Tunisie : Les dernières augmentations, et la gestion dans l’urgence du gouvernement

Publié le Lundi 03 Juillet 2017 à 13:41
Le week-end dernier, le gouvernement a procédé à une augmentation partielle des hydrocarbures, ayant touché l’essence et le gasoil. Une décision prévisible pour compenser le manque à gagner consécutif à la perturbation, voire l’arrêt de production pour une longue période, des champs pétroliers à Tataouine et à Kébili, deux gouvernorats qui assurent, à eux seuls, 46 % de la production nationale de pétrole, dans la foulée des troubles sociaux.

Cette dernière majoration des prix du carburant est contraire à une disposition adoptée par le gouvernement il y a tout juste une année, juillet 2016, consistant en l’entrée en vigueur du système d’indexation, baisse ou hausse automatique des prix à la pompe, en fonction des variations des cours mondiaux du pétrole, a fortiori que ceux-ci connaissent, à ce jour, une certaine stabilisation. Le gouvernement y a eu recours, forcé, pour atténuer le déficit de la balance commerciale, auquel les hydrocarbures contribuent grandement.

Autre hausse qui prend effet à partir de ce lundi à minuit, est celle des cigarettes. Tant mieux, si cela va contribuer à réduire le tabagisme qui se répand, selon des proportions alarmantes, parmi la population. Même si cela n’en est pas, manifestement, le but. Ce que cherche le gouvernement est d’améliorer les ressources de l’Etat, et de réduire le gap entre ses recettes et ses dépenses, à l’origine du déséquilibre budgétaire abyssal.

Concomitamment à ces majorations, dont les incidences seront conséquentes sur le budget des ménages, Youssef Chahed a procédé à la signature des avenants des conventions collectives pour l’augmentation des salaires dans 21 secteurs d’activités soumis aux CC à hauteur de 6 %.

Déduction : Ce que l’Etat vous donne d’une main, il vous le reprend d’une autre.

Dès les premières années post-révolution, la Tunisie est entrée dans une spirale infernale, celle où majoration salariale, et renchérissement de la vie étaient dans une espèce de compétition, ce qui n’a fait qu’alimenter l’inflation et baisser le pouvoir d’achat. Qu’elles soient par l’Etat ou par le secteur privé, les majorations salariales étaient souvent accordées sous la contrainte, face à une conjoncture économique difficile, histoire de préserver la paix civile, et d’accéder aux injonctions de l’influente centrale syndicale.

Ces augmentations n’ont fait qu’alourdir, à chaque fois, les charges de l’Etat et de l’entreprise économique, sans pour autant rendre la vie plus facile au commun des Tunisiens, qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts, face à des prix qui caracolent, et que rien ne semble en freiner l’ascension.

A l’origine de la montée de l’inflation, et de l’inadéquation entre salaires et prix, notamment pour les classes démunie et moyenne, est le manque de production et de productivité, celles ayant reçu un sacré coup après la révolution, avec le recul de la valeur travail.

Le niveau du Tunisien ne pourra s’améliorer effectivement, qu’avec un SMIG indexé sur l’inflation ; chose qui passe impérativement par la réhabilitation de la valeur travail, la relance des investissements, et la reprise de la production, autant de facteurs qui rendront l’économie plus solide,  avec des déficits mieux maîtrisés, et une politique de l’Etat procédant d’une vision stratégique et pérenne, plutôt que d’une gestion dans l’urgence, avec cette proportion d’agir, en permanence, sur des déficits qui explosent.  
Gnet