Tunisie : Les bons offices de BCE, ou l’accalmie après la tempête ?

Publié le Mardi 10 Mars 2015 à 18:39
Béji Caïd Essebsi joue les bons offices au sein de Nida Tounes. Béji Caïd Essebsi saura-t-il mettre un terme à la crise aiguë qui secoue son mouvement d’origine. Même s’il n’a plus de rapport direct avec Nida Tounes, l’ayant quitté après son accession à Carthage pour être le président de tous les Tunisiens, le chef de l’Etat ne semble pas couper le lien ombilical avec les siens. Vivement sollicité pour mener une mission de bons offices et désamorcer la tension, BCE a répondu à l’appel, en intercédant en faveur du camp qui incarne les institutions, à travers l’entrevue qu’il a eue ce mardi avec le directeur exécutif du parti, Boujemaâ Rmili.

La mission du fondateur de Nida Tounes est d’autant plus délicate, que son fils, Hafedh Caïd Essebsi, sous le feu des critiques ces jours-ci, appartient au clan de ceux qu’on peut appeler les mécontents, les dissidents ou les frondeurs.  

A en croire Fadhel Mohamed Ben Omrane, les prémisses d’un apaisement sont là. Dans une déclaration ce mardi aux médias, le président du bloc parlementaire de Nida à l’ARP a indiqué que les désaccords au sein de son mouvement ont été circonscrits, et un accord a été trouvé pour élargir le comité constitutif, créer un bureau politique et organiser un congrès national dans les plus brefs délais.

Ben Omrane a assuré qu’il sera bien au sein du comité constitutif, ainsi que le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, et Hafedh Caïd Essebsi, après l’annonce faite samedi dernier par Lazhar Akremi, selon laquelle ces trois dirigeants allaient en être écartés.

Un pays en crise dirigé par un parti en crise !
Le mouvement de la majorité s’acheminerait-il vraiment vers une accalmie, après une tempête qui a failli et menace encore de faire voler en éclats cet alliage politique, constitué de quatre piliers : rcédeistes destouriens,  syndicalistes,  gauche et  indépendants ? Il est encore tôt de l’attester, d’autant plus que les braises ne sont pas éteintes.

La crise actuelle n’est pas visiblement un conflit de clans, mais une bataille pour le leadership, et le positionnement partisan et politique. Etant donné que dans ce camp, comme dans l’autre, des dirigeants de différents bords font cause commune. Un exemple illustratif, Khemaïs Ksila et Abdelaziz Kotti qui étaient isolés au départ, ayant été les seuls à exprimer publiquement une position hostile envers le gouvernement, et qui se sont abstenus au moment du vote de confiance au parlement, se trouvent actuellement en premières lignes du mouvement de fronde.

L’autre aspect de la crise, est qu’elle a fait éclater des scandales qui éclaboussent grandement le parti et ses dirigeants. Les deux parties en conflit n’y sont pas allées de main morte. Les passe d’armes se succédaient depuis dimanche, les accusations échangées sont virulentes et extrêmement graves, dépassant les limités du parti pour attenter au pays, sa souveraineté et l’indépendance de sa décision. Avec ces soupçons d’ingérence étrangère, du pouvoir de l’argent et des médias dans la gestion interne d’un parti, qui veille aux destinées du pays.

C’est là où le bât blesse. Nida Tounes est un parti au pouvoir, si la crise en son sein ne connait pas un dénouement rapide, elle retentirait indubitablement sur les institutions. Tout d’abord le parlement, où le bloc de la majorité risque de se fissurer, ce qui entraînera un chamboulement au sein de l’Assemblée, et réveillera les désaccords surgis au moment du choix du chef du gouvernement, et la formation de son équipe. Le gouvernement dont le chef a été désigné par Nida, et qui, plus est, comprend plusieurs ministres du mouvement, risque aussi d’être secoué. La présidence ne sera pas en reste, et son image sera forcément écornée, notamment aux yeux de ceux qui ont massivement voté pour Nida aux législatives et présidentielles.

La Tunisie est en crise, et si, en sus, elle est dirigée par un parti en crise, on sera vraiment mal barré.
H.J.


