Tunisie, "les 20 fermes cédées à Ben Ali et ses proches récupérées"

Publié le Mardi 07 Juin 2011 à 11:00
Mokhtar Jellali, ministre de l'Agriculture et de l'Environnement. "Le Lundi économique", une émission de Radio Kalima et de Gnet, a été consacrée hier à la campagne céréalière et la saison des moissons.  Ont participé au débat, Mokhtar Jellali, ministre de l’Agriculture et de l’Environnement, Mongi Mkadem, économiste et Omar Mestiri de Radio Kalima. Ecoutez :



Le ministre de l’Agriculture et de l’Environnement prévoit une bonne récolte cette année, estimée à 20 millions quintaux, grâce à une bonne pluviométrie, à l’inverse de la saison dernière où le déficit pluviométrique a été fort préjudiciable pour la production, ayant dépassé à peine les 10 millions de quintaux.

Cette bonne moisson est toutefois en danger, des agriculteurs ont reçu des menaces d’incendie de leur production. Mokthar Jellali le reconnait et dit être au fait des lettes de menaces envoyées aux agriculteurs. Il espère néanmoins que ce ne sera pas des menaces sérieuses ; "aucun Tunisien qui se respecte et qui a un minimum de patriotisme et d’humanisme, ne peut brûler les céréales, qui constituent sa nourriture et celle du peuple tunisien". Le ministre dit que des mesures préventives ont été prises, et qu’hormis deux petits incendies involontaires, aucun acte criminel de ce type n’a été enregistré.

Concernant les dernières pluies qui peuvent endommager la production, le ministre explique que "la moisson nécessite un niveau d’humidité bien déterminé, et si ce niveau n’est pas atteint, l’épi de céréale peut-être touché par des maladies. C’est ce qui a incité les agriculteurs à reporter  la moisson".

La récolte céréalière sera bonne, mes des dangers la guettent.Par ailleurs, la capacité de stockage disponible est de 12 million de quintaux. Comme il est d’usage, "c’est la moitié de la production qui est stockée". Reste que la Tunisie est loin d’atteindre l’autosuffisance en matière de céréales, la production quelque abondante soit-elle ne permet pas de nourrir toutes les bouches, notamment en matière d’orge et de farine, le recours à l’importation est par conséquent systématique. "Cette année, avec une bonne récolte, la part de l’importation va néanmoins baisser, ce qui nous fera gagner 400 millions de dinars de devises", indique-t-il. 

Mokhtar Jellali qui annonce que l’Etat étudie la possibilité d’augmenter le prix des céréales cette année, n’écarte pas que les agriculteurs écoulent, d’une manière illégale, leur production sur le marché algérien, à la recherche de prix de vente plus attractifs. "Il y a eu toujours des échanges illégaux entre la Tunisie et l’Algérie, et la Tunisie et la Libye, ceci est d’autant plus vrai lors de la période actuelle, où les frontières ne sont plus étanches", souligne-t-il affirmant que "l’Etat est en mesure de payer les agriculteurs qui choisissent de vendre leur production à l’office des céréales".

S’agissant de la crise que vit l’office des céréales, et ses incidences sur les préparatifs de la saison des moissons, le ministre laisse entendre que "la crise n’a en rien perturbé la préparation des moissons. Cette crise a surgi lorsque le PDG a été remplacé. Certains employés  chargés des Silos du Grand Tunis, Radés et Bir al-Kassaa, on fait grève"..."Personnellement, je ne suis pas partisan de la théorie du complot, mais j’ignore les raisons ayant conduit à ce sit-in sur le lieu de travail. Notre crainte lors de ce mouvement de protestation était qu’on n’arrive pas à assurer le ravitaillement des minoteries, mais cette difficulté a été surmontée, sinon on aurait dit que le gouvernement provisoire n’a même pas réussi à assurer le pain au peuple".

Le PDG de l'office des céréales jette l'éponge
Le PDG de l’office des céréales accepté par les uns et contesté par les autres a fini par présenter sa démission hier (lundi), fait savoir le ministre. "Il a reçu des menaces le visant en personne, ainsi que sa famille, je ne peux pas assumer la responsabilité de ces menaces". Et d'ajouter : "Nous allons nommer un administrateur délégué pour expédier les affaires courantes, en attendant que le ministère nomme un nouveau PDG".

