Tunisie : L’enseignement public en péril, la relève hypothéquée !

Publié le Mardi 17 Avril 2018 à 17:00
Des centaines de milliers d’élèves et de collégiens n’ont pu avoir cours ce mardi 17 avril  à travers les différentes régions du pays. C’est n’est pas du fait de vacances, ou d’un empêchement dû à un cas de force majeure, mais c’est suite à une décision de la fédération générale de l’enseignement secondaire relevant de l’UGTT de suspendre les cours, en signe de protestation contre des revendications syndicales, purement matérielles, non-satisfaites.

Le bras de fer qui se poursuit pendant de longues semaines entre le syndicat et le ministère de l’Education a atteint aujourd’hui son point culminant, en privant les masses scolaires de leur droit le plus élémentaire, celui d’apprendre, et  d’acquérir les connaissances. Le  préjudice subi par les jeunes élèves est considérable, et de différents ordres.

Sur le plan pédagogique, le processus d’acquisition du savoir est mis à mal, et ces jours perdus seront difficilement rattrapables, alors que l’année scolaire tire  à sa fin.

Sur le plan psychique, cet arrêt intempestif des cours perturbe grandement les élèves, et accentue leur anxiété et leur appréhension quant à l’aboutissement de l'année scolaire, qui risque de se terminer en queue de poisson. L’inquiétude est d’autant plus grande pour les candidats aux examens nationaux de la 9ème année et du baccalauréat, pour qui cette période de l’année est décisive pour parachever les programmes, et accélérer la cadence de la révision, histoire de se tenir prêts aux épreuves.

Sur le plan familial, cette mise en congé forcée constitue un vrai chamboulement, toute la famille s’en ressent, en prime les parents, extrêmement préoccupés par la scolarité de leurs enfants et leur avenir dans les collèges et les lycées publics, théâtre ces dernières années de débrayages et de mouvements contestataires à répétition. 

Le syndicat lui se félicite du succès de cette action, suivie, selon ses dires, par 97.6 % d’enseignants sur le plan national.

La fédération générale de l’enseignement secondaire évoque "une réussite sans précédent", et salue "la rare fibre militante des enseignants". Elle impute ce mouvement à l’obstination du gouvernement et du ministère de l’Education à s’asseoir à la table "des négociations responsables et sérieuses, seul moyen de parvenir à un accord permettant d’améliorer la situation financière des enseignants, de préserver leur  dignité, et de protéger le dispositif éducatif public".

Prélèvements sur salaires

Le ministère de l’Education pointe, lui, "une escalade injustifiée de la fédération ayant commencé par la retenue des notes jusqu’à arriver à la suspension des cours", annonçant son intention de procéder à des prélèvements sur salaires pour les journées non travaillées. 

Le département évoque "un précédent qui touche les fondements du système éducatif, et suscite l’inquiétude chez les élèves et les parents sur l’aboutissement de l’actuelle année scolaire, en les menaçant d’une année blanche, et met à mal les concertations sérieuses visant à préparer une plateforme positive à la négociation, sur la base de l’amélioration des conditions matérielles et professionnelles des enseignants". 

Le ministère se veut rassurant, en promettant "de n’épargner aucun effort pour prendre les mesures à même de faire réussir l’année scolaire, et les examens nationaux", mais cela ne contribue en rien à atténuer la vive inquiétude des élèves, des parents et de la société entière sur ce qu’il en est advenu de l’enseignement public.

Déjà, que l’avenir des générations futures est hypothéqué à plus d’un titre, dans la mesure où elles auront à hériter d’un pays éreinté, avec toutes les difficultés qui se compliquent d’année en année, et qui finiront par leur être léguées. Si de surcroît, on les prive de suivre un parcours scolaire stable, au cours duquel, ils auront la possibilité de cumuler les connaissances, et de gravir les échelons du savoir, on les aura désavantagé deux fois, et mettre en danger l’avenir du pays.

Ces collégiens et lycéens sont les responsables de demain qui auront à assurer la relève. S’ils ne sont pas bien instruits, et bien outillés intellectuellement, ils ne sauront développer des aptitudes et compétences, et répondre, le moment venu, à l’appel du devoir.
Gnet

 

Commentaires 

 
-3 #2 RE: Tunisie : L’enseignement public en péril, la relève hypothéquée !
Ecrit par Sherlock Homs     19-04-2018 18:08
Si on veut saper la jeunesse, ça veut vouloir dire que l'on veut peu à peu saper l'avenir du pays et que cette grève relève peut être plus d'une opération de désinformation relevant du pur espionnage que de simples revendications syndicales...
Après les blocages de Gafsa, qui ont fini en queue de poisson, la grève des taxis qui n'interesse plus personne, la soi-disant "grève sauvage" de la S.T.A.M. du port de Radès ou celle on ne peut pas plus ridicule de la S.C.F.T. pour l'arrestation d'un conducteur de train suite à un accident mortel, et après cette grève des enseignants dont les revenus des "leçons particulières" ne sont certainement pas prises en compte dans leur revendications, on peu commencer à se demander pour qui roule Taboubi...
 
 
-2 #1 مهزلة
Ecrit par Sportif     18-04-2018 14:22
...مهزلة الحرية المغلوطة
 
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