Tunisie : Les anti-Habib Essid au sein de Nidaâ donnent de la voix

Publié le Mercredi 07 Octobre 2015 à 18:00
Réunion de la coordination de Nidaâ à Jendouba. Si Nidaâ Tounes éternue, la vie politique nationale tremble. Et pour preuve les tensions au sein du parti de la majorité sont en train de déteindre sur la coalition gouvernementale dirigée par Habib Essid. "L’homme qui court sans connaître sa ligne d’arrivée", "celui qui a les mains tremblantes quant à combattre la corruption", "celui qui tourne le dos au programme électoral de majorité"…Ce chapelet de critiques émane de dirigeants nidaouis, de la mouvance gauchisante, mécontents de la prestation du chef du gouvernement. S’ils l’avaient longtemps exprimé mezza voce, ils le crient désormais sur les toits, sur fond de la discorde qui secoue le mouvement, à l’approche de son congrès fondateur, dont la date n’est pas encore arrêtée, et la tenue reste hypothétique.

Le bilan du gouvernement n’est pas fameux, et sa vitesse de croisière, sept mois après son investiture, n’est pas encore atteinte. Même si les partis le composant disent en assumer la responsabilité, ils le soulignent d’une manière timorée, et aucun d’entre eux ne le défend avec force et énergie.

Le peut mieux fait du gouvernement tient à plusieurs facteurs, dont deux principaux : le premier est le caractère difficile et critique de la conjoncture, et le second est lié à la complexité de faire fonctionner un gouvernement de coalition. Le locataire de la Kasbah reconnait lui-même des problèmes au sein de la coalition, que les réunions régulières de coordination et de concertation tentent d’aplanir, dit-il.

Malgré toutes ses tares et ses insuffisances, le gouvernement a réussi à désamorcer un tant soit peu les tiraillements et les querelles politiques, à travers une alliance large, intégrant les deux principales forces politiques, Ennahdha et Nidaa. Un apaisement nécessaire au regard de l’état du pays.

La démarche consensuelle ayant présidé à sa formation était, en revanche, d’emblée largement rejetée au sein Nidaa ; on se souvient de la crise ayant secoué le mouvement de la majorité lors des tractations menées par Habib Essid pour choisir les membres de son cabinet. Nombreux étaient les dirigeants qui s’opposaient farouchement à l’entrée d'Ennahdha au gouvernement.

Ces jours-ci, on a comme l’impression que ces voix jusque-là mises en sourdine, s’élèvent de nouveau pour exprimer leur rejet de cette coalition qui serait, à leurs yeux, source de blocage, et génératrice de statu quo.  Dans l’angle d’attaque des frondeurs, se trouve la personne d’Habib Essid lui-même qui ne donne pas, à leurs yeux, des résultats probants, et fait peu de cas du programme et des promesses électorales de Nidaa Tounes. 

Ce mouvement de fronde durera aussi longtemps que se poursuivent les rivalités pour influencer le vote des militants. Les mécontents vont continuer à vociférer tout au long de cette période préparatoire du congrès en quête d’un nouveau positionnement, qui leur garantira une place au soleil. Les ambitions des Marzouk, Akremi, Bel  Hedj Ali et bien d’autres, d’occuper les premières positions au sein de leur mouvement et d’atteindre les cimes du pouvoir semblent être sans limites, leur carburant dans cette compétition vers la gloire, est leur capacité d'hurler encore plus fort leur peine que les promesses faites à leurs électeurs soient ainsi trahies.

Le président d’honneur de Nidaa Tounes, parviendra-t-il à mettre un terme à ce manège, et à calmer les ardeurs tant des mécontents, que de son fils, Hafedh Caïd Essebsi, engagé dans cette bataille rangée, et de les réunir autour d’un objectif commun. Sa mission ne serait pas de tout repos, entretemps, c’est Habib Essid qui risque d’avaler encore plus des couleuvres, en étant tenu pour responsable de l’échec supposé ou réel du gouvernement.

Mais sauf coup de théâtre, son remplacement semble être inenvisageable à la toute prochaine période, il le sera peut-être au lendemain du congrès attendu de Nidaa, à plus forte raison, si le camp de ses détracteurs venait à sortir vainqueur des urnes. 

H.J.