 

Commentaires 

 
#2 Réflexions
Ecrit par Léon     12-03-2015 17:55
On ne peut pas construire une Nation digne de ce nom ou une société pérenne seulement par opposition à l'autre.
L'opposition à autre chose, regroupe dans un premier temps, puis implose naturellement car les dissensions sont découvertes plus tard et non pendant l'étape décisive de construction.
Nida s'est construite par opposition à Ennahdha. Un regroupement contre nature qui avait deux objectifs contradictoires dont l'un d'eux est même contradictoire à sa propre essence et donc voué à l'échec.
L'un des objectifs de la création de ce parti est le fait de faire aboutir et réussir la révolution bouazizienne (pas la peine de vous rappeler ce que j'en pense). Le problème c'est que pour faire aboutir une révolution, les fondateurs de ce parti se sont basés sur l'ancien parti destourien. Donc pour faite réussir leur révolution, les révolutionnaires se sont basés sur l'un de leur pires ennemis, que ce soit sous sa version PSD ou RCD.
Pourquoi? Je ne comprendrai jamais ce peuple. Un peu comme dirait le proverbe tunisien "lé n7ibbik, lé nosbor 3lik".
D'ailleurs ma première réflexion après la formation du dernier Gvnt était de dire que les tunisiens, après quatre années de gestation, ont choisi un Gvnt de RASSEMBLEMENT basé sur l'ancien parti destourien, issu de la constitution, donc CONSTITUTIONNEL, elle même issue d'un vote DÉMOCRATIQUE.
Bref, le tunisien a inventé au bout de quatre années de gestation le RASSEMBLEMENT CONSTITUTIONNEL DÉMOCRATIQUE, le RCD, tout cela dans un esprit de regroupement pour éviter toute confrontation, se conchiant au passage, dans un élan de démocratie, sur l'une des composantes les plus importantes de la politique tunisienne. Par conséquent le peuple tunisien a enfanté d'un RCD dans une version encore plus "PARTI UNIQUE" qu'il ne l'était du temps de Ben Ali.
Je ne comprendrai jamais mes compatriotes: Ils veulent d'une démocratie ou pas?
Belle gestation et beau résultat, qui prouve encore une fois, une thèse que j'ai toujours appuyée: Les peuples ont les systèmes qu'ils veulent tout en croyant que ces derniers leur sont imposés.
Nida s'est surtout construit par opposition à Ennahdha. Or, il est connu qu'une politique "contre" ne réussit jamais. Elle est souvent qualifiée à juste titre de "politique du pire". Il va de soi que lorsque toute la société anti nahdhaoui s'allie contre ennahdha elle finit par avoir gain de cause dans un premier temps. En effet la démocratie se joue plutôt à trois qu'à deux. Le rôle d'arbitre entre deux doit toujours être assuré par un tiers parti. C'est le jeu de la démocratie. Le tunisien le refuse. "Tous contre Ennahdha" fera plus tard de Ennahdha un parti "contre tous ses opposants" et certainement un vainqueur écrasant. C'est même une fatalité puisque les alliés anti nahdhaouis représentent un spectre tellement large qu'il va de l'infra-rouge jusqu'à l'ultra-violet (n'est-ce pas?), et qu'ils finiront par se taper dessus dès que la victoire contre ennahdha est acquise.
C'est exactement pour ces raisons que j'avais compris que la révolution était vouée à l'échec dès le départ. Je m'étais dis dans un songe: "si chacun des manifestants du 14 janvier demandait à son voisin ce qui le motivait, tous décideraient à laisser Ben Ali tranquille au pouvoir". Mais leur haine viscérale contre un Homme qui a fait de leur pays la Nation arabe la plus respectée dans le monde a fini par leur faire choisir la politique du "contre". Politique vouée à l'échec comme je vous l'ai défendu plus haut.
Léon.
VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.
 
 
#1 Constitution au rabais
Ecrit par Royaliste     11-03-2015 17:19
avant d'adopter la nouvelle constitution il fallait regarder les inconvénients de ce modèle, il fallait regarder l'Italie, la Belgique et israel...

d'autres surprises sont a venir...
 
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