cœur de cible. La concurrence était palpable entre les deux formations, même si une différence réelle les distingue.  

Al-Joumhouri est une évolution de l’ancien PDP, parti démocratique progressiste, un parti militant qui s’est opposé farouchement au régime de Ben Ali. Son chef historique, Ahmed Nejib Chebbi, se prévaut d’un parcours militant honorable, c’est qu’il a été en première ligne de la résistance contre la répression et la dictature et de la défense des libertés et des droits de l’Homme. Cela vaut pour sa secrétaire Générale, Maya Jribi, une militante qui a marché sur les pas de son mentor.  

Nida Tounes est lui, un parti sans identité politique définie. Il n’est ni de gauche, ni de droite, et se dit ouvert à tous ceux qui partagent l’idéal du projet moderniste, progressiste. L’appel de la Tunisie compte des destouriens, rcédeistes, figures de la gauche, et autres. Il tire sa force de son premier leader, Béji Caïd Essebsi, un politicien charismatique, blanchi sous le harnais et qui a l’étoffe d’un homme d’Etat.

Al-Joumhouri a écarté au départ toute intention d’adhérer ou de fondre dans Nida Tounes, mais au fil des mois, il s’est résolu à un rapprochement qui s’est transformé en coalition de trois partis. L’Union pour la Tunisie formée au départ autour de trois partis Nida Tounes, alJoumhouri, et alMassar, a vu a posteriori le ralliement du parti socialiste, et du parti du travail patriotique et démocratique.  Née dans la perspective des échéances électorales à venir, l’Union pour la Tunisie a jusque-là résisté à plusieurs remous, que ses membres tentent toujours de minimiser, mais qui semblent refaire surface. La démission des anciens d’Afek Tounes dont Yassine Brahim en est l’illustration. Les démissionnaires semblent en effet plus proches de la ligne de Nida Tounes qui est en opposition frontale avec Ennahdha, on l’a vu dans sa position envers le projet de constitution, ou sa réaction au coup de force de l’armée en Egypte, que d'al-Joumhouri, notamment dans son camp issu de l’ancien PDP.

Les positions de Nejib Chebbi et de Maya Jribi sur le projet de constitution, même s’ils n’excluent pas des points litigieux qu’il faut aplanir, sont plutôt positives et modérées. Chose qui n’a pas eu l’heur de plaire à d’autres militants du parti, dont les démissionnaires.

Al-Joumhouri semble, par la voie du tandem  Nejib Chebbi/ Maya Jribi, vouloir privilégier dans cette étape cruciale que traverse la Tunisie le consensus en vue d’une gestion sans heurts de ce qui reste de la période transitoire. A l’instar de plusieurs autres forces politiques de l'opposition dont l’alliance démocratique,  il plaide pour le parachèvement de la constitution, et la fixation d’une date pour la tenue des élections. Dans sa réaction au 03 juillet en Egypte, Nejib Chebbi a mis en garde pouvoir et opposition contre l’instrumentalisation des événements en Egypte, et a affirmé, pour le paraphraser, que tout changement ne peut intervenir qu’à travers les urnes. "Les événements survenus dernièrement en Egypte obligent toutes les parties à assainir le climat politique et à instaurer un dialogue national sérieux", a-t-il déclaré hier lors de son entretien au palais de Carthage avec le président de la République. Une position qui tranche avec celle qui prône la dissolution de l’Assemblée nationale constituante et l’arrêt du processus transitoire enclenché au lendemain des élections du 23 octobre.

Un discours alarmiste qui appelle à sauver la Tunisie…De quoi ? De qui ?, sans présenter une réelle alternative, et qui, plus est, s’appuie sur une alliance objective entre les laïcs libéraux incarnés par Nida tounes et l’extrême gauche de Hamma Hammami.

Aujourd’hui, il y a deux positions qui s’affrontent : la première privilégie le consensus et plaide pour une tenue rapide des élections, et la deuxième prône la rupture, joue le pourrissement et ne semble pas enthousiaste à ce que le pays organise des élections dans des conditions sereines. Entre les deux, le choix est vite tranché.

H.J.


 

Commentaires 

 
+2 #2 RE: Tunisie : Les dessous des démissions au sein d’al-Joumhouri
Ecrit par citoyen     12-07-2013 17:19
HJ: votre article est tout sauf objectif ou neutre! en le lisant j'ai eu l'impression de lire EL FEJR!!!
Vous pouvez faire du leche bottes comme bon vous semble mais ne déformez pas la vérité qui est :20 mois aprés les élections, ni constitution, ni date de fin de la transition ne sont annoncés et ENNAHDHA fait tout pour détruire l'ETAT.
 
 
+7 #1 RE: Tunisie : Les dessous des démissions au sein d’al-Joumhouri
Ecrit par Hédi     11-07-2013 22:12
"a position envers le projet de constitution, ou sa réaction au coup de force de l’armée en Egypte,"

Je crois que vous faîtes erreur, vous vouliez probablement dire "la révolution populaire égyptienne et ses 33 millions de personnes descendues dans la rue".


"Un discours alarmiste qui appelle à sauver la Tunisie…De quoi ? De qui ?"

Peut-être du fascisme qui est aujourd'hui au pouvoir. De la crise qui ne cesse de s'aggraver. A croire que vous vivez en Suisse.

"sans présenter une réelle alternative, et qui, plus est, s’appuie sur une alliance objective entre les laïcs libéraux incarnés par Nida tounes et l’extrême gauche de Hamma Hammami."

C'est quoi votre problème avec cette alliance? On ne vous a pas vu dénoncer l'alliance entre l'extrême droite islamiste et ceux qui se sont présentés comme des laics de gauche aux élections (ben jaafer et marzouki).

"Aujourd’hui, il y a deux positions qui s’affrontent : la première privilégie le consensus et plaide pour une tenue rapide des élections, et la deuxième prône la rupture, joue le pourrissement et ne semble pas enthousiaste à ce que le pays organise des élections dans des conditions sereines. Entre les deux, le choix est vite tranché. "

Non: Aujourd'hui, deux positions s'affrontent: La première, fidèle à l'esprit de la révolution, sait bien qu'il ne faut pas attendre d'un gouvernement fasciste qui a du sang sur les mains organiser des élections libres et transparentes, et sait que le seul moyen de sortir la Tunisie de ce marasme et du danger obscurantiste qui la guette, est de faire tomber dans la rue par tous les moyens.
La seconde, ou bien naïve, ou bien complice, croit que le "dialogue" va mener à quelque chose. Cela fait un an qu'on assiste à des congrès de dialogue de toutes sortes, et que rien ne se passe.

En effet, entre les deux le choix est vite tranché. Entre la lutte et la collaboration, chacun aura fait son choix en accord avec sa conscience.
 
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