Pour améliorer le rendement du secteur agricole, le gouvernement actuel n’a pas vocation à prendre des décisions stratégiques, explique en substance le ministre. Mais, des études ont été lancées dans une perspective d’augmenter les superficies céréalières  irriguées, et d’améliorer le rendement des céréales, et des semences. Le ministre en convient : "l’agriculture est un métier pénible, et son rendement est faible. Je suis d’une région agricole, et plusieurs membres de ma famille sont des agricultures ; tous font ce constat". Il déplore l’absence d’accompagnement des agriculteurs, la faiblesse du taux d’encadrement, le morcellement des terres agricoles, et l’endettement du secteur, autant de difficultés qu’il faut régler, citant l’exemple du Crédit agricole français qui est proche des agriculteurs, et implanté dans toutes les zones agricoles, ce qui n’est pas le cas de la BNA.

Pour Monkhtar Jellali, l’agriculture doit être un secteur stratégique, ce qui nous permettra d’atteindre notre autosuffisance notamment en matière de céréales, qui constituent le pain quotidien du citoyen.

Quid des terres domaniales ? S’interroge Omar Mestiri. "Les fermes cédées à Ben Ali, ses proches, ses gendres et ses cercles les plus proches sont au nombre de 20, sur 300 fermes cédées aux sociétés de mise en valeur et de développement agricole. Elles ont été toutes restituées, et seront confiées bientôt à des comités de gestion, le temps que leur situation soit régularisée ", conclut le ministre.

H.J.


 

Commentaires 

 
#4 le developpement de notre agriculture...role de qui?
Ecrit par AHMED     22-06-2011 12:01
Ni BNA, ni agriculteurs, ni gouvernoment , chacun seul ne peut attribué au developpement ne notre agriculture. c'est l'implication et la mobilisation des tous les acteurs. c'est par la mise en place des instruments de conduite efficaces et dynamiques , bien sur aprés étude et planification.
 
 
#3 Mauvais gout de la BNA
Ecrit par Alfalfa     07-06-2011 20:02
Moi, je retiens une très mauvaise idée de la BNA, car un jour je passais par là, et un vieillard, clairement fatigué, perdu, et désespéré, un agriculteur sans doute, est venu me demander ou se trouvait le BNA le plus proche, j'ai dit voilà, c'est là, il m'a dit qu'ils lui ont dit d'aller vers une autre branche, a coté, mais ou? Sans doute un fonctionnaire sans scrupule qui ne voulait pas s'embeter, comme il y en a tant et partout en Tunisie d'ailleurs. J'èspère que tous les services publics instaureront un système de controle qualité du service à la clientèle, Dieu sait combien de sueur est ecoulée à cause de ces serviteurs publics qui ne veulent pas faire leur travail! Puisse le Bon Dieu punir chacun pour chaque goutte de sueur ecoulée à cause de leur manque de conscience.
 
 
#2 le quid desterresdomaniales
Ecrit par attributaire     07-06-2011 17:28
messieurs les ministres de l'agriculture et des domaines de l’état;depuis la parution de la loi n°95-21, le chapitre III et ses différents articles sont laissés en attente.
Plusieurs techniciens attributaires
de lots domaniaux et démissionnaires de leur emploi sont en attente d'une régularisation de leur situation foncière.
Avant le 14/01/2011,la réponse était:qui vous dérange?Après le 14/01/011,la réponse est :vous arrivez après 20ans !
Messieurs les ministres ,des décisions responsables sont nécessaires .
 
 
#1 Aide-toi et le ciel t’aidera
Ecrit par Sami Boussoffara     07-06-2011 12:49
La BNA n'est sans doute pas irréprochable et sa gestion comporte de nombreuses faiblesses mais lui attribuer une importante part des difficultés du secteur est injuste. Un petit peu comme M. JELLALI, je suis issu d'un milieu d'agriculteurs, mon père en est un et je sais que les agriculteurs, pas tous évidemment, sont de piètres gestionnaires et surtout, de mauvais payeurs. Si l’agriculture de ce pays tarde à décoller c’est d’abord à cause des agriculteurs. Le même raisonnement vaut pour les difficultés de l’université qui sont essentiellement liées aux lacunes des enseignants ou celles de la santé publique dont il faut chercher la cause dans les carences du corps médical. Au vu de son parcours militant, radio KALIMA me semble être un espace d’expression crédible et respectable. J’espère qu’elle ne choisira pas de s’inscrire dans une logique populiste qui dédouane les citoyens et accable les gouvernants. Aujourd’hui plus que jamais, il convient de responsabiliser les acteurs et non pas de leur inculquer une culture victimaire, une culture dangereuse car inhibitrice.
 
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