Tunisie : Les arguments pour et contre le gouvernement Chahed !

Publié le Mercredi 16 Mai 2018 à 13:15
Youssef Chahed Le gouvernement défend son bilan, et fait valoir une embellie économique qui n’est pas arrivée, avance-t-il, depuis 2014, à la faveur d’un rebond du taux de croissance de 2,5 % au premier trimestre de 2018, par rapport au 1er trimestre de 2017, et une croissance du PIB les trois premiers mois de l’année de 1 %, en comparaison avec  le dernier trimestre 2017.

Ces chiffres confirmés dans la foulée, hier mardi 15 Mai, par l’INS, traduisent un changement de la structure de la croissance, qui est tirée par la production, et non par la consommation, comme c’était le cas depuis 2011, a soutenu le ministre de l’Investissement, Zied Ladhari, argumentant ses propos par les performances enregistrées par différentes activités économiques notamment les industries manufacturières, le secteur agricole, les services, etc.

La révélation de ces chiffres en ce moment précis sonne comme un plaidoyer du gouvernement, mettant en avant des résultats concrets et positifs de son action, et la capacité qui était la sienne, d’inverser la tendance vers une vraie relance économique, à l’heure où il est de plus en plus contesté, et où de nombreuses voix s’élèvent pour en pointer l’échec.

Le gouvernement Chahed serait en train de jouer sa dernière carte, alors que son sort est sur le point d’être scellé. 

Les partis et organisations nationales signataires de l’accord de Carthage devront se réunir en fin de semaine autour du président de la république pour décider d’un éventuel remaniement ministériel, de sa nature et son ampleur.

Ils devront statuer là-dessus aussitôt ils auront sous les yeux la mouture définitive du document Carthage II,  fixant les priorités stratégiques de l’étape à venir, qui est en train d’être affiné par le comité des experts.

A ce stade, la possibilité d’un remaniement reste forte, a fortiori, face à l’appel obstiné de l’organisation syndicale d’injecter du sang neuf dans les veines du gouvernement. L’inconnu tient néanmoins à la portée d'un tel remaniement : partiel, ou large, et s’il va toucher ou non, la primature.

A l’issue de la réunion de lundi dernier, le flou artistique était de mise, aucune partie n’a vraiment exprimé un soutien fort pour le gouvernement, ou n’en a prôné le maintien. Les opinions exprimées versaient toutes dans la même direction : Les personnes importent peu, l’essentiel est de s’accorder et d’entériner le programme susceptible de sortir le pays de l’ornière.

Dans ses délibérations de fin de semaine, l’assemblée de Carthage devra voir s’exprimer des arguments pro et anti-gouvernement. Le fait que les municipales se soient tenues sans trop de dégâts, nonobstant les irrégularités les ayant entachées sans en impacter la crédibilité, est un bon point pour ce gouvernement qui dit avoir mobilisé des moyens colossaux afin que ce rendez-vous électoral soit mené à bien. Le deuxième argument favorable correspond à cette amélioration des indicateurs économiques, qui quoique relative, traduit les premiers frémissements d’une relance économique dont le pays a vitalement besoin.

Quant aux facteurs qui mettent l’équipe actuelle en difficulté et lui valent critiques et diatribes, ils ont trait à sa discorde avec l’organisation syndicale notamment sur la réforme des entreprises publiques, et surtout à la dégradation des indicateurs macroéconomiques illustrée par l’explosion du taux d’endettement, la hausse persistante de l’inflation, la chute des réserves en devises, la dépréciation du dinar, etc.

Au regard de cela, le gouvernement dit d’union nationale devra être remanié en profondeur, avec le départ quasi-inéluctable de certains ministres qui ne se seraient pas acquittés de leur mission comme il se devait, pour employer un euphémisme, chose qui suscite le courroux de l’organisation syndicale. Sauf coup de théâtre, Youssef Chahed devra préserver son poste, avec l’entrée de nouvelles personnalités indépendantes, et, selon toute vraisemblance, nahdhaouies, en respect de l’issue des urnes.

On aura ainsi opéré un changement dans la continuité, et préservé la stabilité, un élément primordial pour la Tunisie, qui a connu sept chefs du gouvernement depuis la révolution.

Gnet